No 864 septembre 2019 - La Revue nationale de la chasse 141
J
enny Price est un sacré per-
sonnage : fine gâchette, elle
est aussi technicienne en
œnologie et fine connais-
seuse des grands vins de Bourgogne,
après avoir effectué une formation
spécialisée en France. Jenny vit à
la campagne, à une centaine de ki-
lomètres de Melbourne dans l’état
de Victoria, où elle élève même
quelques vaches pour son plaisir.
Jusqu'en 2008, la chasse était très
éloignée de ses pensées, personne ne
la pratiquant dans sa famille. C’est
lors d’une séance de ball-trap à la-
quelle des amis l’avaient conviée que
le déclic s’est produit. Elle a aussitôt
adoré le tir, s’y exerçant d’abord sur
des plateaux, puis sur du gibier, en
commençant par chasser le lapin
au fusil, puis à la carabine, en var-
mint shooting (tir à longue distance).
Ce n’est qu’après avoir acquis une
bonne maîtrise des armes à canons
lisses et rayées qu’elle à rejoint cette
équipe de copains au nombre d’une
quinzaine, qui chasse beaucoup le
renard en battue, aux chiens de type
jack russel.
Des densités de renards
ahurissantes!
Introduit par les Anglais pour la vé-
nerie, le goupil pullule littéralement
dans l’état de Victoria, où il commet
de nombreux dégâts en dévorant les
petits marsupiaux autochtones, et
surtout en attaquant les agneaux.
Cette dernière saison et en trois
battues successives, l’équipe a pré-
levé plus de 100 renards, soit une
moyenne de 30 par chasse, ce qui est
énorme! Jenny, qui tient un poste,
avoue adorer ce gibier pour la finesse
du déduit : les ruses parfois confon-
C’est le tir sportif qui a amenée naturellement Jenny Price
à la chasse qu’elle pratique chez elle, en Australie, ou lors
de ses séjours en France. Texte Pascal Durantelenseigne que certains peuvent être
chassés toute l’année. Tous ont été
introduits. Il s’agit des cerfs sambar
(Rusa unicolor), axis (Axis axis), co-
chon (Axis porcinus) dont les quotas li-
mités sont attribués par tirage au sort,
rusa dits de Java (Cervus timorensis),
élaphe (Cervus elpahus) et du daim
(Dama dama). Ces animaux sont
principalement tirés à l’approche,
sauf le sambar qui est aussi chassé en
battue aux chiens. Les races autori-
sées sont les beagles, harriers, bloo-
dhounds (chiens de Saint Hubert),
chiens d’élans norvégiens gris ou
elkhounds, teckels, borders, jagds, fox
et russels terriers, spitz finlandais. La
meute est limitée à 5 chiens auxquels
peuvent s’ajouter 3 jeunes en phase
d’apprentissage. Les cervidés peuvent
être chassés en tout temps, mais les
Australiens évitent l’été en raison des
fortes chaleurs et de la présence alors
de nombreux serpents venimeux.La chasse, c’est magique!
Si en Australie sa préférence va au re-
nard, Jenny aime beaucoup chasser
le faisan en France, pour la beauté
de l’oiseau et l’élégance du tir quand
il s’agit de gibiers de haut vol. Elle a
chassé petits et/ou grands gibiers en
Haute-Marne, en Côte-d’Or, en So-
logne et dans l’Aude où elle s’est ini-
tiée à l’approche du brocard, gibier
absent du bestiaire australien. Elle a
également pratiqué la quête buisson-
nière en Bourbonnais où elle a pré-
levé un daim et quelques faisans, et
suivi une chasse aux chamois dans
les Alpes-de-Haute-Provence.
Francophile, maîtrisant parfaite-
ment notre langue, Jenny dit adorer
notre pays pour la diversité de ses
paysages, ses vins, sa gastronomie
et l’atmosphère conviviale des jour-
nées de chasse. « Chez nous sou-
ligne-t-elle, nous pique-niquons.
En France, la chasse est une fête.
Et puis tout est très sensoriel : la
délicatesse des mets, le froid que
nous ne connaissons pas ou peu,
le bruit feutré des feuilles mortes
sous la botte, ce silence de la forêt
en hiver. J’adore aussi les honneurs
que vous rendez au gibier, surtout
au son des trompes. Tout ceci est
très nouveau pour moi, et je trouve
cela tout simplement magique ! » ◆dantes du renard devant les chiens,
et surtout cette aptitude presque sur-
naturelle de l’animal à contourner les
lignes sans se faire repérer. Elle aime
aussi partir seule dans le bush, à la
billebaude, en quête de lapins ou de
renards au cul levé, sachant que des
cailles des chaumes (Coturnix pecto-
ralis), petits gallinacés endémiques,
qui ressemblent à notre caille des blés
en plus coloré, fréquentent aussi ces
territoires. Notez que pour pratiquer
cette chasse devant soi, Jenny affirme
que ses compatriotes apprécient beau-
coup une race française devenue très
tendance : l’épagneul breton!Les Greenies mettent
la pression
Elle aime aussi chasser le canard, pra-
tique très réglementée en Australie
sous une forte pression des écolos,
baptisés Greenies, avec une période
d’ouverture qui varie selon les condi-
tions environnementales de l’année
(niveaux d’eau, densités d’oiseaux), et
qui pour la saison 2019 était limitée
à deux mois. Seules sept espèces sont
chassables dans l’état de Victoria :
les sarcelles rousses (Anas castanea)
et australasienne (Anas gracilis), les
canards à crinière (Chenonetta ju-
bata), à oreilles roses (Malacorhynchus
membranaceus) et à sourcils (Anas
superciliosa), le tadorne d’Australie
(Tadorna tadornoides) et le fuligule
austral (Aythya australis).
Six espèces de cervidés hantent aussi
l’état de Victoria, où leur expansion
est exponentielle depuis les grands
incendies de 2009 qui ont stimulé
la pousse des herbages. Les animaux
sont devenus si nombreux qu’ils com-
mencent à causer de sérieux dégâts et
deviennent même nuisibles, à telleUne chasseresse
australienne
La chasse
en Australie
Là-bas, il n’y a
pas de permis de
chasser, mais un
permis de port
d’a r me
renouvelable tous
les 5 ans. à cela
s’ajoute une
licence "canard",
ainsi qu'une
licence "grand
gibier". Pour
intégrer une
équipe de battue,
vous devez y
effectuer une
période d’essai
afin que les
membres de
l’équipe vérifient
que vous ne
manifestez pas de
comportement
dangereux.
état de Victoria :
Tableaux de
chasse "cervidés"
de la saison
dernière : au total
106 000 cervidés
pour 37 000
chasseurs, (dont
88 816 cerfs
sambars et
15 515 daims).
4 829 ont été
prélevés en battue
aux chiens.Jenny Price
Melbourne
Australie