Les Echos - 21.08.2019

(lily) #1

Les Echos Mercredi 21 août 2019 FRANCE// 03


Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux


Respect absolu d e l’autorité de l ’Etat
ou application sans faille du prin-
cipe de précaution? C’est, sommai-
rement brossé, le dilemme que la
justice va devoir trancher en appe-
lant Daniel Cueff, le maire de Lan-
gouët, une petite commune d’Ille-
et-Vilaine, à comparaître jeudi
matin à la barre du tribunal admi-
nistratif de Rennes. L’élu doit
répondre de l’arrêté municipal qu’il
a signé le 15 mai dernier et qui inter-
dit d’épandre des pesticides « à une
distance inférieure à 150 mètres de
toute parcelle cadastrale compre-
nant un bâtiment à usage d’habita-
tion ou professionnel ».
L’initiative n’est pas du tout du
goût des autorités de l’Etat, en
l’occurrence la préfecture d’Ille-et-
Vilaine, qui a saisi la justice admi-
nistrative pour obtenir l’annulation
de l’arrêté litigieux. Celui-ci serait
hors de proportion avec la menace
qu’il s’agit d’écarter.
Le maire peut « intervenir au titre
de ses pouvoirs de police générale si
cette intervention est justifiée par des
circonstances particulières locales
ou en cas de péril imminent », recon-


ENVIRONNEMENT


Une dizaine de mairies
ont pris un arrêté
interdisant l’usage
de pesticides, dont le
très décrié glyphosate,
sur leur territoire.


Elles se retrouvent
dans le collimateur
de l’Etat, ou redoutent
de l’être.


Bras de fer entre l’Etat et des maires


autour de l’interdiction des pesticides


l’environnement. Ces municipalités
« frondeuses » ne sont pas toutes
rurales. Il y a aussi des villes. En mars
dernier, Dijon a pris un arrêté anti-
pesticides et plus r écemment
Sceaux, dans les Hauts-de-Seine.
Cette ville de la première cou-
ronne parisienne en a récemment
transmis le texte à la métropole du
Grand Paris, qui « règne » sur
131 communes, dans l’espoir de voir

naît la préfecture dans un commu-
niqué, mais pas « dans ce cas pré-
cis », où « ces circonstances ne sont
nullement démontrées », selon elle.

Le glyphosate de retour
Daniel Cueff, lui, estime n’avoir
guère eu d’autre choix pour proté-
ger ses administrés de substances
chimiques nocives pour leur santé.
Entre autres, le glyphosate, que
l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) a classé « cancérigène pro-
bable » depuis 2015. Cette même
substance dont le chef de l’Etat a
estimé, en janvier dernier, qu’il
serait impossible de se passer à
100 % dans l’agriculture en 2021,
l’échéance qu’il avait fixée un an

plus tôt pour son interdiction t otale.
« On voit que les agriculteurs ne sont
pas prêts techniquement à suppri-
mer le glyphosate. Ils ne cherchent
pas d’alternative et pourtant ça
existe », estime l’élu breton. Son
arrêté doit servir d’électrochoc
pour réveiller un d ébat q ui s emblait
éteint avec la démission de Nicolas
Hulot, à la tête du ministère de
la Transition écologique et soli-
daire, fin août 2018.
Les organisations écologiques ne
se privent pas de donner de l’écho à
cette initiative. L’association natio-
nale Agir pour l’environnement
déclare qu’elle la « soutient sans
réserve ». Ses adhérents et sympa-
thisants sont appelés à manifester

jeudi devant le tribunal administra-
tif de Rennes.

Une porte ouverte
La commune de Langouët n’est pas
un cas isolé. « Une dizaine de maires
ont pris des arrêtés du même type.
Avec des effets identiques, à savoir
que tous les préfets dégainent des
recours », indique Stephen Kerc-
khove, le d élégué général d’Agir pour

Le glyphosate a été classé « cancérigène probable » depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Photo Stéphane Leitenberger/RÉA

élevé, les boursiers percevront
5.612 euros.

Gel des frais de scolarité
Si elle est appréciée, cette revalo-
risation est jugée insuffisante par
les deux principaux syndicats
étudiants, la Fage et l’Unef, qui ont
dénoncé ces derniers jours
une forte hausse du coût de la ren-
trée universitaire. Pour la Fage,
elle se monte à 1,96 %, tandis
que l’Unef table sur une augmenta-
tion de 2,83 %. « La revalorisation
des bourses avait déjà été annoncée
et elle est prise en compte dans
notre étude, déplore Mélanie
Luce, présidente de l’Unef. Cela ne
change pas notre demande de plan
d’urgence de refonte des aides
sociales. »
Le ministère insiste sur le fait que
« le montant des frais d’inscription
à l’université est gelé » cette année.

