Le Monde + Magazine - 31.08.2019

(Kiana) #1

16 |argent SAMEDI 31 AOÛT 2019


0123


IMPÔTS


Salarié à domicile : des démarches encore simplifiées


A


la rentrée scolaire, de
nombreux parents re­
cherchent la perle rare
pour récupérer leurs enfants à
l’école ou les aider à faire leurs de­
voirs. Environ 3,4 millions de par­
ticuliers emploient en direct un
salarié à domicile pour se faire
aider. Parmi eux, 2 millions ont
recours au chèque emploi­ser­
vice universel (Cesu). Ce disposi­
tif permet de déclarer les heures
effectuées par le salarié dans le
cadre de certaines activités
comme le ménage, le soutien sco­
laire, la garde d’enfant ou d’une
personne âgée, les petits travaux
ou le jardinage.
Depuis fin juin, les formalités de
paiement ont encore été simpli­
fiées pour les particuliers. Le ser­
vice Cesu + calcule les cotisations
et, c’est nouveau, prélève le sa­
laire sur le compte bancaire de
l’employeur pour le verser direc­
tement au salarié dans les trois
jours. Plus besoin donc de faire
un chèque ou un virement, il suf­
fit de communiquer les heures
réalisées par le salarié, et le Cesu
se charge du reste.
Il faut néanmoins être rigou­
reux : l’employeur doit faire sa dé­
claration entre le 25 et le 5 du
mois suivant pour que le salarié
puisse être rémunéré en temps et
en heure. « Cet outil est gratuit et
facultatif. Il permet de simplifier la
tâche du particulier employeur et
de payer le salarié dans des délais
raccourcis », précise Adrien Gau­
thier, responsable communica­
tion du Cesu. Pour l’activer, sala­

rié et employeur doivent donner
leur accord (attestation en ligne à
signer) et fournir leurs coordon­
nées bancaires.
Un service identique est pro­
posé depuis mai dans le cadre de
Pajemploi, qui concerne cette
fois­ci les parents employant une
assistante maternelle ou une
garde à domicile pour leur enfant
de moins de 6 ans. Le complé­
ment du libre choix de mode de
garde (CMG), qui couvre une par­
tie du salaire, est désormais versé
par Pajemploi et non plus par les
Caisses d’allocations familiales.
Cette aide mensuelle, oscillant
entre 82 et 468 euros, est attribuée
sous condition de ressources et du
nombre d’enfant(s) dans le foyer.
Son versement est réalisé deux
jours après la déclaration (contre

quinze jours auparavant), en
même temps que le prélèvement
des charges. « En tant qu’em­
ployeur, il faut déclarer les heures
effectuées, puis l’administration
prélève sur votre compte ce que
vous devez au salarié, déduction
faite de l’aide à laquelle vous avez
droit », précise Adrien Gauthier.

Respecter la réglementation
Mais ce service « tout en un », sera
encore plus optimal dès le 1er jan­
vier 2020, lorsque le prélèvement
à la source entrera en vigueur
pour les salariés des particuliers.
Ce dernier a, en effet, été décalé
d’un an pour éviter des calculs
compliqués aux particuliers.
« L’Urssaf se chargera de récupérer
l’impôt à prélever sur la rémunéra­
tion du salarié pour le reverser au

Trésor public », précise Adrien
Gauthier. Ceux qui n’adhèrent
pas à ce service devront verser à
leur salarié le montant net après
retenue à la source communiqué
par l’Urssaf.
Ces formalités simplifiées ne
dispensent pas les employeurs
de leurs obligations en matière
de réglementation du travail et
de déclaration. Il est, par exem­
ple, recommandé de rédiger un
contrat de travail pour son sala­
rié. « En principe, cela est obliga­
toire lorsque ce dernier travaille
plus de huit heures par semaine
ou si la durée de travail excède
quatre semaines consécutives par
an », avertit Adrien Gauthier.
Qu’il travaille à temps plein ou
partiel, le salarié a droit à des con­
gés payés (le salaire horaire net
doit être majoré de 10 % à ce ti­
tre). Il doit aussi passer une visite
médicale à l’embauche.
Pour les accompagner, la Fédé­
ration des particuliers em­
ployeurs de France (Fepem) vient
de lancer la plate­forme Particu­
lier­employeur.fr. « Elle met à dis­
position des documents comme
un kit d’embauche, des contrats de
travail types ou des conseils d’ex­
perts », explique Angélique Le
Borgne, directrice juridique de la
structure. Plusieurs simulateurs
sont aussi accessibles pour con­
naître, par exemple, le coût réel
d’un emploi à domicile déduc­
tion faite des aides versées ou en­
core les indemnités à verser au sa­
larié en fin de contrat.
pauline janicot

Défiscaliser grâce à l’immobilier


Que valent les dispositifs d’investissement locatif dans le neuf et à qui s’adressent­ils?


