Courrier International - 29.08.2019

(Brent) #1
Revue
de presse


  1. TRANSVERSALES Courrier international — no 1504 du 29 août au 4 septembre 2019


L


es scientifiques pensent
avoir détecté des ondula-
tions de l’espace-temps pro-
voquées par la
collision entre
un trou noir et
une étoile à neu-
t ron s”, dévoile
Axios. Le 14 août, l’Observatoire
d’ondes gravitationnelles par
interférométrie laser (Ligo), aux
États-Unis, et son homologue ita-
lien Virgo ont perçu des signaux
correspondant à un événement
cosmique qui se serait produit il y
a environ 900 millions d’années.
“Après une enquête plus appro-
fondie [...], les scientifiques pensent
que ces ondulations ont pu être pro-
voquées par la fusion d’un trou noir
et d’une étoile à neutrons”, indique
le site spécialisé Space. “S’il est
confirmé, il s’agirait du troisième
des événements cataclysmiques que
les chercheurs espéraient observer
quand la construction du Ligo a été
envisagée : la collision de deux trous
noirs [dévoilée en février 2016], un
système binaire d’étoiles à neutrons
[repéré en août 2017] et la fusion
d’un trou noir et d’une étoile à neu-
t ron s”, complète le New Scientist.
En avril, des astronomes du
Ligo avaient cru avoir détecté
pour la première fois la fusion de
ces deux corps différents, mais la
suspicion qu’il s’agisse de bruits

de fond d’origine terrestre était
trop importante pour que cette
annonce soit confirmée. “Cette
fois-ci, les cher-
cheurs sont
pratiquement
certains que le
signal venait
d’ailleurs que de la Terre”, insiste
l’hebdomadaire britannique.
“Nous sommes convaincus d’avoir
détecté un trou noir qui a gobé une
étoile à neutrons”, insiste dans
un communiqué Susan Scott,
théoricienne en physique à l’Uni-
versité nationale australienne,
à Canberra. Mais elle ajoute :
“Toutefois, il existe une autre possi-
bilité, très faible celle-là, que l’objet
avalé ait été un trou noir très léger,
bien plus léger que n’importe quel
autre trou noir que nous connais-
sions dans l’Univers. Ce serait un
formidable prix de consolation.”
Pour le moment, les scienti-
fiques ne sont pas sûrs de la taille
du trou noir ni de l’étoile à neu-
trons – correspondant aux rési-
dus extrêmement denses d’une
étoile morte –, dont la fusion
aurait provoqué les ondes gravi-
tationnelles détectées. Des ana-
lyses complémentaires devraient
permettre de déterminer avec
précision leurs masses et de
confirmer leurs natures.
—Courrier international

SCIENCES


Un trou noir a gobé


une étoile à neutrons!


Astrophysique. Les détecteurs d’ondes
gravitationnelles auraient détecté une collision
entre un trou noir et les restes très denses
d’une étoile morte. Une première.

