Lesacteurs Klaus
Maria Brandauer
et Robert Duvall,
en 1985.Leurs rôles
ont étéintervertis
la veille dutournage
duBateau phare.
blousons noirs, qui prédominent. Dans le film, le
regardd’un fils adolescent sur son pèrecapitaine
de naviresitue d’emblée le schisme séparant deux
générations. Lafauteàlaguerre, et àl’irruption de
la sociétédeconsommation.
La distribution estdominée par l’Autrichien Klaus
Mari aBrandauer,prototype de l’acteur européen,
remarqué dans desrôles troubles et inquiétants,
en particulierMephistod’IstvanSzabo,parlant
indifféremment anglais, hongrois et français;etpar
Robert Duvall, lecomédien duParrainet d’Apoca-
lypse Now.Àl’origine,Duvall, fils d’amiral de la
Navy,devait tenir lerôle du capitaine,homme sou-
cieux d’assurer la sécuritédeson équipage;et
Brandauer,ledocteur Caspary,criminelàlaper-
sonnalitécharismatique,posant un défiàlafois
existentiel et intellectuelàson hôtemalheureux.
Puis, laveille dutournage,Skolimowski et Duvall,
au bout d’une nuit arrosée,décident d’intervertir
les rôles sansavertir Brandauer.Une excellente
idée qui déplaîtàl’Autrichien, lequel traverse le
filmcomme s’il n’avait aucune envie de se trou-
verlà, quand Duvall, souvent encomplèteimpro-
visation, trouveune libertéetunstyle baroque
permettant de leredécouvrir sous un jour diffé-
rent. Soitcelui d’un dandy psychopathe,une
figurenouvelle du cinéma d’action dont le
cinéma américain, dèsDie Hard,s’emparera.
Le Bateau phare(1 h29),deJerzy Skolimowski,
éditéenBlu-ray ou enDVDpar Malavida.
En 1985,l’itinérairESinguliEr DE
JErzy SkoliMowSkil’aMènEaux
étatS-uniS.Après une brillante
carrière en Pologne,lecinéaste
aeffectué un bref passage en
Belgique,oùilatourné le
méconnu et bouleversant
Le Départ,avec Jean-PierreLéaud, puis un long
séjour dans les années 1970 en Grande–Bretagne,
période dominée par des films aussi singuliers
queDeep EndetTravail au noir.AuxÉtats-Unis, il
tourneLe Bateau phare.En cetteannée 1985, la
conjonction d’uncommunisme finissant dans les
pays de l’Estetdelasurvivanced’une partie de
l’esprit des années 1970 dans le cinéma améri-
cainconduisent simultanément unréalisateur
polonais et un metteur en scène soviétique,
AndreïKonchalovski (avecRunawayTrain),à
s’atteler àdes films d’action ou, du moins,àdes
films de genre. Leplus étonnant estdevoir avec
quellefacilitéles deux hommes s’adaptentàun
système,nouveau pour eux, sans abandonner
leur intégrité. Lecas duBateau phareestleplus
impressionnant.
Skolimowski hérite
pour son premier film
américain d’une
adaptation duroman du
même nom de Siegfried
Lenz. L’écrivain allemand
racontait l’irruption de
trois hommesàladérive,
et enréalitétrois
criminelsrecueillis
sur un navireoùils se
comportent envéritables
pirates. Une métaphore
du nazisme.Pour
s’adapter aucontexte
américain, Skolimowski
déplacel’action du livre
sur lescôtesdeVirginie.
Et, autrechoix intéressant et judicieux, l’installe
dans les années 1950.Désormais c’estlesouvenir
de la Seconde Guerremondiale et l’appréhension
d’un enouvelle génération de jeunes hommes, les
Le DVDdeSamuelBlumenfeld. “LeBateauphare”.
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ClémentGhys
Illustr
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toshi Hashimot
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agazine du Monde
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