Rock et Folk N°625 – Septembre 2019

(Darren Dugan) #1
SEPTEMBRE 2019 R&F 013

CELA DEVAIT ARRIVER. Un jour d’été caniculaire
où tout semble si simple, où cette bière semble si
fraîche, où un nouveau rendez-vous est pris pour une
nouvelle édition de cette rubrique, on tombe sur un
authentique monomaniaque. Là, il va falloir louvoyer,
ruser, faire le sourd parfois, pour que les mots Johnet
Coltranene soient pas l’unique réponse de Christian
Vander à toutes les questions. Le rock semble autant
l’intéresser que le décès récent d’un joint de douche.
Heureusement, le leader de Magma, qui fête(mot
inapproprié ici, certes) ses 50 ans de carrière avec
la sortie d’un nouvel album, est un personnage
baroque, autant capable de terrifier son interlocuteur
par ce regard bleu métallique que de l’amuser par
sa morgue spontanée et, en passant, captiver par
une anecdote insolite dont il a le secret. Vander est
surtout, chose délectable, un éloquent passionné.
Comment dit-on John Coltrane en kobaïen?


Au tribunal à 14 ans et demi
ROCK&FOLK : Premier disque acheté?
Christian Vander :Un disque de Ray Charles, “A Fool For You”,
je devais avoir 9 ans. D’ailleurs ça été un peu compliqué parce
qu’à la radio j’avais compris Richard! Alors je suis arrivé chez


le disquaire à Nogent-sur-Marne : “Est-ce que vous avez des
disques de Richard ?”Et c’est le disquaire qui a deviné où je
voulais en venir... Ray Charles a été très important pour moi,
surtout sa période Atlantic avant sa période sirupeuse...
R&F : Qu’écoutaient vos parents à la maison?
Christian Vander :Ma mère était très mélomane. Elle connaissait
tous les grands musiciens de jazz américain. A 3 ou 4 ans, je me
souviens que je reconnaissais les disques à leur couleur quand ils
passaient sur le vieux phono alors que je ne savais pas encore lire.
Mais c’est d’emblée le jazz que j’ai préféré... Ou le “Sacre Du
Printemps” de Stravinsky, je me souviens que je dansais dessus en
disant que c’était de la musique de sauvage (rires sardoniques)! Ça
me rappelait les Indiens, ou les Amérindiens. Il y avait souvent une
jeune voisine avec moi qui tenait sa poupée dans ses mains et ne
dansait pas. Elle me regardait, immobile, alors que je tournoyais
comme un derviche. Je me disais : “Pourquoi elle ne danse pas ?”
R&F : A quel moment commencez-vous la musique?
Christian Vander :Vers 5 ans, j’étais déjà fasciné par les rythmes.
J’avais un pauvre petit tambourin... Je n’avais pas les moyens d’avoir
autre chose. Le rythme, c’est fondamental. Un guitariste, un pianiste,
un bassiste doivent posséder leur rythme autant qu’un batteur, sinon
il n’y a aucune possibilité d’échange. Je me suis mis à la batterie
à 14 ans, après avoir joué sur des couvercles et des pots de fleurs...
C’est Chet Baker qui m’a procuré ma première batterie.

Mes disquesàmoi


CHRISTIAN


VANDER


RECUEILLI PAR CHRISTOPHE ERNAULT - PHOTOS WILLIAM BEAUCARDET


Alors que Magmavient de célébrer son demi-siècle,


le batteur et démiurge du groupe évoque les albums


qui ont participé à la construction de cette musique insensée.


Comment dit-on


John Coltrane en kobaïen?

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