Rock et Folk N°625 – Septembre 2019

(Darren Dugan) #1

066 R&F SEPTEMBRE 2019


J’AVAIS ACHETE CA AU CARREAU DU TEMPLE.
ON TROUVAIT TOUT LA-BAS, DE LA FAUSSE
WESTON AU TRENCH-COAT. Une veste d’officier
confédéré! Bleu pétrole évidemment, col Mao,
cintrée comme il se doit et fermée par dix-huit
merveilleux boutons dorés. C’était la rentrée 1967.
La veste militaire était un must. Dolmans,
brandebourgs, fourragères, galons or et tresses, ou
chic confédéré... Chaque matin, je la cachais dans mon
cartable (enfin, ma besace américaine en toile kaki),
avec les boots cerise, les lunettes McGuinn et le gros
ceinturon marocain. Et j’enfilais ça en hâte, dans une
entrée d’immeuble, avant d’aller au collège Stanislas.
Chaque matin, les élèves étaient réunis en rangs d’oignon
pour l’appel. Et le surgépassait dans les rangs afin de


vérifier la longueur des cheveux (que nous planquions
derrière les oreilles et sous le col) “Eudeline!
Fermez moi cette veste! — Je ne peux pas, monsieur!
Les Sudistes ont perdu la guerre !”Réponse absurde,
mais, sur le moment, c’est ce qui m’est venu.
“Vous ne rentrerez pas avant que cette veste soit fermée.
Eudeline! Sortez du rang !”Vous ai-je précisé que
c’était le plein hiver? Evidemment, j’ai refusé.
J’ai gardé la veste ouverte. En fait, elle était tellement
cintrée que j’aurais eu grand mal à la fermer...
Cela a duré une heure. Oh! bien sûr, les élèves
et les fortes têtes me soutenaient moralement...
Mais enfin, ça caillait sévère. C’est le prof de français
qui nous a sortis de cette impasse. Il m’aimait bien :
j’avais lu un ou deux trucs, même à ce tendre âge.

La vie en rock


Des blousons d’aviateurs de Cream aux vestes d’Irish Guard
des Libertines, les vêtements de l’armée ont investi le monde
a priori peu militariste du rock. Revue des troupes.

FANTAISIES


MILITAIRES


PAR PATRICK EUDELINE

Le rock est un combat, n’est-il pas?


Photo Dalle
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