NOUS REVENONS
AU CINÉMA
DES ANNÉES 1970,
AVA NT L’ÈRE
CANAL+.
sard. Curiosa et JPG l’ont codéveloppé
avec Studiocanal. Le projet a un budget de
13 M€ car il se passe dans les années 1960, à
Monaco, en région parisienne et en Espagne.
Il sera interprété par un casting inédit :
Virginie Efira et Romain Duris. Et ce sera
tout pour cette année!
◗ Vous êtes donc toujours aussi
boulimique malgré la situation
du financement du cinéma...
Oui, je suis conscient d’être à contre- courant.
Mon réflexe de boulimie va à l’encontre
des financements qui baissent à tous les
niveaux, notamment ceux des distributeurs
et de Canal+. Et les chaînes hertziennes
ne peuvent pas tout compenser. L’énergie
et la créativité que je déployais il y a deux
ans pour financer mes films, je dois à pré-
sent les décupler pour obtenir au moins le
même financement. Je prends de plus en
plus de risques sur ma société. En atten-
dant un nouveau virage de notre industrie,
afin de développer le financement privé et
refaire évoluer la chronologie des médias,
ce sont les producteurs indépendants qui
comblent ces risques, en s’endettant et en
fragilisant leurs structures. Le seul moyen
pour nous en sortir aujourd’hui est de faire
de gros succès. Nous revenons au cinéma
des années 1970, avant l’ère Canal+, où les
producteurs prenaient des risques sur la
salle. Dans ce contexte, j’estime qu’un pro-
jet franco-français est trop dangereux et je
cherche à développer des projets ayant un
fort potentiel sur le marché international.
◗ Mars Films, qui distribuera
Le quai de Ouistreham, a été placée
en redressement judiciaire cet été.
Votre réaction?
J’en suis extrêmement triste. Stéphane
Célérier est un frère et nous avons débuté
le métier ensemble. Il a un talent fou et c’est
non seulement une mauvaise nouvelle pour
la profession, mais aussi un signal très
inquiétant pour l’avenir du cinéma d’auteur
populaire. Comme par hasard, Anapurna
aux États-Unis subit le même sort...
◗ Votre line-up sera-t-il
aussi soutenu en 2020?
Oui, je continuerai sur le même rythme. Je
lance une nouvelle adaptation du Petit Nico-
las (éd. Imav, Ndlr), réalisé par Julien Rappe-
neau, coécrit par Mathias Gavarry (Les Profs)
– après les deux premiers volets produits au
sein de Fidélité – en copro duction avec Imav,
en vue d’un tournage au printemps. Une
adaptation à potentiel international, comme
l’est aussi, dans un autre registre, Charlotte
de David Foenkinos (éd. Gallimard, Ndlr),
qu’il coécrit avec Michel Spinosa et Gilles
Bourdos. Ce dernier, avec qui j’ai fait Renoir,
le réalisera l’été prochain, en Allemagne et
en France avec un casting international.
Et je développe le prochain long de Martin
Provost, Naoshima, avec Catherine Deneuve
et Sandrine Kiberlain, pour des prises de
vues au Japon à l’automne 2020, ainsi que
celui de Claire Denis, adapté de Stars at Noon
de Denis Johnson (éd. Bourgois, Ndlr), coécrit
avec Léa Mysius, et joué par Robert Pattin-
son à nouveau dans le rôle principal. Nous le
tournerons en février en Amérique du Sud en
anglais. Deux autres projets qui me tiennent
à cœur sont en développement : le prochain
film de Cédric Anger, en codéveloppement
avec Studiocanal, et celui de Tran Anh Hung.
Enfin, nous nous retrouverons avec Marc
Missonnier (Moana Films), en codélégué,
pour adapter La tresse de Laetitia Colombani
(éd. Grasset, Ndlr), best-seller international.
Le script, coécrit avec Sarah Kaminsky, nous
emmènera en Inde, au Canada et en Sicile.
Et Curiosa, qui compte déjà 24 longs à son
actif, produira en 2020 sa première série, celle
de Xavier Giannoli, en développement avec
Canal+ : l’adaptation D’argent et de sang de
Fabrice Arfi (éd. Seuil, Ndlr), sur l’affaire de la
taxe carbone, avec au scénario Fabrice Arfi,
Xavier Giannoli et Antoine Lacomblez. Et
Vincent Lindon, dans le rôle principal, pour
la première fois dans une série télévisée. ❖