Saveurs - 05.2019

(lily) #1

EN FIN DE MARCHÉ, LES


BÉNÉVOLES DE L’ASSOCIATION


RÉCUPÈRENT LES INVENDUS


POUR LES REDISTRIBUER.


CASSEROLES SOLIDAIRES


SAVEURS No^255 - 19


effet pendant une demi-journée et j’étais bénévole pour diffé-
rentes associations le reste du temps. J’ai toujours eu ce réflexe
de donner à manger », poursuit celui qui s’est investi dans les
Restos du Cœur et autres organismes d’aide alimentaire.

Donner du sens
Puis, il y a dix-huit ans, suite à une rupture, il décide de ren-
trer chez lui, dans le Nord. Il travaille alors dans une cuisine
d’entreprise tout en essayant de donner un autre sens à sa
vie. « Je voyais des personnes qui cherchaient de la nourri-
ture dans les poubelles et je me suis demandé pourquoi elles
faisaient cela. » Il y a trois motifs de glanage sur les marchés :
par conviction, les adeptes du « freeganisme », qui adoptent
un mode de vie alternatif afin de consommer sans acheter,
par opportunisme – pourquoi acheter alors qu’on peut avoir
de la nourriture gratuite? –, enfin par nécessité. « C’est pour
cette troisième catégorie que j’ai décidé de créer La Tente des
Glaneurs. De nombreuses personnes ne rentrent pas dans les
barèmes des associations d’aide alimentaire et pourtant elles
n’ont pas de quoi s’acheter de la nourriture. Pendant une
période de ma vie, je donnais à manger aux riches, et un jour,
j’ai décidé de donner richement à manger », déclare l’homme
qui a le sens de la formule.

Gagnant-gagnant
Les 650 commerçants du marché de Wazemmes, à Lille, le
deuxième plus grand de France, voient passer 50 000 personnes
le dimanche matin. Et pourtant entre 11 et 18 tonnes de nour-
riture sont jetées chaque semaine. Or il y a moins d’estomacs
vides que de production alimentaire. On peut donc nourrir
tout le monde. Depuis 2010, à la fin du marché, les collabo-
rateurs bénévoles de La Tente des Glaneurs récupèrent les
fruits, les légumes, le pain et les fleurs afin de les redistribuer
équitablement dans chaque cabas donné aux personnes qui
en ont besoin, soit 25 % de familles monoparentales, 25 % de
familles en fin de droit, 20 % d’étudiants, 15 % de retraités,
10 % de salariés pauvres et 5 % de SDF. « On glane donc pour
les gens qui n’ont plus besoin de chercher dans les poubelles,
ce qui assure aussi un retour à la dignité », explique le


  1. Sans les « glaneurs » de l’association, ces salades et potimarrons
    qui n’avaient pas trouvé preneur auraient fini à la poubelle. 2. Le pain
    est également récupéré avant qu’il ne soit rassis, donc invendable.


1


2


255-CASSEROLES SOLIDAIRES-BAT K.indd 19 05/04/2019 11:

Free download pdf