No 864 septembre 2019 - La Revue nationale de la chasse 127
Rustique et rapide, tempérament bien trempé et sagesse de
grand chien, ce beau chien d’arrêt n’a rien perdu de ses mérites
forgés dans les landes écossaises. Texte et photos Claude Rossignol
“setter Gordon Kent” qui remporta
le Grand Prix d’Honneur.
La race était utilisée par Napoléon III,
amateurs et connaisseur de grands
chiens britanniques. De même le
premier setter apparu en Italie fut
un Gordon offert par un Français au
futur roi Victor Emmanuel II, qui créa
son propre élevage de la race dans
sa propriété de San Rossore, en Tos-
cane. Lors de l’ouverture en 1885 du
Livre des origines français (LOF), un
setter Gordon, nommé Wind, y fut
enregistré et parmi les mille premiers
sujets inscrits au LOF, 238 furent éga-
lement des setters Gordon, soit près
d’un chien sur quatre.
Notre terre de champions
La création en 1905 d’un club pour
patronner la race en France, lui a
permis ensuite de prendre un bel
essor. Les produits de Paul Caillard,
du Loiret, acquirent rapidement une
renommée internationale. En grand
connaisseur, il décrivit les carac-
S
on nom originel, Gordon Set-
ter, situe assez précisément
les racines de ce chien d’arrêt
écossais. Le succès de sa sé-
lection est l’œuvre d’Alexan-
der Gordon, quatrième duc
de Gordon, grand amateur de chasse à la
grouse, chevalier du Chardon et pair de
Grande Bretagne, dont elle porte le nom
depuis 1873. D’abord connu comme “Gor-
don castel setter” ou “black and tan setter”,
de nombreux éleveurs se sont intéressés à
ce grand chien noir et feu, qui se distin-
guait par son habileté à trouver le gibier,
son endurance et sa fermeté à l’arrêt. Dès
1891, Tomson Grey dresse dans Dogs of
Scotland une liste des fervents éleveurs
et utilisateurs de cette variété de setters.
Dès les débuts de la cynophilie, les grands
setters de couleur noir et feu occupent le
dessus du panier aussi bien lors des expo-
sitions, notamment à la première du genre
à Newcastle en 1859, qu’en field-trials,
comme ce fut le cas à Southill en 1865.
Sur le Vieux continent, lors de l’Exposition
canine organisée à Paris en 1865, ce fut le
Le setter Gordon
Roi des grands espaces
Cet excellent
compagnon
de chasse est
facilement
reconnaissable
à sa robe
noire et feu et
ses oreilles
frangées.
Un chien intelligent, robuste résistant à la fatigue
Il sait adapter rapidement sa quête
à la végétation, au territoire et au
gibier rencontré. Son nez puissant
lui permet un galop soutenu, bien
debout sur ses membres, rapide et
énergique, à la foulée très ample.
La tête est portée haute, chanfrein
à l’horizontale, par un léger
mouvement d’avant en arrière de sa
longue encolure, le fouet bien tendu
dans la ligne de dos, ou légèrement
incliné vers le terrain. Un très léger
mouvement peut parfois l’animer.
En présence d’une émanation,
le setter Gordon ralentit
progressivement, bien droit sur ses
membres, avec prudence et décision
jusqu’à arrêter avec sûreté, rigide,
debout, cou bien tendu, la tête
dans la ligne de dos, le postérieur
pouvant parfois être légèrement
relevé ou, plus rarement, à peine
abaissé par rapport au garrot, la
queue bien droite dans la ligne
de dos. Au coulé, il est collé à
l’émanation directe, bien droit sur
ses membres, avec calme et au pas,
dans un mouvement uniforme.
Ses talents à la chasse
Sa quête méthodique
lui permet de lever
tous les gibiers sur de
nombreux biotopes.
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