LA LETTRE
TECH

D


es bambins de 25 ans leur parlent
comme s’ils étaient séniles et
échappés de l’hospice. Alors les
“vieux” ont quelques raisons de déplo-
rer l’incivilité et le jeunisme oppressant
du monde de la tech, incapable d’ima-
giner que les plus de 65 ans puissent
aussi maîtriser Internet. D’où l’idée de
l’entrepreneur Tom Kamber, encensé
par la MIT Technology Review : il leur
ouvre mieux qu’un refuge, un incu-
bateur spécial troisième âge nommé
“Senior Planet”. Cette société sans but
lucratif offre à la “nouvelle génération
d’entrepreneurs” un site web nourri par
des pros de la haute technologie et sur-
tout, gratuitement pour l’instant, des
lieux de travail, d’échange et de for-
mation dans plusieurs États dont le
Colorado et la Californie. À New York,
leurs locaux sont situés dans le quar-
tier de Chelsea, au beau milieu de la
fameuse Silicon Alley de Manhattan.
Les seniors de Tom Kamber ont peu
de leçons à recevoir de leurs jeunes
confrères des start-up avoisinantes en
matière d’e-commerce et de créativité.
Ils vivent sur la même planète, mais à
leur rythme, sans négliger d’étoffer
leur retraite en ligne.
Une fois n’est pas coutume, le maga-
zine en ligne Gizmodo s’adonne à la
poésie en publiant la longue lettre ouverte
d’un internaute tout ému d’avoir décou-
vert “une oasis dans l’enfer d’Internet” :
la communauté Bird Twitter rassemble
les amoureux des gracieux volatiles sous
divers hashtags ornithologiques, mais
il se démarque avant tout de la fréné-
sie agressive et de l’obsession politique
du gigantesque réseau social. Plutôt
que de collectionner les followers, les
bird twitters se rencontrent, s’invitent
mutuellement à des promenades de “bird
watching” (“observation des oiseaux”),
échangent des photos de spécimens
rares, parlent de choses et d’autres en
liant de vraies amitiés.
Google aussi aimerait ramener le calme
dans les conversations en ligne de ses
quelque 100 000 salariés. Le Washington
Post rapporte qu’une note de la direc-
tion ordonne aux employés d’éviter les
discussions politiques sur le site interne
et de limiter les échanges aux sujets liés
au travail. Le ton de la missive marque
un tournant dans la culture d’entreprise
la plus désinhibée de la Silicon Valley.
Google, jusqu’à présent, encourageait

les employés à se mêler des affaires du
monde et à consacrer 20 % de leur temps
de travail à des activités extraprofes-
sionnelles, artistiques ou associatives.
La nouvelle directive viserait à étouffer
une rébellion du personnel contre les
offres de service de Google aux forces
armées américaines, et à démentir la
réputation farouchement progressiste et
anti-Trump de ses employés, au moment
où la Maison-Blanche et les élus répu-
blicains accusent tous les Gafa d’hosti-
lité envers leurs idéaux conservateurs.
Le système judiciaire américain
regorge de surprises sidérantes. Peu
de prévenus qui attendent leur procès
savent, par exemple, que leur possible
libération conditionnelle dépend autant
du bon vouloir d’un juge que d’un pro-
gramme informatique. 20 % des juridic-
tions du pays utilisent des Public Safety
Assessment (PSA) : plutôt que d’étudier
elles-mêmes le dossier, les autorités judi-
ciaires recourent à un algorithme qui
mouline les informations disponibles
sur l’accusé, ses antécédents judiciaires,
son emploi et même son code postal,
et évalue ainsi son risque de fuite ou sa
propension à commettre un crime vio-
lent pendant sa libération conditionnelle.
Il est noté de 1 à 6. Au-dessus de 3, le
prévenu peut être contraint de rester
en prison jusqu’à la date de son procès.
Aussi froid et déshumanisé soit-il, ce
système est réputé plus juste et objec-
tif que la libération sous caution, qui
pénalise les prévenus les plus pauvres.
Mais les critiques se multiplient. En
juillet, une opinion parue dans le New
York Times, puis une enquête fouillée
de The Appeal, un site d’investigation
judiciaire, déploraient l’importance
accordée à ce logiciel dont les calculs
mystérieux exagèrent les risques de
crime violent perpétrés par des préve-
nus en attente de procès.

PHILIPPE COSTE, à New York

Les papys se rebiffent


et les notes de service de Google


Tous les quinze jours,
l’actualité de la Silicon
Valley vue des États-Unis

SUR NOTRE SITE
courrierinternational.com

Inscrivez-vous sur notre site
pour recevoir chaque mardi
La lettre tech.

↓ Vue d’artiste d’un trou noir
détruisant une étoile proche. Photo
M. Garlick/Science Photo Library/AFP
Free download pdf