la seule chose à leur disposi-
tion : les cultures. Ce qui ne fait
ni l’affaire des paysans, ni celle de
ce petit gibier emblématique de la
chasse populaire, qui se retrouve
en conséquence indésirable, bien
malgré lui. Et comme un malheur
n’arrive jamais seul dit-on, le "bras-
sage des sangs" entre populations
qui nourrissaient la diversité géné-
tique et participaient naturellement
autrefois au renforcement sanitaire
des sujets n’est plus possible, trop de
haies vives ayant disparu. Le carac-
tère isolé des noyaux de populations
paraît même être le chaînon man-
quant de la dynamique de l’espèce.
Ce phénomène de disparition d’une
espèce à cause de la modification
de son milieu de vie fait d’ailleurs
l’unanimité chez les scientifiques
du monde entier, avec parmi les
derniers exemples en date le panda
roux de l’Himalaya.
Des solutions existent!
En France, lors du Grenelle de l’en-
vironnement de 2007, l’idée d’une
nouvelle forme de "remembrement
environnemental", qui contribue-
rait au remaillage écologique des
territoires pour des raisons environ-
nementales, avait été émise. Pour
autant au soir des tables rondes du
25 octobre 2007, ce n’était encore
qu’un concept et une proposition
qui ne semble pas avoir été claire-
ment ou précisément citée dans les
mesures retenues.
D'un point de vue technique, un
certain nombre de fédérations de
chasseurs et divers organismes de
recherche, dont l’ONCFS et l’IMPCF
(Institut méditerranéen du patri-
moine cynégétique et faunistique),
ont travaillé sur la situation du
lapin. Et puis il y a eu ce chantier co-
lossal ouvert par la FNC (Fédération
nationale des chasseurs) en 2006
grâce à un appel d’offres. L’objec-
tif confié aux équipes de recherche
était d’identifier des "outils de ges-
tion qui permettraient de gérer et
maîtriser les populations de lapins
de garenne". Fin 2012, ces travaux
ont débouché sur une synthèse
de 74 pages (2), titrée Pour ceux qui
veulent en savoir plus, dont les der-
nières pages regroupent, une liste
de publications complémentaire.
Ainsi, tous les outils nécessaires à
une redynamisation du lapin sont
aujourd’hui bien connus. De plus,
il y a ici ou là de belles expériences
qui ont réussi et qu’il suffit d’aller
constater sur place pour prendre
exemple. Alors un constat s’impose.
Le problème est impossible à gérer
au niveau du pays et c’est aux chas-
seurs eux-mêmes d'entreprendre les
bonnes démarches! ◆
Chasse Faune
Cette garenne
artificielle a pour
objectif de
suppléer la
destruction de
l'habitat du
lapin.
La fragilisation
des populations
de lapins
pourrait aussi
entraîner celle
des rapaces qui
se nourrissent
de léporidés.
...
Et si les vaccins n'étaient qu’un leurre?
Depuis des
décennies, les
chasseurs soutiennent
financièrement au
travers de diverses
associations et même
par les ristournes d’un
fabricant de cartouche,
la recherche d'un
vaccin qui "sauverait"
notre Jeannot
national. Malgré
cela, à ce jour et à
notre connaissance,
il n’existe aucune
preuve scientifique
d’une quelconque
vaccination possible
et efficace en
nature, hormis bien
sûr celle effectuée
ponctuellement lors
de reprises d’animaux
et dont l’impact
est limité dans le
temps. Néanmoins,
nombre d'amateurs
de lapin de garenne
n’ont pas cédé à la
nostalgie immobiliste
en écoutant les
promesses d’un
vaccin miraculeux.
Ils font chaque jour
la démonstration
qu’en s’impliquant
sérieusement, tout
reste possible, même
sans vaccination!
(2) Document
téléchargeable
sur différents sites
en tapant :
Synthèse des résultats
des recherches
sur le lapin
de garenne.
C. Rossignol
C. Rossignol
C. Rossignol
48 La Revue nationale de la chasse - No 864 septembre 2019
Le lapin n’est plus nuisible
Le Comité français de
l’Union internationale
pour la conservation
de la nature (UICN),
en partenariat avec
le Muséum national
d’histoire naturelle
(MNHN) et l’Office
national de la chasse
et de la faune sauvage
(ONCFS), attribue aux
animaux sauvages un
statut de conservation
qui fait référence
dans la communauté
scientifique. Ainsi
en 2017, le lapin de
garenne (oryctolagus
cuniculus) apparaît
sur la liste rouge
comme quasi menacé
(NT), surtout si
aucune mesure
de conservation
n'est prise. En
conséquence,
l’arrêté ministériel
du 3 avril 2012 pris
pour l’application
de l’article R.
427.6 du code de
l’environnement,
permettant au
préfet de décider du
caractère nuisible
du lapin de garenne,
devient contestable.
Comment une espèce
considérée comme
menacée pourrait-elle
en effet être déclarée
nuisible? Certains
départements ont
déjà franchi le pas.