Version Femina N°907 Du 18 Août 2019

(Jacob Rumans) #1
Alistair, 20 ans
« Je ne veux pas choisir, et alors? »
« Je ne m’identifi e à aucun des deux genres, ni fi lle ni garçon, mais j’autorise
les personnes à m’appeler par le masculin. Je me sens mieux dans des vête-
ments de garçon mais, à l’occasion, je peux me faire plaisir avec une robe.
J’ai rempli des démarches pour changer mon prénom à l’état civil ; pour autant,
je ne souhaite pas faire de transition médicale. Je ne vois pas en quoi ce serait
une honte! Tout le monde semble vouloir que je choisisse. Un proche est allé
jusqu’à analyser mon dernier achat, des chaussures roses, pour en déduire que
j’étais une fi lle... Et si on prenait plutôt mon bien-être en compte? Par chance,
Internet a changé la donne, j’ai pu rencontrer des personnes dans ma situation.
Mais ça ne suffi t pas. J’ai beau regarder autour de moi, dans les magazines, à la
télé, sur les réseaux sociaux, je n’ai aucun modèle à suivre de plus de 30 ans. »

Alexandre, 18 ans
« J’ai appris à vivre avec les insultes »
« Dès la 6e, le maquillage me fascinait. J’ai commencé par du fond de teint
pour cacher mon acné, puis du rouge à lèvres, du blush et, enfi n, du fard à
paupières. J’étais dans la case du mec gay qui se maquille. Plus j’assumais, plus
je dérangeais. J’ai appris à vivre avec les insultes et les agressions à répétition.
Même après m’être fait casser le nez, je ne me suis pas caché. Quand j’ai lancé
mon compte Instagram, des mecs sont allés jusqu’à uriner sur la porte de
ma maison. Au supermarché, un type m’a bousculé sans raison avant de me
poursuivre jusqu’à la sortie pour me pousser sous les roues d’une voiture.
Forcément tu fi nis par te demander ce que tu fous sur cette Terre. Les petits
riens m’ont aidé à surmonter cette haine, parfois un salut, un sourire ou une
invitation à rejoindre une table un midi au self. Ça change la vie. »

Faustine, 20 ans
« Etre catholique et lesbienne,
ça passe mal »
« Des nonnes considèrent l’homosexualité comme une abomination. Et,
à l’inverse, j’ai été rejetée par certains membres d’une association LGBT+
à cause de ma religion. Au fi nal, j’ai de la chance d’être tombée dans une
paroisse ouverte d’esprit avec un prêtre ultra-gentil. On m’accepte comme
je suis avec ma copine. Plus tard, je rêve qu’on consentira à baptiser mes
enfants... D’autres copains n’ont pas eu les mêmes égards. Ils se sont fait
traiter de monstres ou on leur a proposé “une thérapie de conversion”
[appelée aussi “thérapie de réorientation sexuelle”]. Je plaide toujours
pour la tolérance, mais parfois je me heurte violemment à des murs. »


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