Le Monde + Magazine - 31.08.2019

(Kiana) #1

14 |économie & entreprise SAMEDI 31 AOÛT 2019


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Les Pays­Bas tirent profit de « l’effet Brexit »


Près d’une centaine de sociétés ont décidé de s’y installer, afin de préserver leur accès aux marchés européens


bruxelles ­ bureau européen

G


rands exportateurs
vers le Royaume­Uni,
de taille moyenne et
dotés d’une impor­
tante infrastructure portuaire, les
Pays­Bas sont l’un des Etats mem­
bres de l’Union européenne (UE)
susceptibles de souffrir du Brexit
si d’aventure celui­ci se soldait, à
la fin d’octobre, par un désaccord
complet avec l’UE. Le Bureau cen­
tral du plan néerlandais estime
qu’il pourrait coûter, à moyen
terme, au moins 10 milliards
d’euros au pays, soit 1,2 % de son
produit intérieur brut.
Dans l’immédiat, cependant,
une certaine euphorie gagne les
autorités. En effet, l’Agence pour
l’investissement étranger (NFIA)
note que 98 entreprises établies
en Grande­Bretagne ont décidé
de déménager vers les Pays­Bas,
et que 325 autres pourraient les
imiter en cas d’absence d’accord
avec l’Union.
Celles qui ont déjà déplacé leur
siège ou la totalité de leurs activi­
tés sont principalement issues
des secteurs de la finance, du
marketing, des technologies de
l’information, des biotechnolo­
gies et des médias. La plupart des
sociétés concernées refusent de
communiquer sur cette délocali­
sation, censée préserver leur ac­
cès aux marchés européens, sou­
ligne Michiel Bakhuizen, porte­
parole de la NFIA. A l’évidence, el­

les souhaitent protéger leurs
intérêts actuels outre­Manche.
Quelques­unes ont toutefois
confirmé publiquement leur dé­
cision. Ainsi de Bloomberg, spé­
cialisé dans les services aux pro­
fessionnels des marchés finan­
ciers et dans l’information écono­
mique et financière, de Discovery
Inc., propriétaire, entre autres,
d’Eurosport et leader mondial
des chaînes thématiques, mais
aussi de MarketAxess, société de
technologie financière et plate­
forme de négociation électroni­
que pour les obligations, de l’as­
sureur maritime UK P & I ou en­
core de la banque Norinchukin,
l’un des plus gros investisseurs
institutionnels japonais, avec un
portefeuille d’environ 360 mil­
liards d’euros.

« Raisons urgentes »
Mitsubishi UFJ Financial Group,
avec ses près de 1 100 milliards
d’euros de dépôt, a pris une déci­
sion identique. Les géants nip­
pons de l’électronique Sony et Pa­
nasonic avaient été parmi les pre­
miers à annoncer le transfert de
leur siège après le référendum du
23 juin 2016 et la victoire surprise
du « Leave » (le camp pro­Brexit).
Selon les responsables néerlan­
dais, d’autres firmes, américaines,
australiennes, asiatiques et britan­
niques, toutes inquiètes des con­
séquences d’un divorce sans ac­
cord, ont pris langue avec les auto­
rités des Pays­Bas. Nombre d’entre

elles évoquent désormais « des rai­
sons urgentes » et souhaitent
poursuivre leurs activités en Eu­
rope. Des entreprises de médias
entendent conserver leurs droits
de diffusion sur le Vieux Conti­
nent, et des banques espèrent con­
tinuer à détenir des licences pour
pouvoir servir leurs clients euro­
péens, sans toutefois envisager un
déménagement complet de leur
quartier général londonien, qui
continuera à gérer leurs activités
sur le marché britannique.
« Comme les chances d’un ac­
cord s’amenuisent, le rythme des
appels qui nous sont adressés s’ac­
célère », commente la NFIA, qui
met en avant la proximité géogra­
phique des Pays­Bas, la bonne in­
frastructure (notamment numé­
rique) du royaume, et le fait que
presque tout le monde y parle
couramment l’anglais. Le mode

de vie des Néerlandais est égale­
ment assez proche de celui des
Britanniques, et le pays compte de
nombreuses écoles internationa­
les. De surcroît, celui­ci réserve un
traitement fiscal très favorable
aux entreprises qui choisissent de
s’y établir, comme l’ont démontré


