Les Echos - 21.08.2019

(lily) #1

Les Echos Mercredi 21 août 2019 ENTREPRISES// 15


traité, mais c’est la première réponse
immédiate et peu coûteuse qui mar-
que le retour des Etats-Unis dans le
secteur des missiles sol-sol », expli-
que Corentin Brustlein, directeur
du Centre des études de sécurité de
l’Ifri. Washington a d’ailleurs déjà
averti qu’il testera en novembre un
missile balistique d’une portée trois
fois supérieure de p lus d e 3.000 km.

La Chine en ligne de mire
Le tir de dimanche dernier est aussi
le premier avertissement lancé à la
Chine, dont l’arsenal ne cesse de
s’étoffer. Les Etats-Unis veulent
déployer des missiles dans les îles
Pacifique pour percer les défenses
antiaériennes chinoises. La Chine a
d’ailleurs immédiatement réagi au
tir, en redoutant que Washington ne
« relance la course aux armements et
conduise à une escalade des confron-
tations militaires ».
Après un an et demi de pression
sur la Russie qu’ils accusent d’avoir
brisé le traité avec, entre autres, son

missile Kalibr, les Etats-Unis se sont
retirés du traité FNI le 2 août der-
nier. Ce traité bilatéral interdisait
aux Etats-Unis et à la Russie de
déployer des missiles au sol d’une
portée de 500 à 5.500 kilomètres. Il
a eu l’immense mérite de geler la
prolifération des missiles sol-sol
dans le monde entier, au vu des
retards technologiques de l’Asie.
Ce temps est révolu. Le premier
voyage du nouveau secrétaire
d’Etat à la Défense du gouverne-
ment Trump, Mark Esper, nommé
le 23 juillet dernier, a d’ailleurs eu
lieu dans le Pacifique, où il voulait
tester les alliées des Etats-Unis sur
la possibilité d’installer chez e ux c es
missiles sol-sol. L’Australie comme
la Corée du Sud ont vivement
démenti toute possibilité d’installer
de telles armes sur leur territoire.

L’ Europe s’inquiète
Plus de vingt ans après le démantè-
lement d ’une g rande p artie des mis-
siles russes SS20 et américains
Pershing (2.692 missiles éliminés),
l’équilibre des forces pourrait donc
changer. Dans l’immédiat, les mis-
siles air-sol et mer-sol sont déjà lar-
gement suffisants pour faire régner
une sorte d’équilibre de la terreur.
« L’avantage du sol-sol est qu’il est
moins coûteux et moins vulnérable
puisqu’il peut être tiré d’une cache
terrestre et non de plates-formes
aériennes ou maritimes plus vulné-
rables », rappelle Corentin Brust-
lein. L’Europe craint notamment
que la Russie adapte une version
terrestre de son missile naval Kalibr
utilisé en Syrie et s’en serve pour
affaiblir l’Union européenne.
« Selon l’endroit où seraient installés
les missiles, ils menaceraient les pays
d’Europe de l’Est et pas ceux de

Anne Bauer
@annebauerbrux


La manière dont les Etats-Unis ont
enterré le traité sur les forces
nucléaires à portée intermédiaire
(traité FNI) ne laisse guère de dou-
tes sur une reprise de la course aux
armements. Le Pentagone a diffusé
dans l a nuit du 19 au 20 a oût la vidéo
du premier test de missile de portée
intermédiaire mené à terre, depuis
la signature en 1987 du traité FNI
entre l’URSS et les Etats-Unis.
Tiré de l’île San Nicolas, au large
de la Californie, l’engin « a touché
avec précision sa cible après plus de
500 km de vol », a précisé l e départe-
ment américain de la Défense.
Ajoutant que « les données
recueillies et les leçons tirées de ce test
donneront les informations néces-
saires au développement de nouvel-
les armes de moyenne portée ».
A priori, le missile tiré n’a rien
d’une prouesse technologique. Ses
performances sont à peu près c elles
des missiles de croisière Toma-
hawk utilisés par la marine améri-
caine. « Ce test de missile convention-
nel n’illustre pas une rupture
technologique et avait été annoncé
depuis pratiquement dix-huit mois
afin d’inciter la Russie à respecter le


DÉFENSE


Trois semaines après
leur retrait du traité
d’interdiction
des armes de portée
intermédiaire,
les Etats-Unis ont fait
la publicité d’un tir
de missile.