Il faut débourser 170 euros pour
la licence, 243 euros pour le master
et 380 euros pour le doctorat. Les
étudiants sont également exemptés
pour la deuxième année consécu-
tive de cotisation au régime étu-
diant de Sécurité sociale, soit une
économie de 217 euros.
Dernière bonne nouvelle pour
les lycéens boursiers qui ont
accepté sur Parcoursup une propo-
sition d’admission pour une forma-
tion l ocalisée h ors de leur académie
d’origine : ils peuvent prétendre à
une aide de 500 euros. Au total,
5.500 demandes ont déjà été enre-
gistrées selon le ministère.

60.000 candidats
sans affectation
Pour les syndicats, le compte n’y est
pas. Mélanie Luce rappelle que
pour les étudiants étrangers non
européens les frais de scolarité sont
multipliés par quinze cette année.
Pour les étudiants français, le gel
des frais d’inscription était déjà fixé,
et les droits à verser seront dès
l’année prochaine indexés sur
l’inflation.
Frédérique Vidal se veut rassu-
rante, notamment au sujet du fonc-
tionnement de Parcoursup cette
année. Elle affirme que « tout le
monde ou presque » bénéficiera
d’une place. « La phase principale
s’est terminée, cela a été beaucoup
plus vite que l’an dernier », a-t-elle
souligné. A l’issue de la phase
d’admission l e 19 j uillet, 60.000 c an-
didats n’avaient pas de places dans
l’e nseignement supérieur. Un point
sur les affectations des lycéens est
prévu à la rentrée.
— T. C.

Cette année, la rentrée universitaire
se prépare très en amont. Alors que
les étudiants ne sont attendus pour
la plupart qu’à la mi-septembre sur
les bancs des facultés, l a ministre de
l’Enseignement supérieur, Frédé-
rique Vidal, prend les devants. Elle
a effectué dès mardi un déplace-
ment à l’université de Montpellier.
Et, avant de s’y rendre, elle a surtout
annoncé, sur RTL, une revalorisa-
tion de 1,1 % des bourses sur critères
sociaux. Un geste qu’e lle a chiffré à
46 millions d’euros.
Cette augmentation, similaire à
celle de l’inflation constatée en
juillet sur un an, est la première
depuis 2016. « J’ai souhaité faire de
la vie é tudiante une des priorités de c e
ministère », a affirmé Frédérique
Vidal.
Sur u n an, les étudiants devraient
toucher entre 11 et 70 euros de plus.
Le montant d es aides pour l’échelon
0 bis passe ainsi à 1.020 euros sur
dix mois. Pour l’échelon 7, le plus


ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR


La ministre de l’Ensei-
gnement supérieur,
Frédérique Vidal,
a annoncé mardi
une hausse de 1,1 %
des bourses sur
critères sociaux
pour les étudiants.


Un geste de 46 millions
d’euros, insuffisant
pour les syndicats.


Première revalorisation des


bourses étudiantes depuis 2016


Elle a dit


« J’ai souhaité faire
de la vie étudiante
une des priorités
de ce ministère. »

FRÉDÉRIQUE VIDAL
Ministre de l’Enseignement
supérieur
Photo Ludovic Marin/AFP

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ème
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EN PARTENARIATAVEC

son initiative faire tâche d’huile. Ses
élus o nt repéré un défaut de fabrica-
tion dans la loi Labbé, qui laisserait
la porte ouverte au glyphosate. En
vertu de ce texte voté en 2014, les
particuliers et les services espaces
verts des collectivités ont interdic-
tion d’utiliser des pesticides. « Mais
il y a une faille. Une copropriété de
50 logements a tout à fait le droit d’y
recourir », pointe Florence Presson,

maire adjointe (sans étiquette)
chargée de la transition énergéti-
que. Seule obligation : tirer un cor-
don de sécurité pendant six heures.
« On ne peut pas laisser faire ça.
C’est exposer les enfants qui rentrent
de l’école et empruntent les trot-
toirs », se scandalise l’élue dont la
ville entend faire jouer le principe
de précaution. Son arrêté munici-
pal invoque un article du Code de la
santé au nom duquel elle estime
être en droit d’interdire l’usage de
pesticides. Un droit que les autori-
tés préfectorales lui dénient dans
un courrier de juillet dernier. Mais à
ce jour, celles-ci n’ont pas saisi les
juges administratifs.n

Les municipalités
« frondeuses »
ne sont pas toutes
rurales. Il y a aussi
des villes. En mars,
Dijon a pris un arrêté
antipesticides et plus
récemment, Sceaux.
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