Les Echos - 21.08.2019

(lily) #1

16 // ENTREPRISES Mercredi 21 août 2019 Les Echos


ont réuni acheteurs et vendeurs du
monde entier. Le point d’orgue des
trois jours d’enchères aura été
dimanche, avec deux lots qui ont
dépassé la barre du million d’euro,
une fille de Dubawi à 1,6 million
d’euros et un fils de Galileo à
1,5 million d’euros.
Au total, l’édition 2019 de la vente
de Deauville se termine sur des
indicateurs en progression dans
tous les domaines. Le chiffre d’affai-
res s’établit à 43 millions d’euros,
soit une hausse de 17 % par rapport
à 2018. Le pourcentage de vendus
s’améliore (à 76 %) tandis que le
prix moyen enregistre, lui aussi,
une f orte hausse et s’élève à
187.000 euros (+17 %), un chiffre
encore jamais atteint auparavant.
Et d’autant plus satisfaisant que le
marché est actuellement plutôt en
contraction.
« Notre offre avait été assez ajus-
tée au critères de la demande. Les

moyen de 353.483 euros, soit un
chiffre d’affaires de plus de 10 mil-
lions d’euros. Le haras des Capuci-
nes (Orne) a rrive à la s econde p lace
avec 27 produits vendus,
devançant le haras d’Etreham, La
Motteraye Consignement et Fair-
ways Consignement, tous situés
dans le Calvados.

Un acheteur
à près de 5 millions
« Ces très bons résultats sont une
juste récompense pour les investis-
sements importants consentis par
les éleveurs français qui ont dû faire
face à des coûts de production en
progression », poursuit le p résident
de la maison de ventes.
Côté acheteurs, on trouve sur le
podium Godolphin, Amanda Skif-
fington, Mitsu Nakauchida. Le pre-
mier, représentant le souverain de
Dubaï, Mohamed ben Rachid al-
Maktoum, présent à Deauville ce

Martine Robert
@martiRD


Le catalogue était alléchant et il a
effectivement tenu ses promesses.
Comme chaque année, les ventes
de près de 500 yearlings (des jeu-
nes chevaux de 18 mois), organi-
sées depuis samedi par Arqana,


ENCHÈRES


Avec un chiffre d’affaires
de 43 millions d’euros,
en hausse de 17 %,
les ventes de chevaux
pur sangs à Deauville
ont connu des enchères
record.


Deux lots ont atteint
ou dépassé 1,5 million
d’euros.


acheteurs ne s’y sont pas trompés et
la forte hausse d u prix moyen obser-
vée ces trois derniers jours reflète
l’adéquation de l’élevage français
avec les critères très stricts des plus
grands acheteurs français et inter-
nationaux », commente Eric
Hoyeau, président d’A rqana.

Parmi les vendeurs, les haras
normands occupent les cinq pre-
mières places. Avec les deux « top
prices » de ces ventes, l’écurie des
Monceaux (Calvados), dirigée par
Henri Bozo, prend une nouvelle
fois la tête du classement avec
29 yearlings vendus à un prix

Le chiffre d’affaires
s’établit à 43 millions
d’euros, soit
une hausse de 17 %
par rapport à 2018.

cette place traversée par la 2e divi-
sion blindée du général Leclerc,
cette place où le chef des Forces
françaises de l’intérieur d’Ile-de-
France avait installé son poste de
commandement.
Et, du même coup, un patri-
moine historique est réhabilité
puisque le musée a investi les
pavillons du XVIIIe s iècle de Claude-
Nicolas Ledoux, à deux pas des
catacombes, qui drainent
500.000 visiteurs par an. Le par-
cours et la scénographie ont été
repensés autour de deux figures
héroïques de la Seconde Guerre
mondiale, l’officier de cavalerie Phi-
lippe Leclerc de Hauteclocque et le
haut fonctionnaire Jean Moulin.
Ce chantier de 20 millions
d’euros, dont 13 pris en charge par
la Ville de Paris, aux côtés de mécè-

nes (AXA France, fondations La
France Mutualiste, Carac, Banque
Populaire Rives de Paris) et de
l’Etat, est le plus important de la
municipalité après celui du musée
Carnavalet. « Esthétique, lumi-
neux, pédagogique, engagé, ce
musée est précurseur d’une nouvelle
génération de sites culturels, traits
d’union entre générations », expli-
que Christophe Girard, président
de Paris Musées.

Immersion dans l’histoire
Ainsi la lumière fait ressentir
l’ambiance de chaque période : de
zénithale et puissante dans la salle
de l’Exode, elle baisse progressive-
ment vers l’ombre de la France
occupée et la pénombre de la Résis-
tance, pour retrouver son éclat
pour la Libération. Gravés sur les

Installé dans un bâtiment banalisé
sur la dalle de la g are Montparnasse,
c’était le moins fréquenté des
musées de la Ville de Paris, avec seu-
lement 10.000 visiteurs par an. Il fal-
lait lui offrir une position plus cen-
trale et un cadre plus évocateur.
C’est c hose f aite : l e musée de la Libé-
ration de Paris - musée du Général-
Leclerc - musée Jean-Moulin, qui
sera inauguré le 25 août prochain, a
migré à Denfert-Rochereau, sur


CULTURE


Vingt millions ont été
investis pour méta-
morphoser ce musée
méconnu qui rouvre
ce week-end place
Denfert-Rochereau.