  • et, dans certains cas, dénoncé –
    les services de la concurrence de
    la Commission de Bruxelles.
    Une délocalisation signifie
    aussi, pour les groupes concer­
    nés, un accès à un bassin plus
    vaste de main­d’œuvre et aux
    subventions à l’innovation qu’oc­
    troient les autorités nationales,
    régionales et européennes. Der­
    nière raison évoquée par des en­
    treprises désireuses de quitter les
    rivages britanniques : elles veu­
    lent éviter les difficultés, et l’em­
    barras, que créera à coup sûr un
    « Brexit dur » aux frontières.


Ce ne sont pas les propos ré­
cents du gouvernement conser­
vateur de Boris Johnson qui vont
les rassurer. Le 20 août, il a fait sa­
voir qu’il mettrait fin « immédia­
tement » à la libre circulation des
personnes en cas de Brexit sans
accord le 31 octobre. Ce serait un
pas de plus vers une crise ouverte
avec les Européens, alors que The­

resa May, à laquelle M. Johnson a
succédé le 24 juillet, prévoyait une
période de transition, même en
cas de « no deal ». Elle devait per­
mettre aux citoyens de l’UE de se
rendre au Royaume­Uni, d’y tra­
vailler ou d’y étudier sans démar­
ches particulières.
Selon certaines estimations, les
premières entreprises, installées
en grande majorité à Amsterdam
et dans sa banlieue, ainsi qu’à Rot­
terdam, auraient entraîné la créa­
tion de 2 500 emplois et généré
des investissements de l’ordre de
300 millions d’euros. Le déména­
gement, de Londres vers Amster­
dam, de l’Agence européenne du
médicament et de ses 900 colla­
borateurs a été un autre argu­
ment bénéfique pour des autori­
tés qui aspirent à séduire des mul­
tinationales.
jean­pierre stroobants

A la SNCF, la succession de Pepy est engagée


La nomination du futur président de l’entreprise publique pourrait intervenir
autour de la mi­septembre. Deux candidatures antagonistes semblent se détacher

C’


est sa dernière rentrée
en tant que patron de la
SNCF, et Guillaume
Pepy a admis ressentir « un petit
pincement au cœur », jeudi
29 août, alors qu’il venait, sur RMC
et BFM­TV, se féliciter de la forte
augmentation de la fréquentation
des trains cet été. L’emblématique
dirigeant a confirmé qu’il ne se­
rait plus en poste le 1er jan­
vier 2020, qualifiant au passage
d’« intox » les spéculations sur son
maintien à la tête du groupe dans
l’hypothèse où le gouvernement
ne trouverait pas la personnalité
idéale pour lui succéder.
Le corps social ferroviaire trépi­
gne. Qui prendra les rênes de la
nouvelle SNCF post­réforme à
naître en janvier prochain? Qui
remplacera l’homme qui préside
aux destinées du rail français de­
puis 2008? L’impatience com­
mence à monter, et le petit milieu
tricolore du train est suspendu à
la décision finale du président de
la République présentée comme
imminente – dans approximati­
vement deux semaines, à en
croire une source élyséenne.
C’est du côté des représentants
des salariés que l’agacement est le
plus patent. Fait inattendu,
l’UNSA, deuxième syndicat de la
SNCF derrière la CGT avec 24 % des

voix aux élections professionnel­
les de novembre 2018, a publié,
jeudi, un communiqué appelant
« à connaître très rapidement le ou
la prochain(e) dirigeant(e) de la
SNCF, afin de pouvoir construire et
anticiper l’ensemble des dossiers
qui composent l’agenda social à
venir. »
« Notre positionnement est clair,
poursuit le communiqué. L’UN­
SA­Ferroviaire exhorte le gouver­
nement à privilégier un candidat
issu du sérail ferroviaire au profil
industriel! Nommer une personne
étrangère au ferroviaire entraîne­
rait une perte de temps incompati­
ble avec les négociations cruciales
actuelles et leurs échéances extrê­
mement serrées, auxquelles l’UN­
SA­Ferroviaire sera confrontée en­
tre fin 2019 et début 2020. »

