Philosophie Magazine - 09.2019

(Nora) #1

IdéesBACK PHILO


« être heureux »
Avoir accès au bonheur en éprouvant un sentiment
continu de satisfaction, être content de son sort.

« L’ignorant »
Celui qui ne sait pas, soit parce
qu’il n’a jamais fait l’expérience de
ce qui est à connaître, soit parce
qu’il n’a pas reçu d’instruction.

EXEMPLES QUI VIENNENT À L’ESPRIT

Le droit pénal postule que « nul
n’est censé ignorer la loi ». Même si aucun
juriste ne connaît toutes les lois, on ne peut
se réfugier derrière l’argument d’ignorance
pour justifier la quête de plaisirs qui
nuiraient à autrui. Le bonheur passe
par la connaissance et le respect des
mœurs de son pays.
« Heureux les pauvres en esprit,
car le royaume des Cieux est à eux »
(Évangile de Matthieu, 5,3). Cette parole
attribuée à Jésus rappelle que le bonheur
qui attend les cœurs purs dans l’au-delà
ne requiert que la foi. Le savoir est inutile
au salut.
Candide, le héros naïf du conte
philosophique de Voltaire (1739),
déduit de ses tribulations à travers
un monde qui ne connaît que des drames
qu’il faut se contenter de « cultiver
son jardin ». Manger en paix des « cédrats
et des limons » peut suffire au bonheur.

PREMIÈRES INTUITIONS

On envie parfois l’innocence
de l’enfant, plus rarement le sourire
de « l’idiot du village », mais souvent
l’authenticité de la vie du berger
qui vit en solitaire dans la montagne.
Par contraste, l’érudit qui a lu tous les
livres semble bien triste. On s’alarme
de la dangerosité du savant fou.
Connaissance et bonheur ne semblent
donc pas liés.
Pourtant, le savoir offre à ceux
qui le possèdent un pouvoir qui les protège
des aléas de l’existence. L’expérience
fait l’homme prudent, autonome, et donc
possiblement heureux. L’ignorant,
lui, semble être aisément manipulable.
S’il est heureux, n’est-ce pas dans
l’attente d’une cruelle désillusion?
Un certain savoir semble donc utile
au bonheur, mais, puisque l’homme n’est
pas omniscient, il doit s’accommoder de
ce qu’il ne connaît pas.

RÉFÉRENCES UTILES

Jean-Jacques Rousseau, Émile
ou De l’éducation (1762). Émile, élève
fictif, ne lit aucun livre avant ses 15 ans.
Seule l’expérience de la nature lui enseigne
les valeurs qui le guideront. À l’abri de
la corruption des hommes, il se forge un
caractère pur, source possible de son bonheur.
Blaise Pascal, Pensées (1670, posthume).
Le goût du « divertissement » montre que pour
supporter le malheur de notre condition
mortelle, nous fuyons dans des activités futiles
comme les jeux de cartes. Ce refus de méditer
sur le sens de l’existence nous éloigne du seul
bonheur auquel on peut aspirer : celui du salut.
Denis Diderot, Supplément au Voyage
de Bougainville (1796, posthume).
Le bonheur des Tahitiens, dont l’île venait
d’être « découverte » en 1767, repose sur
un mode de vie conforme aux prescriptions
de la nature. Tout y est partagé de sorte
que « toute l’île forme une seule et même
famille ». L’état de perfection est un état
d’équilibre entre nature et culture.

L’ignorant peut-il


être heureux?






D éf r i c h a g e


« peut-il »


Possibilité existentielle, droit.


* CE SUJET EST TOMBÉ AU BAC EN 2008 AUX ANTILLES (SÉRIE ES).

80 Philosophie magazine n° 132SEPTEMBRE 2019^

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