Philosophie Magazine - 09.2019

(Nora) #1

Philosophie magazine n° 132SEPTEMBRE 2019 43


LETEMPS


27 Sept. - 6 Oct. 19


Créées en 2011,
les Rencontres Philosophiques de Langres
présentent tous les ans de nombreux
rendez-vous de culture et de réflexion.

Elles sont organisées par la Ville de Langres,
ville natale de Denis Diderot,
en collaboration avec le Forum Diderot-Langres.

Cette année, elles offrent à un large public
une Nuit des Chercheurs, un Salon du Temps,
une librairie philosophique, des spectacles,
conférences, expositions, visites, films, ...

Elles accueillent en outre les quatre demi-journées
du plan national de formation du ministère de
l'éducation nationale à destination des professeurs
et inspecteurs de philosophie mais ouvertes à tous.

9 édition


e

Rens.: 03 25 87 60 34

Conception : Agence TOMpointCOM / photo : Emmanuel Lattes

LETEMPS


27 Sept. - 6 Oct. 19


Créées en 2011,

les Rencontres Philosophiques de Langres

présentent tous les ans de nombreux

rendez-vous de culture et de réflexion.

Elles sont organisées par la Ville de Langres,

ville natale de Denis Diderot,

en collaboration avec le Forum Diderot-Langres.

Cette année, elles offrent à un large public

une Nuit des Chercheurs, un Salon du Temps,

une librairie philosophique, des spectacles,

conférences, expositions, visites, films, ...

Elles accueillent en outre les quatre demi-journées

du plan national de formation du ministère de

l'éducation nationale à destination des professeurs

et inspecteurs de philosophie mais ouvertes à tous.

9 édition


e

Rens.: 03 25 87 60 34

Conception : Agence TOMpointCOM / photo : Emmanuel Lattes

RENCONTRE AU SOMMET :
CASSIRER ET HEIDEGGER À DAVOS
« De tous les quatre, seuls Heidegger
et Cassirer se rencontrent vraiment. À
l’occasion des “Cours universitaire de Davos”
de mars 1929, un débat est organisé entre les
deux sommités : le vieux philosophe bourgeois
néokantien Cassirer et la jeune et tempé-
tueuse étoile montante de la philosophie
du néant, Heidegger. L’affrontement des
Lumières kantiennes contre le romantisme
noir, en somme. Ils débattent autour de la
question « Qu’est-ce que l’être humain ? »
devant un parterre brillant d’étudiants, dont
Rudolf Carnap et Emmanuel Levinas, tous
fascinés par le tempérament de Heidegger
et acquis à sa cause – ils ont dû bien regretter
ensuite les moqueries dont ils affligeaient
Cassirer. Au cœur des Alpes suisses, Heideg-
ger est comme un poisson dans l’eau, skie,
randonne, arbore un teint halé par le soleil de
la montagne et des tenues confortables. Cas-
sirer garde le lit, affaibli par un mauvais
rhume jusqu’à leur rencontre.
Plus qu’un dialogue entre deux géants,
c’est un événement pivot qui influence la
façon dont la culture germanique s’est déve-
loppée par la suite. Le moment le plus impor-
tant de leur discussion, son climax, a lieu
lorsqu’un étudiant se lève pour demander ce
que la philosophie peut contre la peur, l’an-
goisse qui étreint notre existence face à la
mort. Après un long silence, Cassirer répond
qu’il s’agit d’une question radicale à laquelle
il ne peut répondre que par une confession,
une croyance, non par un argument : il croit
que la philosophie a pour fonction de nous


libérer de cette peur en mettant en avant les
symboles, la culture. Nous devons nous libé-
rer de la peur pour nous consacrer à la tâche
d’être, d’exister de la meilleure des façons
possibles. Heidegger s’insurge et rétorque
que c’est absolument faux, qu’il faut aborder
la peur de plein front. Nous devons nous
y installer, nous y baigner, nous y vautrer
presque, afin de nous confronter au néant
qui nous habite. Ensuite, nous pourrons
trouver un moyen de faire de la philosophie.
À cet instant, on peut comprendre pourquoi
Heidegger prend le chemin que nous lui
connaissons et intègre le parti nazi, alors
que Cassirer sera contraint à l’exil après l’ar-
rivée de Hitler au pouvoir en 1933 et ne re-
tournera jamais en Allemagne. »

DANSER AUTOUR DU MÊME FEU
« On présente d’ordinaire Benja-
min comme le militant communiste et
activiste, Heidegger comme le penseur
ob scur et ardu, franchement pas très sympa-
thique, Wittgenstein comme le tourmenté, et
Cassirer est carrément tombé aux oubliettes.
On les considère toujours séparément, mais
je pense qu’ils dansent autour du même feu.
La question qui les anime est celle de l’homme.
Qu’est-ce que l’homme? Un être de langage.
Tout découle de ce constat. Chose étrange
mais également très symptomatique, si ces
quatre philosophes ont pensé le langage,
mais aussi la vérité et la métaphysique avec
une rare profondeur, aucun d’eux n’a proposé
une éthique. Or c’est peut-être aussi d’une
éthique dont les lecteurs auraient eu besoin
en ces temps sombres de l’entre-deux-guerres.
Plus que des philosophes encore, je crois
qu’il ne faut pas craindre de les appeler des
magiciens. A priori, philosophie et magie sont
incompatibles, ce sont même des contraires.
La magie est de l’ordre de la mise en scène,
de la création d’illusions, de fausses visions,
alors que la philosophie est du côté de la
transparence, de la clarté, des arguments rai-
sonnables. D’une certaine manière, tout cela
est vrai. Mais difficile de ne pas reconnaître
que chaque philosophe produit sur nous un
effet magique : il nous fait voir le monde que
nous croyions connaître et comprendre d’une
tout autre façon. Une fois que vous avez lu
Heidegger, vous ne pouvez plus vous servir
d’un marteau de la même façon – du moins
si vous avez l’habitude de planter des clous
pour placarder des chromos de paysages de
montagne dans votre chalet. Une fois que
vous avez lu Wittgenstein, le langage sonne à
vos oreilles de façon totalement inédite. Une
fois que vous avez lu Benjamin, Paris vous ap-
paraît très différemment. Ils enchantent la
façon dont vous percevez le monde. » 

RELEASED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws
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