« Disruption macronienne »
Au sortir de l’été et à l’approche de
la décision finale, deux options
paraissent s’être détachées. La
première est la candidature du
PDG de SNCF Réseau, Patrick
Jeantet, qui s’est officiellement
déclaré en juillet. Elle a été validée
par le cabinet de recrutement
mandaté par le gouvernement, le
prestigieux chasseur de têtes
américain Heidrick & Struggles.
Homme d’industrie, passé par

des groupes public et privé, con­
naisseur du ferroviaire, le candi­
dat Jeantet semble assez bien cor­
respondre au « profil industriel »
que l’UNSA appelle de ses vœux.
La seconde option, à savoir un
tandem dissociant la présidence
du groupe de sa direction géné­
rale, semble avoir la préférence
d’Alexis Kohler, le secrétaire géné­
ral de l’Elysée, qui soufflera à
l’oreille d’Emmanuel Macron les
arguments définitifs avant la dé­
cision finale.
Dévoilé par la publication confi­
dentielle spécialisée La Lettre A, ce
duo serait constitué d’un haut
fonctionnaire passé par les cabi­
nets de Xavier Bertrand et de Ni­
colas Sarkozy, Jean Castex, qui se­
rait nommé président de la SNCF
et flanqué d’une directrice géné­
rale, l’actuelle patronne des TGV
et des trains grandes lignes Rachel
Picard, laquelle, selon nos infor­
mations, a rencontré M. Kohler.
« Ce binôme a tout de la disrup­
tion macronienne, analyse un fin
connaisseur du dossier. Le choix
de Rachel Picard, c’est celui du
client, du numérique, de la réussite
commerciale, des bons chiffres du
TGV. Mais si ses résultats sont res­
pectés en interne, si elle a gagné
l’admiration de Pepy, elle reste
honnie par une partie du sys­

tème. » « Cette option Castex­Pi­
card va être perçue comme une in­
sulte aux territoires, ajoute un
autre expert. Où est le souci
d’aménagement territorial? Où
est la fin du tout­TGV et la priorité
aux transports du quotidien? »
Alors que rien n’est encore arbi­
tré de manière irrévocable, l’ingé­
rence syndicale dans le débat sur
la succession peut­elle contri­
buer à rebattre les cartes? A partir
de la semaine prochaine, au ni­
veau de la SNCF comme à celui de
la branche ferroviaire, s’ouvre
une session de négociations déci­
sives pour la finalisation sociale
de la réforme.
« La situation de non­nomina­
tion pose problème, résume Lau­
rent Brun, secrétaire général de la
CGT Cheminots. D’abord, comme
il n’y a plus de pilote dans l’avion,
les conflits d’intérêts entre activi­
tés font rage, ce qui ne peut man­
quer de paralyser les prochaines
négociations. Ensuite, cette situa­
tion traduit le dogmatisme irra­
tionnel du gouvernement : ils veu­
lent un mercenaire, et le moins
cheminot possible, qui fasse juste
du business. C’est dangereux. Non
seulement cela va aggraver le con­
flit avec les syndicats, mais proba­
blement aussi avec les usagers. »
éric béziat

Les firmes qui
ont déjà déplacé
leur siège sont
principalement
issues de la
finance, du
marketing
et des médias

