Saveurs - 04.2019

(Joyce) #1
JOSÉ LUIS ARISTEGUI
(BODEGA ARISTEGUI)
José Luis Aristegui « sévit » au sud-ouest de la
Galice, dans la région viticole appelée Valdeorras.
Sur la commune d’A Rua, cet ancien économiste
a repris les vignes familiales, une succession
de petites parcelles le plus souvent complantées
de différents cépages, et accrochées à un relief
accidenté. N’allez pas lui mettre une étiquette
sur le dos, le bonhomme, philosophe et plein
d’humour, déteste ça : « Les bio-nature ne sont
pas forcément des saints, les conventionnels pas
le diable. » Lui, en tout cas, travaille « proprement »,
ne désherbe pas ses vignes et, dans la petite
cave au sous-sol de sa maison, laisse les
fermentations se faire avec les levures indigènes
et non les levures industrielles du commerce.
Classés ou non en appellation, ses vins se
montrent très expressifs, riches et puissants.
En blanc, la tendre cuvée Os Mecos Hollejos 2016
(environ 18 €), 100 % godello, s’inscrit dans
ce profil. En rouge, Traste 2016 (environ 16 €),
assemblage de grenache et de mencia, s’affirme,
elle aussi, comme un généreux vin de gastronomie,
velouté, mais sans démesure sur l’alcool. La
signature d’un vigneron, suivi comme son ombre
par son chien, qui trace son chemin en liberté.

IGNACIO GONZALEZ (LA PERDIDA)
Il paraît qu’Ignacio Gonzalez a gagné le surnom de « fou
de Larouco », quand il est venu s’installer en 2011 dans
ce village de la région de Valdeorras, où sa grand-mère
faisait déjà du vin autrefois. Pourquoi « fou »? Parce
que cet ancien ingénieur en microbiologie qui a travaillé
sur des projets à l’échelle européenne s’est engagé
dans une philosophie bio et nature absolument sans
concession. De l’œnologie moderne et standardisante,
il a volontairement tout oublié pour utiliser ses
connaissances agronomiques dans ses parcelles de
vieilles vignes et faire confiance à son raisin et à son
inspiration dans son petit chai, où tous les vins sont
vinifiés en amphore. Le bonhomme est passionnant,
et ses vins aussi. Gros coup de foudre par exemple
pour le Proscrito (20 €), un clairet issu d’un assemblage
de jerez et d’alicante Bouschet – ou garnacha tintorera –,
pour O Poulo, Fillo da Pedra 2017 (24 €), rouge 100 %
alicante Bouschet expressif et droit, doté d’un joli
grain, et O Trancado 2017 (20 €), rouge d’une précision
épatante, d’un soyeux en dentelle et d’une très élégante
intensité. Aucun déséquilibre dans les cuvées, bien au
contraire : la profondeur de ces vins-là n’a rien à voir avec
une quelconque surpuissance mais avec une relation
très intime des vins à leur terroir et à la vendange.

SAVEURS No^254 - 119


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