La Revue Nationale De La Chasse N°864 – Septembre 2019

(Wang) #1
Mais l’herbe fait quand même
concurrence à la vigne, donc sur le
reste de l’exploitation, on enherbe
un rang sur deux. » Car l’enher-
bement est consommateur d'élé-
ments nutritifs et surtout d’eau.
Un problème dans certaines ré-
gions sujettes à un fort stress hy-
drique. « On a pu montrer que la
présence d’un enherbement per-
mettait d’infiltrer un supplément
d’eau équivalant aux deux tiers de
ce qu’il consomme en été, tempère
Christian Gary. Mais tout est une
question de contexte : si le début
de saison est sec, on cherchera à
éviter la concurrence en suppri-
mant l’enherbement avant l’été ;
s’il est humide, le conserver peut
permettre de profiter des services
qu’il rend. »

Et aussi les haies...
Bruno Baylet ne s’est pas arrêté à
l’enherbement. En partenariat avec
l’ACCA locale, et la Fédération des
chasseurs de Gironde, il s’est engagé
dans un programme de plantation
de haies. Dans un des nombreux
vallons de ce territoire de l’Entre-
Deux-Mers, les chasseurs et l’exploi-
tant ont créé un véritable réservoir
de biodiversité. Entre les parcelles
de vigne, les bosquets seront bientôt
reliés par 450 m de haies. Comble
du luxe, les oiseaux ont même à
disposition des cultures à gibier,
semées par bande pour fournir un
couvert été comme hiver.

Lionel Dubos, président de l’ACCA,
nous explique qu'ils ont décidé
d’aller voir les propriétaires, et de
leur proposer le marché suivant :
les viticulteurs donnent leur ter-
rain, l’ACCA fait le travail du sol
et la plantation en partenariat
avec la FDC et d’autres acteurs lo-
caux. « La propriété est certifiée
HVE3 (voir encadré P. 56), explique
Bruno Baylet. Par conséquent, on
doit avoir une certaine surface lais-
sée en naturel. On exploite donc
les bas-fonds, pas idéaux pour la
vigne, en faisant avec des bassins
de biodiversité. »

La diversité des paysages
amplifiée
Une opération qui s’inscrit dans un
programme piloté par la FDC33.
Selon Valentin Hermouet, ingé-
nieur agronome à la Fédération,
ils ont voulu évaluer l’intérêt de la
plantation de haies en milieu viti-
cole du point de vue cynégétique
et du point de vue agronomique.
Et ils ont réalisé que la diversifi-
cation du paysage était amplifiée.
Reste que certaines appellations à
très haute valeur ajoutée cherchent
à maximiser la production sur un
minimum de terrain, et privilé-
gient bien entendu la vigne. Mais
certains secteurs, à l’instar de
l’Entre-Deux-Mers, sont plus pro-
pices. « On souhaite accompagner
les viticulteurs en tant que finan-
ceurs, car il y a un réel intérêt pour

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Chasse Biodiversité


Une pratique
diversement répandue
“Le basculement a eu
lieu dans les années
1990 : on a commencé
à reconnaître que cette
végétation avait un
certain intérêt, et qu’il
fallait la tolérer, voire
l’encourager, explique
Christian Gary. On a
environ la moitié du
vignoble français qui
est enherbé, mais avec
de grosses disparités.”

Ainsi, si l’Alsace et le
Bordelais le pratiquent
volontiers, les vignobles
méditerranéens et
champenois sont en
revanches bien moins
enherbés. Avec d’autres
différences notables,
comme la permanence
de l’enherbement ou au
contraire sa destruction
au printemps.

Part des surfaces viticoles enherbées,
par région viticole (1)

(^100) %
50
0
90
40
30
20
10
60
70
80
EnsembleAlsaceAquitaineBeaujolaisBourgogneChampagneCharentesLanguedoc-RoussillonMidi-PyrénéesProvenceVal-de-Loire
■ Enherbement temporaire
■ Enherbement permanent
■ Aucun enherbement
% de la surface totale
...
la nidification, et ce sont des zones
refuges tant pour les migrateurs que
les sédentaires, explique Valentin
Hermouet. Le cœur du projet, c’est
de créer des liens entre les éléments
déjà présents, entre deux bois, entre
un bois et une mare : on restaure des
corridors écologiques. »
à Sadirac, le corridor est encore en
construction. Mais rien qu’en l’em-
pruntant une fois, un constat s’im-
pose : le petit gibier semble plus que
prêt à se l’approprier. ◆
Les haies plantées à
Sadirac joueront un
rôle de corridor entre
plusieurs zones
A. Bergerfavorables à la faune.
(1) Source : Agreste,
enquête sur les
pratiques
phytosanitaires en
2010.

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