Paris toujours en tête sur les transferts
d’emplois financiers
Mois après mois, le cabinet de conseil en stratégie Sia Partners
épluche les déclarations des banques internationales et les profils
LinkedIn afin de quantifier les transferts d’emplois réalisés ou à
venir pour cause de Brexit. « Paris reste en tête, mais le nombre
d’opérateurs qui devraient quitter Londres a chuté », note Fabien
Zaveroni, directeur chez Sia Partners. Selon les pointages au
mercredi 28 août, trente banques d’investissement ont annoncé
la relocalisation vers l’Europe continentale (ou l’Irlande) de
3 126 emplois, dont 1 852 vers Paris (contre 1 348 vers sa rivale
Francfort). Cela représente 3 % de leurs effectifs londoniens contre
10 % attendus en 2017. Un paradoxe, car le Brexit n’a jamais paru
aussi sûr. « Les banques ont engagé ces derniers mois d’importan-
tes restructurations. Des emplois ont été supprimés à Londres qui
ne seront pas recréés ailleurs en Europe », analyse M. Zaveroni.

C O N J O N C T U R E
Repli du commerce
international
de marchandises
Le commerce international
de marchandises entre les
pays du G20 a continué de se
replier au deuxième trimes­
tre, sur fond de guerre com­
merciale sino­américaine, se­
lon un baromètre publié jeudi
29 août par l’Organisation de
coopération et de développe­
ment économiques (OCDE).

Les exportations se sont
contractées de 1,9 % et les im­
portations, de 0,9 %. – (AFP.)

A U T O M O B I L E
Pas de nouvelles
discussions entre
Renault et Fiat
Le commissaire aux partici­
pations de l’Etat, Martin Vial,
a déclaré, vendredi 30 août,
ne pas avoir vent de nouvel­
les discussions entre Renault
et Fiat Chrysler après des in­
formations du journal italien
Il Sole 24 Ore sur une reprise
des négociations. – (Reuters.)

M É D I A S
Canal+ proche d’un
accord pour distribuer
Netflix
Canal+ discute avec Netflix
pour distribuer en France le
géant américain de la vidéo à
la demande et les négocia­
tions, bien avancées, pour­
raient aboutir dans les pro­
chaines semaines, rapportait
Le Figaro sur son site Inter­
net, jeudi 29 août.

M A R K E T I N G
Vapotage : Juul visé
par une enquête
La start­up qui domine le
marché du vapotage aux
Etats­Unis, Juul Labs, est sous
le coup d’une enquête de
l’agence fédérale de protec­
tion des consommateurs
pour certaines pratiques de
marketing visant les jeunes,
affirmait, jeudi 29 août, le
Wall Street Journal. – (AFP.)

Le nouveau siège de l’Agence européenne du médicament, à Amsterdam, le 27 août. KOEN VAN WEEL/ANP/AFP


  • CESSATIONS DE GARANTIE


LOI DU 2JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense


  • Tour A – 110 esplanade du Général de
    Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
    (RCSNANTERRE 842 689 556), suc-
    cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
    siège social est à 37, Boulevard du Régent,
    1000 BRUXELLES - BELGIQUE,fait
    savoir que, lagarantiefi nancière dont béné-
    fi ciait :
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    42 Rue de la République
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    depuis le 01/10/2017 pour ses activités de :
    GESTION IMMOBILIERE depuis le
    01/10/2017 pour ses activités de : SYNDIC
    DE COPROPRIETE
    cessera de porter effet trois jours francs
    après publication du présentavis. Les
    créances éventuelles se rapportant à ces
    opérations devront être produites dans les
    trois mois de cette insertion à l’adresse de
    l’Établissementgarant sis Cœur Défense

  • Tour A – 110 esplanade du Général de
    Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
    Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
    tuelles et que le présentavis ne préjuge en
    rien du paiement ou du non-paiement des
    sommes dues et ne peut en aucunefaçon
    mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
    bilité de M. CARRON BRUNO.

    • CESSATIONS DE GARANTIE



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