Les Etats-Unis affichent leur volonté


de développer de nouveaux missiles sol-sol


Elanco Animal Health, pour
7,6 milliards de dollars (6,9 mil-
liards d’euros). L’opération sera
menée pour partie en cash (5,3 mil-
liards de dollars) et le reste en
actions Elanco.
La transaction s’inscrit dans le
cadre d’une série de cessions
d’actifs non stratégiques annoncée
par le groupe de Leverkusen en
novembre 2018. Celle-ci faisait
suite au rachat de Monsanto pour
63 milliards d e dollars, l’été dernier.
Bayer souhaitant ainsi se recentrer
sur ses activités de pharmacie et
d’agrochimie.
Sous la pression des investis-
seurs, dont certains fonds activis-

tes, le président du directoire du
géant allemand avait répété son
intention de céder la partie santé
animale du groupe. Cette division
ne représentant que 1,8 milliard de
dollars sur les 40 milliards de chif-
fre d’affaires de Bayer, l’an dernier.
Pour Elanco, ce rachat repré-
sente l’occasion de créer « le
numéro deux mondial de la santé
animale », précise le communiqué
commun des deux entreprises.
L’ancienne division d’Eli Lilly,
basée dans l’Indiana et employant
5.800 personnes, est née en sep-
tembre 2018 via une introduction
en B ourse. Eli Lilly c herchait ainsi à
imiter les autres grands groupes

pharmaceutiques, comme Pfizer
(en 2013) et Sanofi (en 2017), qui se
sont tous séparés de leur division
santé animale, pour se concentrer
sur la recherche de médicaments.

Limiter la vulnérabilité
En rachetant celle de Bayer, Elanco
va renforcer considérablement ses
activités animaux de compagnie à
l’heure où le secteur agricole est
devenu plus instable, note Bloom-
berg. Et pour cause, le laboratoire
américain a annoncé, la semaine
dernière, revoir à la baisse ses pré-
visions de ventes à la suite de l’éclo-
sion de la grippe porcine en Asie.
« Avec une entreprise de santé ani-

male plus grande et plus diversifiée,
le pourcentage de vulnérabilité sera
inférieur », estime Jeffrey Sim-
mons, PDG d’Elanco.
Le dirigeant entend ainsi rassu-
rer ses investisseurs quant à cette
acquisition. Le titre reculait d’envi-
ron 8 % à l’ouverture de la Bourse à
New York, mardi. Elanco espère
connaître le même succès que Zoe-
tis, l’ancienne division de Pfizer et
numéro un du secteur. Depuis
qu’elle est devenue indépendante,
la société a vu son cours multiplié
par trois.

(


Lire « Crible »
Page 26

Enrique Moreira
@EnriqueMoreira


Bayer poursuit son plan de restruc-
turation. Le géant allemand de
l’agrochimie a annoncé, ce mardi,
la cession de sa division santé ani-
male au laboratoire américain


CHIMIE


Le géant agrochimique
allemand va vendre sa
division au laboratoire
américain Elanco
Animal Health.


Bayer vend sa division santé animale pour 7,6 milliards de dollars


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SÉRIE D’ÉTÉ

«ONAVOLÉ LE SCEPTRE


DE JUPITER »


le feuilleton


politique de l’été


l’Ouest, donnant ainsi à la Russie un
instrument de division », explique le
chercheur.
Dans l’immédiat, Moscou a
répété ses promesses de ne pas
déployer de nouveaux missiles tant
que Washington ne le fera pas. En

visite en France, le président russe
Vladimir Poutine a accusé les Amé-
ricains de ne pas « écouter » Mos-
cou. Il a rappelé que Moscou avait
mis sur la table un moratoire sur le
déploiement des armes nucléaires
prohibées par le traité FNI. Pour

l’heure, seul le traité START, qui
maintient les arsenaux nucléaires
russes et américains bien en deçà
du niveau de l a Guerre froide, l imite
encore la course aux armements
nucléaires. Mais START arrive à
échéance en février 2021...n

Le département de la Défense a déclaré avoir testé avec succès un missile conventionnel
depuis sa base de l’île San Nicolas en Californie. Photo APF

1 , 8

MILLIARD DE DOLLARS
Le montant que représente
la division santé animale
sur les 40 milliards
de chiffre d’affaires du géant
allemand, l’an dernier.

« Les données
recueillies et
les leçons tirées de
ce test donneront
les informations
nécessaires
au développement
de nouvelles armes
de moyenne
portée. »
DÉPARTEMENT AMÉRICAIN
DE LA DÉFENSE
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