Saveurs - 09.2019

(coco) #1
SELVES 2016, IGP AVEYRON
Oh le beau blanc! Le chenin ne se plaît pas que dans la
Loire. Chez Nicolas Carmarans, il est particulièrement à
son aise sur les arènes granitiques du terroir Mauvais Temps.
La preuve avec cette très élégante cuvée à l’expression
minérale, à la fois riche, sereine et d’une énergie revigorante.
Le 2018 est du même acabit. 22 € chez les cavistes.

MINIMUS, VIN DE FRANCE
On n’aimerait boire que des rosés de cette trempe et
de cette vitalité! 100 % fer servadou, il trouve un excellent
compromis entre tension et matière. Finale salivante et
saline. 14-15 € chez les cavistes.

MAXIMUS 2018, IGP AVEYRON
Il y a comme une évidence à boire ce vin qui semble couler
de source. Délié, net, équilibré et digeste, il est aussi
d’une gourmandise quasi scélérate! Et donne une furieuse
envie de se resservir... 17 € chez les cavistes.

MAUVAIS TEMPS, IGP AVEYRON
Fer servadou, negret de Banhars et cabernet franc, voilà
les ingrédients de ce rouge, dont le délicieux millésime
2016 peut encore tenir dans le temps. Loin d’être une bête
à concours, il se donne en pureté et en finesse, porté par
un grain de bouche discret et sensuel. Le millésime 2018,
goûté sur fût, révèle beaucoup de fond, davantage de
concentration, sans perdre la fluidité et la distinction qui font
la signature des vins du domaine. 20 € chez les cavistes.

FER DE SANG, IGP AVEYRON
Ne pas confondre puissance et intensité. Avec ses très
raisonnables 11,8°, le millésime 2015 de ce vin rouge issu
de fer servadou sur terroir calcaire – achat de raisins à un
domaine en bio – échappe à la première mais ne manque
pas de la seconde. Le terroir cause, la patte du vigneron
aussi. S’il n’y en a plus, foncez les yeux fermés sur le 2018,
lui aussi remarquable. 22 € chez les cavistes.

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Une fois la vendange rapatriée au chai, pas question de trahir le
travail effectué à la vigne et de travestir la matière première. La « cos-
métique de cave » n’est pas le truc de Nicolas. « En blanc, j’ai un
vieux pressoir bourguignon qui fait de beaux jus, très clairs, donc
pas besoin de débourber », opération qui consiste à clarifier le moût
en cuve par précipitation des matières solides non désirées. « Après
le pressurage, j’entonne directement, la fermentation suit, puis je ne
fais plus rien jusqu’à l’assemblage des différents fûts avant la mise
en bouteille. Idem pour le rosé. Et en fonction de la qualité du raisin,
je mets un tout petit peu de sulfites ou pas du tout. » Sur des rouges
comme Maximus et Fer de Sang, Nicolas privilégie des macérations
courtes sur vendanges entières. Pour la cuvée Mauvais Temps, vou-
lue un peu plus concentrée, une partie des raisins est foulée aux
pieds, la macération est un peu plus longue et ponctuée de délicats
pigeages (action de mouiller le chapeau de marc dans le moût).

Intensité et précision
Les vins du domaine possèdent chacun leur tempérament mais
aussi quelques traits fondamentaux communs : fluidité, vitalité,
énergie, éclat, équilibre. Ils sont déliés, pleins, intenses, sans jamais
tomber dans le spectaculaire. Dans d’autres vignobles méridio-
naux, le thermomètre se fait prier pour descendre au cœur de l’été.
Pas en Aveyron. Ici, l’amplitude thermique importante entre le jour
et la nuit, en partie grâce à l’altitude, est une aubaine pour préser-
ver la fraîcheur, la pureté et la précision des arômes.
Les vins de Nicolas Carmarans sont prisés par plus d’un caviste,
à juste titre. Et c’est loin d’être fini : la plupart des vignes étant
encore jeunes, ses vins risquent bien de gagner encore en profon-
deur dans les millésimes à venir, en espérant que le gel ne vienne
pas trop souvent taquiner les parcelles du domaine, comme ce fut
le cas ces dernières années. Et où se déroule cette belle histoire?
Ni à Saint-Émilion, ni à Meursault, mais bien dans l’Aveyron,
vignoble soi-disant de seconde zone, qui abrite quatre appella-
tions, Estaing, Entraygues-Le Fel, Marcillac et Côtes de Millau – les
vins de Nicolas sont, eux, en IGP Aveyron. L’occasion de dire une
fois de plus qu’une AOC renseigne sur la provenance du vin mais
ne dit pas grand-chose de sa qualité, et que seul le travail effectué
par le vigneron sur son domaine lui donne sa dimension. Comme
le Roussillon ou le Jura, qui ont révélé d’excellents domaines ces
dernières années, l’Aveyron montre désormais l’étendue de son
potentiel avec des vignerons bio. « On commence à être une bonne
petite équipe dans l’Aveyron », explique Nicolas. Très attaché à la
transmission, il a aiguillé pas mal de jeunes qui ont fait tout ou
partie de leurs armes chez lui avant de s’installer à leur tour. On
pense notamment à Philippe Rousseau, au Domaine Les Verdus,
à Saint-Cyprien-sur-Dourdou, ou encore à Pauline Broqua, au
Domaine des Buis, à Entraygues-sur-Truyère. Et on en oublie...
Cette nouvelle génération, ajoutée aux piliers comme Nicolas, les
frères Rols ou Yvan-Marie Rufié, constitue une solide mêlée qui
défend avec brio le vin aveyronnais. v
Domaine Nicolas Carmarans, 12460 Montézic. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

LES VINS DU DOMAINE


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