Rock et Folk N°625 – Septembre 2019

(Darren Dugan) #1

Ace en personne. Quel honneur...
Voici que défilent les Fantômes, les
Blackburds, les Guitares Du Diable,
les Pingouins, les Monégasques,
les Four Dreamers, les Sorciers,
Joey & The Showmen (ceux de
Johnny H), les Lionceaux, les
Players, pour des instrumentaux
aux titres évocateurs (“Fort Chabrol”,
“Andalucia”, “Groenland”, “Absolument
Hyde Park”, “Galaxie”, “Neptune”,
“Attila”, “Psychose”, “Palpitations”,
“Stalactite”, etc., on en passe et
des meilleurs). Dans le sillage des
productions Joe Meek, des Shadows
ou du surf américain, ces Gaulois
prouvaient qu’ils n’étaient pas
manchots (même si de toute évidence,
il leur manquait des producteurs
compétents question sauvagerie).


Lonnie Mack
“THE COMPLETE ELEKTRA RECORDINGS”
Wounded Bird (Import Gibert Joseph)


Pan! Quatre albums de Lonnie Mack
sur deux CD, et ses meilleurs, avec ça.
Pour les ignares, Lonnie Mack était
un guitariste fabuleux — Stevie Ray
Vaughan, qui pouvait avoir bon goût


de temps à autres, le vénérait —
doublé d’un chanteur hallucinant.
Son premier album, “The Wham Of
That Memphis Man”, sorti en 1964,
est un trésor devenu objet de culte
parfaitement justifié, les trois suivants
sont des merveilles de country soul,
comme on en faisait à Muscle Shoals :
le gros avantage de Mack était de ne
pas s’enfermer, comme tant d’autres,
dans le blues. Sur “The Hills Of
Indiana”, sorti en 1972, il bénéficie
de la présence de David Briggs, Don
Nix, Roger Hawkins, Wayne Perkins,
Tim Drummond et Barry Beckett,
tout en reprenant Carole King, Dylan,
Bill Monroe ou Nix. Les amateurs
de choses comme les disques
du début des seventies de
Link Wray ou les albums solo
de Dan Penn peuvent foncer.


Jerry Lee Lewis
“THE GOLDEN HITS OF /LIVE AT THE
STAR-CLUB, HAMBURG/ THE GREATEST
LIVE SHOW ON EARTH/ BY REQUEST”
BGO (Import Gibert Joseph)


BGO n’est pas exactement le plus
mythique des labels de rééditions,
mais ce double CD réunissant
quatre albums n’est pas à négliger :


on oubliera “The Golden Hits
Of Jerry Lee Lewis”, qui le voit
réenregistrer à Nashville ses vieux
tubes de chez Sun pour se consacrer
sur les trois albums live qui suivent.
Il y a le mythique “Live At The Star
Club, Hamburg”, sur lequel il n’est
plus vraiment besoin de revenir tant sa
réputation est méritée : le Killer y est
en telle forme qu’il ne peut s’empêcher
d’accélérer le tempo de chaque
morceau devant un public hystérique,
mais “The Greatest Live Show On
Earth” et “By Request : More Of The
Greatest Live Show On Earth” qui le
voient reprendre copieusement Little
Richard et Chuck Berry, ainsi que
Charlie Rich, Hank Williams, Buck
Owens et Elvis montrent une fois
de plus, que, outre sa caricature de
cinglé notoire, Jerry Lee était aussi
et surtout l’un des plus grands
chanteurs de sa génération!

“The World
Of Keith Haring”
Soul Jazz

Le concept peut paraître surprenant
(utiliser un — comment doit-on dire,
graffeur? graffiteur? graffitiste?
plaisantin? — mort du sida pour
vendre une compilation de musique),
mais peu importe : les amateurs de
raretés new-yorkaises des années 80
peuvent se ruer sur cette compilation

de deux CD bien tassés alignant des
trucs entre rap, disco et électro. De
Damon Harris à John Sex en passant
par Adiche, Gray (avec Jean-Michel
Basquiat), Convertion, Fab 5 Freddy
(cité dans le “Rapture” de Blondie),
The Jonzun Crew, tout ici est quasiment
inconnu, à l’exception de Yoko
Ono, Sylvester et des Talking Heads
(“I Zimbra”, toujours aussi efficace).
Un généreux livret (qualité Soul
Jazz oblige) détaille la vie de
l’artiste ainsi que ses influences. ❏

SEPTEMBRE 2019 R&F 083
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