26 // Mercredi 21 août 2019 Les Echos
// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.635,3 milliards d’euros (au 12-08-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,58 en juin 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8 ,5 % au 4e trimestre 2018
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018
=
Les chiffres de l'économie
crible
Un coup de pubs
Le groupe de Li Ka-shing mise sur
l’immobilier de Greene King, Brexit ou pas.
Il y en a que le Brexit excite. Après le fonds de pension de l’armée turque
en piste pour reprendre British Steel, c’est le groupe du milliardaire
hongkongais Li Ka-shing qui lorgne vers Albion. S on bras immobilier
coté, dirigé par son fils Victor, est en passe de racheter le brasseur
Greene King. Ces deux investisseurs bien connus des radars
internationaux – Oyak et CK Asset Holdings – sont donc prêts à courir
le risque d’une gueule de bois pour cause de « hard Brexit », au lieu
de rester sobres en suivant cet interminable feuilleton. Les gérants
de portefeuilles savent, il est vrai, que les prises de risques se mesurent
toujours en termes relatifs. Non seulement l’ex-Empire ottoman
et l’ex-territoire britannique ne sont plus des havres de paix, eux non plus,
mais en plus le cours de la livre a enfoncé de nouveaux planchers
ces dernières semaines, de quoi redonner soif à des acheteurs avertis.
Il reste quand même à boucler ces deux « deals » opportunistes.
Oyak va devoir scruter les comptes d’un groupe industriel en difficulté,
pour voir ce qui peut être sauvé. Et CK Asset Holdings a peut-être eu
la pinte un peu pingre, malgré ses 3 milliards d’euros. Car la prime
sur le dernier cours (51 %) ne donne pas une forte teneur en multiple
(dix fois l’excédent brut d’exploitation). La décote boursière se justifiait
par un « free cash-flow » quasi nul après dividende. Mais la chaîne
de pubs bicentenaire a aussi la particularité de contrôler
une grosse partie de ses emplacements.
Remède de cheval
De « nos amis les bêtes » à « nos amies les dettes » il y a un pas difficile
à franchir, même quand les taux d’intérêt baissent. La confirmation
du rachat du pôle santé animale de Bayer par Elanco s’est montrée
incapable de prendre les investisseurs dans le sens du poil
(– 0,6 % pour le vendeur et – 8 ,15 % pour l’acquéreur), malgré le bel os
à ronger stratégique consistant à faire monter la part des animaux
de compagnie à la moitié de l’activité globale du nouveau numéro deux
mondial. Comme les 7,6 milliards de dollars récoltés par l’ex-fleuron
allemand, pour soigner ses finances anémiées par l’affaire Monsanto,
seront payés en partie en cash (70 %) et le reste en titres, des Cassandre
peuvent se plaindre simultanément de la montée en flèche de la dette
et de la dilution du nombre d’actions. La cote d’amour du secteur
n’est nullement en cause, visible chez le leader mondial Zoetis
(36 fois les bénéfices), trois fois plus généreuse que celle de son ancienne
maison mère de la santé humaine Pfizer. Sorti l’année dernière du giron
d’Eli Lilly, Elanco (26 fois) devra prouver que le deal sera bien
un remède de cheval pour ses marges. Le niveau d’endettement
pouvait difficilement monter plus haut, à 5 fois l’excédent brut
d’exploitation, et ceci en tenant compte des synergies de coûts.
Il doit redescendre en deux ans à un niveau plus confortable
pour les investisseurs : 3 fois. Tout le monde sait que ce sera plus facile
si l’économie ne ralentit pas trop.
Elanco devra regagner ses galons boursiers pour briller dans la santé animale.
CHAQUE MOIS,
CONNAISSANCE
DESARTS
FAIT DEVOUS
UN EXPERT
EN KIOSQUE DÈSAUJOURD’HUI
La Bourse de Paris en repli
- Retour dans le rouge pour le
CAC 40. L’indice a clôturé la séance
en baisse de 0,50 % mardi, à
5.344,64 points. Et ce, dans un
faible volume d’échanges, de
2,75 milliards d’e uros.
Les marchés ont opté p our la r ete-
nue face à l’incertitude suscitée par
la crise politique italienne. Le prési-
dent du Conseil, Giuseppe Conte, a
démissionné mardi, mettant fin au
gouvernement de coalition formé
par le Mouvement 5 Etoiles et la
Ligue. La communauté financière
observe également avec attention
l’évolution de la guerre commer-
ciale, tandis que la menace d’un
ralentissement de l’économie amé-
ricaine continue d’inquiéter.
Du côté des valeurs, c ’est
ArcelorMittal, titre sensible à la
conjoncture économique, qui a
connu la plus forte chute de
l’indice, cédant 2,15 %. Le secteur
bancaire a également pâti de la
morosité du contexte économique.
Crédit Agricole a décliné de
1,46 %, Société Générale de 1,23 %
et BNP Paribas de 0,65 %. Publicis
a lâché 1,90 %, après l’acquisition
de l’agence de marketing améri-
caine Rauxa.
En dehors de l’indice phare de la
Bourse de Paris, Casino a bondi de
9,22 %. Le groupe a annoncé envi-
sager de nouvelles cessions d’actifs,
pour 2 milliards d’euros, à horizon
mars 2021.
L
’hypermarché est un format déclinant », déclarait
Jean-Charles Naouri en mars, et lui-même ne se
sentait pas très bien. Pourchassé par les vendeurs
à découvert pariant sur la baisse des cours d’une action
plombée par sa dette, il se battait le dos au mur. Il s’est mis
à vendre des actifs avec la même énergie que Donald
Trump à faire des tweets et à s’offrir le Groenland. En
attendant, la remontée du titre Casino a redonné un peu
d’air au PDG du groupe. Cela tombe bien, l’homme
n’aime pas être pris en défaut. Cela n’a jamais été le cas et
telle est sans doute la raison pour laquelle il semble tou-
jours sous une tension extrême. D’entrée, à Normale sup,
le jeune natif de Bône en 1949 battit aux points le record
détenu par le mathématicien Henri Poincaré. On le vit
alors prix Nobel mais, en devenant l’horloger de la déré-
glementation financière de Pierre Bérégovoy, l’intellec-
tuel a préféré plonger dans la finance. Grâce à elle, il bâtit
son groupe et sa fortune. A Casino, il a donné une e mprise
multinationale. Ses cravates sont rouges comme les tee-
shirts de Steve Jobs étaient noirs. On le dit introverti. Cité
par « L’Express », Laurent Fabius aurait dit de lui : « Quel
déploiement d’intelligence mais quelle absence de cœur! »
Parole d’orfèvre... Désormais, le normalien parle bio,
e-commerce, formats premium. Le « parrain » de la dis-
tribution française a appris à lire le langage du com-
merce comme il lit le grec ancien. Dans le texte. Certains
passages sont plus difficiles à décrypter que d’autres.
(
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Jean-Charles Naouri
EN VUE