Rock et Folk N°625 – Septembre 2019

(Darren Dugan) #1

112 R&F SEPTEMBRE 2019


Gossip
8 JUILLET, SALLE PLEYEL (PARIS)
Après les séparations, les haines recuites et
les albums solos, Gossip se reforme pour une
tournée prétexte célébrant les dix ans de
son album “Music For Men”. Au programme,
seize titres exécutés avec politesse mais dont
on ne retiendra finalement pas grand-chose.
Ou si peu : une version saignante de “Listen
Up!” entamée par une citation des Talking
Heads, une autre très remontée de “Standing
In The Way Of Control” et les monologues
déconnants d’une Beth Ditto qui fait parler
le bouton de fièvre qui lui dévore la bouche.
Entretemps, il aura fallu endurer les reggaes
impossibles (“Get Lost”), les synthés tocs et,
en dessert, une reprise chantilly du “Careless
Whisper” de George Michael. Qu’elles sont
loin, les nuits fiévreuses de 2009, les cheveux
collés au front. Et le cœur au bord des lèvres.
Le temps qui passe, cette saloperie.
ROMAIN BURREL


Daryl Hall &John Oates
10 JUILLET, SALLE PLEYEL (PARIS)
Le dénouement de l’injuste procès en
authenticité fait au duo ne sera pas pour ce
mercredi : “Is It A Star”, présenté au public
bien apprêté de Pleyel, est le seul non-tube
d’une setlist courte à la forme de grosse
anthologie. On se contentera donc de la
crème de la pop soul, parfaitement égrenée et
réarrangée à l’aide d’un sextette télépathe que
les multiples problèmes de son, indignes d’une
telle salle, ne prendront jamais à défaut. Il faut
l’avouer, les cordes vocales du patron ont pris
un coup depuis l’extraordinaire web-série “Live
From Daryl’s House”, mais Hall est sidérant de
maîtrise. Chaque piège posé en studio par son
moi passé est élégamment franchi, sans triche,
aucun ad lib ni falsetto ne manquera ce soir.
Une magistrale leçon d’une heure vingt,
montre en main, standing ovation incluse.
JOHAN DALLA BARBA


Krafwterk 3D
11, 12, 13 JUILLET, PHILHARMONIE (PARIS)
Trois soirs avec les quatre de Düsseldorf
pour conclure le festival Days Off en fanfare,
au son des séquences électroniques de
Ralf Hütter, fondateur du groupe dont on va
réentendre les classiques de ce “Catalogue”
comptant huit albums. Dès “Numbers”,
on est plongé dans l’ambiance éthérée de ces
compositions rétrofuturistes, avec l’apport de
projections 3D amenant un relief bienvenu à ce
quartette immobile devant ses écrans. Le son
est gargantuesque, les infrabasses bastonnent
sur “Radioactivity” et “Planet Of Visions”.
“Autobahn” est un trip, “Spacelab” une
promenade spatiale. “Metropolis”, en soir
deux et trois, remplace “Mini Calculateur”
(soir un) et la version de “Tour De France”
est splendide. Insolite et rarissime : le second
soir, Ralf chante le vers “Meet Iggy Pop and
David Bowie in TEE” lors de la suite “Trans-
Europe Express”. Les robots sont bien sûr
présents pour “The Robots”, et Ralf tire sa
révérence dans un français parfait (“Bonne
nuit, à bientôt”) après “Musique Non Stop”
et deux heures de magie sans fausse note.
OLIVIER CACHIN


Binic Folks Blues Festival
DU 26 AU 28 JUILLET, BINIC
Pour sa onzième édition, le petit festival qui
n’arrête pas de grandir fait désormais partie
des incontournables de l’été en France.
Toujours gratuit, profondément humain et
plus rock’n’roll que jamais, le festival de
Binic a accueilli 70 000 festivaliers qui se sont
dandinés au son de l’underground rock de tous
horizons. Dans cette édition qui a fait la part
belle aux groupes féminins (BABY SHAKES, DEATH
VALLEY GIRLS, MOODY BEACHES, entre autres), les plus
attendus n’ont pas déçu. Bien lancé le vendredi
par le tourbillon garage des SCHIZOPHONICSet le
punk potache de King Khan et ses LOUDER THAN
DEATH, le festival a poursuivi le samedi par un
bel enchaînement de groupes psychédéliques
français avec SLIFTet GUADAL TEJAZavant le grand
show crétin des Australiens sexy de GRINDHOUSE.
Mention spéciale à STEAL SHIT DO DRUGS, grand prix
de la montagne du meilleur blaze. Le dimanche
fut une journée de très bonnes surprises, avec
les excellents DEWAERE(mené par le cuistot local)
et les formidables CIVIC, révélations post-punk
du week-end. C’était avant que les patrons
SLEAFORD MODS ne ferment la danse avec
talent, pour une édition qui fera date.
ERIC DELSART

Festival De Carcassonne
Joan Baez
15 JUILLET, THEATRE JEAN-DESCHAMPS (CARCASSONNE)
Les trois mille personnes présentes dans
le somptueux théâtre en plein air de la
Cité de Carcassonne font une ovation à
Joan Baez dès son arrivée, seule avec sa
guitare. Elle entre dans le vif du sujet avec
“Don’t Think Twice, It’s Allright”. Elle
jouera cinq autres titres de Dylan, dont elle
dit tout simplement qu’il est “le plus grand”.
Un sommet de ce concert magnifique sera
d’ailleurs son interprétation de “Diamonds
And Rust”, la meilleure chanson qu’elle ait
jamais écrite — c’est elle qui le dit, mais
on est d’accord — dédiée à son alter ego.
Un grand moment d’émotion. Seule ou
accompagnée de son groupe — son fils aux
percussions, un multi-instrumentiste et une
chanteuse d’appoint — elle alterne extraits
de son dernier album et classiques qui se
ramassent à la pelle : “Joe Hill”, “Here’s
To You”, “The Boxer” ou... “Chanson
Pour L’Auvergnat” de Brassens, repris
en chœur par une foule conquise.
Le son est parfait, la voix aussi.
De quoi regretter ses adieux à la scène.
STAN CUESTA

Absolutely live


Photo Titouan Massé

Grindhouse
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