dans ces zones-là. » L’idée fait
son chemin, avec l’espoir lointain
d’inciter les chasseurs et les viti-
culteurs à collaborer. « Cela ne
peut qu’être positif pour la biodi-
versité, car ça favorise la présence
d’insectes, et offre de potentielles
zones de nidification, détaille le
chercheur. C’est une pratique qui
est vraiment apparue il y a une di-
zaine d’années, favorisée par le dé-
veloppement des vendanges mé-
canisées. L’habitude avant, c’était
de tout désherber, pour éviter no-
tamment la compétition sur l’eau. »
Une association bénéfique
Françoise Ponce-Boutin, chef de
projet "Perdrix rouge et habitats
méditerranéens" à l’Office national
de la chasse et de la faune sauvage
(ONCFS), est également convaincue
de l’intérêt de cette évolution des
pratiques. « Pour la perdrix rouge,
il n’y avait rien à manger, hormis
quelques fourmis, explique-t-elle.
C’était le milieu le plus pauvre, alors
que paradoxalement on y trouvait
de très fortes densités du petit pha-
sianidé. » Ce paradoxe, qui n'est
pas totalement élucidé, s’explique-
rait par la valeur protectrice de la
vigne. Et si la chercheuse doute de
la plus-value de l’enherbement pour
la nidification, elle est en revanche
convaincue de son intérêt alimen-
taire. « 80 % de l’alimentation de
la perdrix rouge, ce sont des grami-
nées ou des graines de préférence,
explique Françoise Ponce-Boutin.
L’alliage avec une légumineuse peut
être intéressant, car cette dernière
amènera du couvert en hiver et
des insectes dont les jeunes ont be-
soin. » Cette association présente
également un grand intérêt pour
les lièvres et lapins qui y trouveront
une partie de leur pitance.
Et l’enherbement a un autre atout
de taille : il peut aussi profiter sur
le plan agronomique. « Si on ins-
talle des légumineuses, on aura une
fixation de l’azote atmosphérique,
explique Christian Gary, qui dirige
l’unité mixte de recherche dédiée
aux systèmes de culture tropicaux
et méditerranéens à l’INRA. L’effet
de concurrence avec la vigne peut
aussi ralentir le développement de
cette dernière, et ainsi la rendre
moins sensible aux maladies qui
s’attaquent au feuillage, comme l’oï-
dium. » Et si les avantages liés à la
présence d’éventuels insectes auxi-
liaires ne sont aujourd’hui pas dé-
montrés, le chercheur évoque tout
de même d’autres services, comme
une amélioration de la structure et
de la portance du sol.
La gestion de l'eau
Des avantages précieux pour Bruno
Baylet, propriétaire du Château Lan-
dereau, à Sadirac (Gironde). « On est
sur un vignoble de coteaux, donc
on a un enherbement sur toutes les
pentes, détaille le vigneron.
Chasse Biodiversité
...
A. Berger
56 La Revue nationale de la chasse - No 864 septembre 2019
La certification HVE3 (Haute
valeur environnementale 3)
“Le bio ne répond pas
à tout ce qu’on attend
de lui, je trouve que la
certification HVE3 est
plus complète” assure
Bruno Baylet. Le
propriétaire du château
Landereau se plie depuis
plusieurs années aux
exigences de ce label qui
demande aux vignerons
d’allier performance
agronomique et
écologique. “On a sorti
toutes les molécules les
plus dangereuses, comme
les CMR (Cancérogène,
mutagène, reprotoxique)
ou les perturbateurs
endocriniens, et on
élimine peu à peu le
désherbage chimique.
On a aussi obligation de
traiter tous nos effluents
viticoles et vinicoles et de
valoriser nos déchets.”
...
L'enherbement
peut profiter à la
nidification, mais
plus encore aux
poussins.
Lièvres et lapins
bénéficient d'un
apport de
nourriture verte
et de couvert.
A. Anjou
D. Gest
Lionel Dubos, président de l'ACCA de Sadirac,
Jean-Louis Bardon, responsable des
aménagements et cultures de l'ACCA, et Bruno
Baylet, propriétaire du château Landereau.
“
On a sorti toutes
les molécules les plus
dangereuses, comme les
CMR ou les perturbateurs
endocriniens, et on
élimine peu à peu le
désherbage chimique.
Bruno Baylet, ”
propriétaire du château Landereau