La Revue Nationale De La Chasse N°864 – Septembre 2019

(Wang) #1
lièrement ne sont pas martelés
lors du passage de l’examen initial,
il ne faut pas s’étonner que trop peu
de chasseurs s’entraînent réguliè-
rement par la suite afin d’acquérir
un niveau de maîtrise satisfaisant
de leur arme, gage d’efficacité mais
aussi de sécurité ».
Pour Pierre, gestionnaire de terri-
toire dans l’Eure-et-Loire, la der-
nière mouture du permis de chasser
a surtout le tort de faire l'impasse
sur la connaissance de la faune pe-
tite et grande mais aussi sa gestion.
« Cela laisse à penser que c’est se-
condaire alors qu’au contraire, c’est
un élément clé de l’activité cyné-
gétique et surtout de son avenir.
Nous avons grand besoin dans nos
rangs de chasseurs bien formés,
conscients des enjeux et meilleurs
gestionnaires, ce à quoi ne prépare
pas l’actuel permis de chasser ».

Diplômes de substitution :
une bonne solution
C’est également ce que pensent
certaines associations comme
l’ANCGG (Association nationale des
chasseurs de grand gibier) qui ont
mis en place, depuis de nombreuses
années, une sorte de diplôme vo-
lontaire, facultatif et honorifique,
le fameux Brevet grand gibier qui
va plus loin dans la connaissance
de la grande faune, de l’environ-
nement mais aussi du maniement
des armes et de l’habilité au tir, et
dont l’obtention, à défaut d’ouvrir
quelque droit que ce soit, est le gage
d’un niveau de maîtrise théorique et
pratique élevé. Son succès témoigne
d’une volonté chez certains chas-
seurs d’acquérir des connaissances
plus poussées que celles enseignées
via le système fédéral et de faire va-
lider ces acquis par un examen exi-
geant. De son côté, l’Association
nationale de conservation du petit
gibier semble également réfléchir
à la création d’un diplôme équiva-
lent dans son domaine et pour des
raisons similaires.
Car si le permis de chasser français
est plus complet que certains autres
en Europe, il est loin d’être aussi
exigent que celui de certains de nos
voisins. En Belgique, notamment,
le permis s’apparente davantage au

Brevet grand gibier de l’ANCGG. Les
Scandinaves, eux aussi, ajoutent, en
sus de la connaissance théorique,
des exigences pratiques en matière
de maniement des armes. Idem pour
le permis de chasser allemand, de
loin le plus difficile à obtenir et
qui s’apparente à un quasi-chemin
de croix pour celui qui compte re-
joindre le rang des estimés chas-
seurs outre-Rhin tant sur le plan
pratique que théorique. Le préten-
dant se doit d’être assidu à de nom-
breuses formations dispensées selon
une formule de cours du soir ou, à
défaut, lors de stages intensifs très
onéreux. Pour devenir chasseur en
Allemagne, il faut aussi être coopté
par plusieurs chasseurs confirmés
et accepter une mise à l’essai d’une
durée de trois ans. Autant dire que
le chasseur allemand ne le devient
pas par hasard et tient en haute es-
time ses droits et devoirs.
Entre le système à l’allemande, ré-
solument sélectif y compris par
l’argent qui lui vaut d’être qualifié
d’élitiste par ses détracteurs, et le
système français, qui de toute évi-
dence cherche au maximum à éviter
de contrarier le recrutement de nou-
veaux chasseurs, le contraste est sai-
sissant. Chaque système d’examen
a ainsi défini deux populations de
chasseurs bien différentes d’un côté

ou de l’autre du Rhin, ce qui dé-
montre que la question de l’examen
du permis de chasser n’est pas du
tout anecdotique et relève de choix
politiques. Les chasseurs français
sont ainsi trois fois plus nombreux
que les chasseurs allemands, certes,
mais ils sont moins formés, leur
image et leur expertise auprès de
l’opinion publique comme auprès
des institutions sont moins esti-
mées que celles des chasseurs ger-
maniques, qui pèsent davantage
dans le débat public concernant les
questions environnementales. Et
cela fait toute la différence. Certes,
il y a sans doute un juste milieu à
trouver et on peut arguer qu’un
examen d’entrée n’est pas une fina-
lité mais un commencement, rien
n’interdisant à chacun de se former
et d’augmenter ses connaissances
tout au long de sa pratique. Mais
l’empirisme et la formation sur le
terrain ne sont qu’une partie de la
solution.

Des obligations
judicieuses
Le trop faible entraînement au tir
en dehors de la chasse, pour ne
citer que cette dimension, montre
que lorsqu’une discipline n’est pas
imposée dans le cadre d’un exa-
men, elle est souvent délaissée, au

Chasse Réflexion


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62 La Revue nationale de la chasse - No 864 septembre 2019


L'aisance, un
fusil à la main,
ne s'acquiert
qu'à force
d'entraînements
réguliers.

Si
l’importance
de l’habileté
au tir n'est
pas martelée
lors du
passage de
l’examen
initial, il ne
faut pas
s’étonner que
trop peu de
chasseurs
s’entraînent
par la
suite.
Marc, ”
chasseur de
grand gibier
dans les
Ardennes


A. Guillaume
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