44 La Revue nationale de la chasse - No 864 septembre 2019
détaille Nicolas, qui prend éga-
lement soin de disposer les formes
de part et d’autre de la haie où se
situe son affût, afin d’attirer l’œil
des ramiers d’où qu’ils viennent.
Pour parfaire le réalisme et tenter
de convaincre définitivement les
palombes de survoler et mieux, de
venir se poser, quelques formes de
corneilles, seront perçues par les pi-
geons comme un gage de quiétude
absolu... Machiavélique!
Ne reste plus alors qu’à s’habiller
de vêtements camo, sans omettre
de couvrir mains et visages (que les
pigeons ne manqueraient pas de
détecter de leur vue perçante) et de
se caler immobile dans l’affût tout
en guettant le ciel tous azimuts,
un semi auto dans les mains armé
de cartouches en 36 g, chargées en
plomb n° 5 et 6 nickelés ou laiton-
nés pour plus de dureté. Il manque
sans doute un peu de vent pour
bousculer les pigeons, mais les den-
sités sont bonnes ce qui devrait ga-
rantir un minimum d’action.
Tournent les pigeons
Il ne faut en effet pas attendre long-
temps pour apercevoir les premiers
pigeons sous forme d’infimes pe-
tits points qui se détachent sur le
ciel, grossissant au fur et à mesure
qu’ils approchent. En qualité de sé-
dentaire, et à la différence des pa-
lombes migratrices, ils se déplacent
souvent seuls ou à deux, mais pas
en gros paquets. Les premiers font
peu état des formes, se contentant
de les survoler et d’offrir quelques
jolis coups de feu sur "traversards"
lancés à pleine vitesse. La fin de
mâtinée ne signe pas les arrêts de
jeu, bien au contraire.
En effet, comme nous l’avait an-
noncé Nicolas, le créneau situé entre
la fin de matinée et le début d’après
midi constitue toujours un temps
fort à ne pas manquer, quitte à "s’as-
seoir" sur le déjeuner. Cela corres-
pond aussi à la période durant la-
quelle les pigeons sont d’humeur
grégaire et se dirigent plus franche-
ment vers les formes. L’angle des tirs
change, et c’est désormais sur des
oiseaux rentrants ou fuyant "à la ma-
nière de canards" que Nicolas exerce
ses talents de tireur d’exception. Les
malheureux n’ont aucune chance.
Avec une dizaine de ramiers au
tableau, c’est une petite journée,
conditionnée par l’absence de vent.
Ce n’est pourtant pas si mal. Quel
gibier naturel aujourd’hui, en Bre-
tagne ou ailleurs permet encore
d’espérer faire un tableau à deux
chiffres? Mais si les parties d’af-
fût bretonnes peuvent être large-
ment plus généreuses, pas question
pour Nicolas d’en abuser. Un PMA
(Prélèvement maximum autorisé)
quotidien de 20 oiseaux par chas-
seur a d’ailleurs été mis en place en
Ille-et-Vilaine. Selon Nicolas qui
participe également au programme
de collecte et d’envoi d’ailes afin
de contribuer à l’étude de l’espèce,
c’est une mesure saine qui permet
d’éviter les excès. « Nous sommes
ici à la chasse et non en opération
de destruction. Il est bon de s’en
rappeler et de ne pas exagérer. Pour
l’oiseau bleu comme pour les autres
gibiers, quantité ne fait pas forcé-
ment qualité, mais dans tous les
cas, insiste Nicolas, il est important
de rendre compte de son tableau
exact, car cela sert aussi à justifier
de la bonne santé des populations ».
L’abondance aussi, cela se gère! ◆
Chasse Tendance
Cette forme
simulant un
pigeon à la pose
peu convaincre
les plus indécis.
...
“
Quelques
formes de corneilles,
perçues par les
pigeons comme un
gage de quiétude
absolu, sont posées...
Machiavélique !
”
Afin d'éviter les
abus, un PMA
de 20 oiseaux
par jour a été
mis en place en
Ille-et-Vilaine.