Gravés sur les murs
comme autant
de traces indélébiles,
des graffitis évoquent
la mémoire
des résistants
et des déportés.

week-end, devance très largement
tous ses concurrents, avec 8 year-
lings achetés pour un total de
4,9 millions d’euros.
Agent basé en Angleterre,
Amanda Skiffington et l’entraî-
neur Japonais Mitsu Nakauchida
ont dépassé des enveloppes supé-
rieures à 2 millions d’euros. « Au
total, onze acheteurs différents ont
investi plus de 1 million d’euros.
Nous avons eu de nouveaux visages
venus, notamment, du Japon et une
forte présence américaine », se
réjouit Eric Hoyeau.
Les ventes de yearlings, appelées
V.2, se poursuivaient mardi avec
des poulains et pouliches sélec-
tionnés cette fois pour leur préco-
cité. Un marché intermédiaire, fré-
quenté par une clientèle plutôt
composée d’e ntraîneurs français
et européens, qui pourrait attein-
dre 3 millions d’euros de chiffre
d’affaires.n

Yearlings : des ventes record à Deauville


Cette fille de l’étalon vedette Dubawi, issue de l’écurie des Monceaux, a été adjugée pour la somme record de 1,625 million d’euros. Photo Lou Benoist/AFP


Quand


Pharrell


Williams


anime


Guimet


Depuis le 10 juillet et jusqu’au
23 septembre, le Musée national
des arts asiatiques-Guimet
(MNAAG) a donné carte blan-
che à l’artiste japonais MR pour
une exposition dont le commis-
sariat a été assuré par le chan-
teur américain Pharrell
Williams, le tout avec le soutien
du galeriste Emmanuel Perro-
tin. « A Call to Action » dépeint
des enfants i nspirés d es mangas,
émergeant d’un monde devenu
chaotique par la faute des adul-
tes. Déjà en 2014, le musicien de
« Happy » avait supervisé l’expo-
sition « Girl » à la galerie Perro-
tin et avait confié le clip de son
album éponyme à MR.
Avec ces cartes blanches don-
nées u ne f ois p ar a n à des artistes
contemporains, le MNAAG
attire u n public plus j eune : a insi,
sur les près de 300.000 visiteurs
accueillis annuellement, on
constate en 2018 une augmenta-
tion de 31 % des moins de 18 ans
et une hausse de 23 % des
18-26 ans. « Cela fait venir des visi-
teurs différents, crée un attache-
ment a u musée, forme le public de
demain », note Sophie Maka-
riou, présidente de Guimet.
« L’art contemporain dans les
musées, ce n’est cosmétique, cela
permet d’interroger différem-
ment les collections », ajoute
celle qui est à la tête d’une
équipe de 170 collaborateurs. Et
cela enrichit ces mêmes collec-
tions puisque les plasticiens
invités font généralement
cadeau d’une oeuvre.

Des recettes modestes
Parallèlement, le musée déve-
loppe une programmation
mêlant musique, conférences,
performances, cinéma, et multi-
plie les partenariats susceptibles
d’élargir sa communauté de
fans, comme le Palais de Tokyo
ou le Silencio, le club du réalisa-
teur David Lynch.
Depuis 2014, Guimet a par
ailleurs engagé une refonte
muséographique de ses salles,
pour mieux présenter ses collec-
tions permanentes d’art asiati-
que, et ce réaménagement va se
poursuivre en 2020. Le restau-
rant a été refait, de même que la
terrasse du 4e étage avec sa vue
sur la tour Eiffel, privatisables
pour des événements.
La collection d’art asiatique
du MNAAG figurant parmi les
plus importantes au monde, le
musée est extrêmement solli-
cité par des prêts (plus de 400
par an) qui renforcent sa noto-
riété initiale. Le musée tire ainsi
des recettes n on négligeables de
ses prêts au Louvre Abu Dhabi,
avec une centaine d’œuvres
mises à disposition du musée
des sables. « Car notre budget
cumulé en fonctionnement et
investissement est modeste :
10 millions d’euros en 2018, dont
la moitié de subventions. Il faut
donc faire beaucoup avec peu! »
poursuit S ophie Makariou. Et le
mécénat est encore peu déve-
loppé, avec 775.000 euros en
2018, en hausse toutefois de
47 % depuis 2015. —M. R.

4
À NOTER
Le MNAAG coiffe aussi
le musée d’Ennery et l’hôtel
d’Heidelbach.

CULTURE


Le musée dédié
à l’art asiatique fait
des incursions dans
l’art contemporain
pour rajeunir, avec
succès, son public.

murs comme autant de traces indé-
lébiles, des graffitis évoquent la
mémoire des résistants et des
déportés. Des installations audiovi-
suelles rythment les g rands
moments de l’histoire, et, au poste
de commandement de Rol-Tanguy,
installé 20 mètres sous terre, le
public est plongé dans une
ambiance insurrectionnelle.
Les collections sont issues d e legs
et de donations, complétées par des
acquisitions et des dons, soit
300 objets, documents originaux,
photos, vidéos d’archives. Elles sont
accessibles gratuitement, et un
compagnon de visite, dispositif
digital d’aide à la visite, est téléchar-
geable gratuitement en ligne. Le
musée ainsi métamorphosé espère
attirer au moins 80.000 visiteurs
par an. —M. R.

Le renouveau du musée de la Libération de Paris

Free download pdf