Courrier International - 29.08.2019

(Brent) #1

Alexander von Humboldt,


pour l’amour de la science


Les explorateurs 6/6


En 1799, le naturaliste et géographe


allemand entreprend un périple


de cinq ans en Amérique du Sud.


Il en revient avec le statut de héros



  • et une conception révolutionnaire


du monde qui nous entoure.


—Deutsche Welle, Bonn


L

orsqu’il se met en route, le 23 juin 1802, pour
faire l’ascension du Chimborazo, Alexander
von Humboldt [1769-1859] débute une expé-
dition destinée à entrer dans l’histoire. Le
Chimborazo est alors considéré comme la
montagne la plus élevée sur Terre et personne
n’en a jamais atteint le sommet. Accompagnés de trois
guides indigènes portant leurs instruments, Humboldt
et ses deux compagnons de voyage sont néanmoins
déterminés à braver le froid des hautes altitudes et à
gravir les 6 263 mètres du volcan équatorien.

L’ascension est tellement difficile que l’explorateur
allemand écrit à son frère : “Les Indiens qui nous accom-
pagnaient sont partis, déclarant que nous essayions de les
tuer. Nous étions donc seuls, Bonpland, Carlos de Montúfar,
moi et un de mes serviteurs, qui portait quelques-uns de
mes instruments.”
Ce n’est toutefois pas l’épuisement, ni la neige, ni
le manque de vêtements ou d’équipement appropriés
qui les empêchera d’atteindre le sommet, mais une
immense crevasse. Malgré la raréfaction de l’oxy-
gène et leurs membres ankylosés, les explorateurs
parviendront à 5 900 mètres d’altitude, selon les
calculs de Humboldt. Qu’importe si le Chimborazo
est plus tard détrôné par l’Himalaya [en tant que
plus haut sommet du monde] ; aucun être humain
n’a jamais atteint une telle altitude. Leur record va
rester imbattu pendant trente ans.

Venezuela : 1799-1800
Alexander von Humboldt n’aurait même pas songé en
rêve à de telles prouesses au moment où il quittait l’Es-
pagne et le port de La Corogne, le 5 juin 1799, en com-
pagnie du botaniste français Aimé Bonpland. Outre
leurs vêtements et leurs couchages, les deux hommes
embarquent des dizaines de caisses remplies d’instru-
ments – parmi lesquels plusieurs télescopes, un sextant,
un quadrant, une aiguille de 12 pouces, des compas,
un pendule, des baromètres, plusieurs thermomètres,
deux électromètres, un microscope, un hygromètre et
un cyanomètre pour mesurer le bleu du ciel.
Après une escale sur l’île de Tenerife, dans les
Canaries, leur navire jette l’ancre au large de Cumaná,
au Venezuela, au bout d’une traversée de quarante et un
jours. On imagine le soulagement des aventuriers → 40

SÉRIE D’ÉTÉ



  1. Courrier international — no 1504 du 29 août au 4 septembre 2019


MAGAZINE
Dernière séance à Santiago • Cinéma ............ 42
Peppa Pig, Maya, l’abeille et moi • Culture ..... 44
À la limite de l’absurde • Tendances ............ 46

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→ Illustration de Pierluigi
Longo, Italie, pour
Courrier international.
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