Rock et Folk N°625 – Septembre 2019

(Darren Dugan) #1

Le film


du mois
PAR CHRISTOPHE LEMAIRE


Sanglant et rigolo


Wedding


Nightmare


DETYLERGILLETT


ETMATTBETTINELLI-OLPIN


Certes, “Wedding Nightmare” n’est pas un film du mois absolu.
On en aurait bien vu d’autres prendre sa place. A commencer par
le nouveau Tarantino, un film forcément intéressant (Charles
Manson, l’Amérique des sixties, Brad et Leonardo, tout ça). Manque
de bol, impossible de découvrir “Once Upon A Time In Hollywood”
à temps (sortie le 14 août). On aurait bien casé aussi (vu le buzz)
“Le Gangster, Le Flic Et L’Assassin” (également en salles le 14 août),
énième nouvel exemple de polar coréen paraît-il bien badass. Idem
pour “L’Intouchable Harvey Weinstein”, documentaire forcément à
charge contre le gras producteur Hollywoodien, tripoteur de stars et
de starlettes, qui aura passé trois décennies à user de son droit de
cuissage sans se faire inquiéter (14 août, itou). Ou encore “Scary
Stories” (en salles le 21 août), trois histoires de fantômes a priori
lambda mais mis en images par André Øvredal, réalisateur norvégien
responsable d’un des meilleurs films d’horreur de ces dix dernières
années (“The Jane Doe Identity”). On attend aussi beaucoup de “Fast
& Furious : Hobbs & Shaw” (en salles le 7 août). Non pas une suite
officielle de la saga machiste et destroy, mais plutôt un aparté sans
l’horripilant Vin Diesel, mais avec Dwayne Johnson, Jason Statham
et Idris Elba, soit les trois acteurs les plus cools du cinéma d’action
contemporain... Que voir du coup ce mois-ci? On se repliera sur un
petit film d’horreur gentiment sympathique. Distrayant, sanglant et
rigolo, “Wedding Nightmare” repose sur une intrigue on ne peut plus
classique : alors qu’elle vient d’épouser l’homme de sa vie, une jeune
mariée doit passer sa nuit de noce chez la belle famille de ce dernier,
et se plier d’abord à une tradition ancestrale. A savoir participer à un
tirage de cartes. Manque de bol, le jeudégénère et la mariée se retrouve
piégée dans l’immense demeure où chaque membre de la famille de
l’époux (père, mère, frère, sœur) la poursuit sans fin dans le seul but
de la tuer avant que l’aube ne se lève. Ce qui provoque un immense jeu
de massacre désopilant, pas si éloigné, d’ailleurs, d’un cartoon de Bip
Bip et Vil Coyote. Se planquant dans les moindres recoins de l’immense
demeure gothique, la proie passe son temps à éviter de justesse ses
prédateurs bardés de toutes les armes possibles et imaginables. Entre
des chassés-croisés hystériques et des envolées sanglantes, ce jeu
de cache-cache mortel est au final un quasi remake — mais en huis
clos — de “Les Chasses Du Comte Zaroff”, classique du cinéma déviant
sur fond de gibier humain. Les deux réalisateurs, Tyler Gillett et Matt
Bettinelli-Olpin, qui s’étaient fait la main sur d’efficaces segments de
petits films d’horreur à sketches (“VHS” et “Southbound”) ont vraiment
le sens du rythme. Comme un vaudeville où les portes qui claquent
seraient remplacées par des têtes qui sautent. Mais “Wedding
Nightmare” possède aussi un sacré atout : Samara Weaving, qui avait
déjà montré ses talents dans des séries aux registres différents (le gore
et potache “Ash Vs Evil Dead”, le fantastique et poétique “Pique-Nique
A Hanging Rock”). En jouant à merveille sur ses diverses réactions
(effarée, étonnée, effrayée, amusée) suivant les évènements, la jeune
actrice australienne illumine l’entreprise qui, sans son bagoût et son
œil qui frise, ne dépasserait probablement son statut de petit film
d’horreur cool du samedi soir. Toujours mieux en tout cas d’aller
voir “Wedding Nightmare” que (on n’insistera jamais assez) le dernier
Marvel, le dernier “Star Wars”, le dernier “Tuche”, le dernier remake
du “Roi Lion” ou le dernier Franck Dubosc (en salles le 28 août).❏
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