tirent profit. Le bulot de Granville et la moule de bouchot de la
pointe d’Agon se sont ainsi forgé une belle réputation. Idem pour
l’huître dite « Côte Ouest », généreusement exposée aux vents du
large et aux courants des marées, entre Granville et Portbail. Quel
étonnement de voir sur l’estran des dizaines de tracteurs et de
remorques prêts à fendre les eaux! Les ostréiculteurs tels que Le
Père Gus, véritables paysans de la mer, les utilisent pour rallier les
parcs à huîtres. Le ballet de ces engins est un spectacle surprenant.
Sur la terrasse de La Cale, restaurant prisé de Blainville-sur-Mer,
on est aux premières loges. Mieux vaut venir tôt : il se remplit vite
tant l’adresse est courue. Bulots, moules, galettes, tout est parfait,
jusqu’à la teurgoule, à la texture liquide et fondante.
De Blainville, un saut de puce nous conduit à Gouville-sur-Mer
où, sur la crête des dunes, 69 cabines de plage rythment le paysage
en mode polychrome. Transmis de génération en génération, ces
cabanons en bois en font rêver plus d’un.
La remontée du littoral se poursuit, de havre en havre. Ainsi
nomme-t-on des estuaires, entre eau douce et eau salée, façonnés
en permanence par les marées et le climat. D’une heure à l’autre,
le paysage change en fonction de la marée. Sur les 8 havres que
compte la côte, celui de Saint-Germain-sur-Ay est le plus impres-
sionnant, le plus sauvage. À l’intérieur, les marais parfois se
couvrent d’eau – on dit qu’ils « blanchissent » – et quand le coef-
ficient de marée dépasse 93, la route submersible disparaît. Dans
les herbus pâturent en liberté les moutons de pré-salé. Les plantes
halophiles qu’ils broutent, comme la salicorne, confèrent à leur
viande une saveur douce et iodée.
Légèrement en retrait dans les terres, du côté de Créances, les
maraîchers cultivent la fameuse carotte des sables. Françoise
Lemoigne, qui cultive en bio, connaît à fond le terrain. « Deux
champs voisins, dit-elle, n’ont pas forcément la même nature de
sol. Il faut plusieurs années pour les apprivoiser, connaître le poten-
tiel de chacun. » La terre gorgée d’oligo-éléments profite aussi aux
poireaux. Le paysage est un camaïeu de verts : vert gazon des fanes
de carottes, vert bleuté des poireaux, vert feuille pour les haies
touffues des bocages...Irlande de poche
Le nord nous appelle toujours plus haut. Le climat se fait plus
rugueux, plus venteux. Une identité très marquée se dessine dans
la pointe. Routes et chemins sont encaissés entre d’interminables
murets de pierres tapissés de fougères. La presqu’île deMOULES À LA CRÈME
Incontournable
Préparation : 25 min. Cuisson : 20 min. Pour 4 personnes :
n2,8 kg de moules n1 oignon n1 échalote n20 g de beurre
n15 cl de vin blanc sec n4 c. à soupe de crème fraîche
n2 brins de persil frisé nSel, poivre- Épluchez et émincez finement l’oignon et l’échalote. Faites-
les revenir dans une casserole avec le beurre jusqu’à ce qu’ils
deviennent translucides. Versez le vin blanc et poursuivez
la cuisson jusqu’à évaporation complète. Ajoutez les moules
préalablement nettoyées et laissez cuire à couvert jusqu’à
ce qu’elles s’ouvrent. - Ajoutez la crème fraîche et les feuilles de persil ciselées
dans la casserole. Salez, poivrez et mélangez. Servez aussitôt.
Notre conseil vin : un muscadet.
Une recette du restaurant La Cale, à Blainville-sur-Mer.
MARAIS, CRIQUES, FALAISES,
COLLINES VERDOYANTES...
CE PETIT BOUT DE TERRE OFFRE
D’INNOMBRABLES PAYSAGES.
VOYAGER La presqu’île du Cotentin
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