P


lusieurs dispositifs de
défiscalisation destinés
à ceux qui veulent réali­
ser un investissement
locatif dans le neuf sont actuelle­
ment proposés. Chacun corres­
pond à un ou plusieurs profils
d’investisseurs spécifiques. « Le
Monde argent » les a passés en re­
vue pour ses lecteurs.

Cosse ancien Créé le 1er jan­
vier 2017 par Emmanuelle Cosse,
ancienne ministre du logement,
le dispositif « louer abordable »,
également appelé « Cosse an­
cien », n’a jamais trouvé son pu­
blic. Le mécanisme permet de re­
mettre sur le marché locatif des
logements privés à des loyers
très abordables en échange
d’une déduction applicable aux
revenus fonciers du propriétaire.
Ces baisses d’impôt vont de 15 %
à 85 % si le logement est placé en
intermédiation locative, c’est­à­
dire loué par une association à
des ménages en grande diffi­
culté, pour un niveau de loyer ex­
trêmement bas (entre 7 euros/m²
et 11,86 euros/m²).
Le logement fait l’objet d’une
convention avec l’Agence natio­
nale de l’habitat (ANAH). Les
loyers sont garantis et, si le bien
est mis en intermédiation loca­
tive, il est rendu à la fin de la loca­
tion à son propriétaire en parfait
état. « Le problème du Cosse an­
cien, c’est le niveau de loyer. Il est

trop faible si vous visez les 85 %, or
c’est ce qui intéresse les investis­
seurs », indique Bertrand de Ray­
mond, président de la société
Capcime, spécialisée dans l’inves­
tissement locatif.
Ce dispositif s’adresse aux bail­
leurs qui n’ont pas besoin de
loyers et cherchent à placer de
l’argent tout en obtenant quel­
ques revenus défiscalisés.

Denormandie En vigueur de­
puis le 1er janvier 2019, le Denor­
mandie (du nom du ministre
chargé de la ville et du logement,
Julien Denormandie) veut redy­
namiser les communes en perte
de vitesse. Une réduction d’im­
pôt de 12 %, 18 % ou 21 % est oc­
troyée à l’investisseur qui ré­
nove et met en location un bien
immobilier dans l’une des
222 villes du programme Action
cœur de ville. Le montant des
travaux doit représenter au
moins 25 % du prix du logement
acheté.
Le Denormandie s’adresse aux
investisseurs aguerris, qui con­
naissent très bien le marché sur
lequel ils comptent acheter.
« Nous avons fait six Denorman­
die depuis le début de l’année, in­
dique Fabrice Artinian, con­
seiller en gestion de patrimoine
pour l’Institut du patrimoine. A
chaque fois, il s’agissait d’inves­
tisseurs du cru. Ils misent sur une
plus­value dans dix ou quinze ans

et savent que le secteur va gagner
en attraction avec l’arrivée pro­
chaine d’entreprises. »

Censi­Bouvard Disponible jus­
qu’au 31 décembre 2021, le dispo­
sitif Censi­Bouvard (du nom des
députés Yves Censi et Michel
Bouvard) permet d’investir dans
l’immobilier géré neuf – rési­
dence senior, résidence étu­
diante, établissement d’héberge­
ment pour personnes âgées dé­
pendantes (Ehpad)... – et de
bénéficier en contrepartie d’une
baisse d’impôt égale à 11 % du
montant global de l’investisse­
ment locatif, dans la limite de
300 000 euros sur neuf ans.
L’investisseur récupère égale­
ment la TVA sur le prix du bien.
« Sur ce type de produit, il faut
avant tout penser à sécuriser l’ex­
ploitation : il faut absolument que
le versement des loyers soit sé­
curisé par le gestionnaire. indique
Franck Vignaud. Par exemple, s’il
s’agit d’un studio en résidence étu­
diante bien situé dans une ville
universitaire, l’investisseur perce­
vra ses loyers tous les trimestres
sans se préoccuper de la gestion
locative. »
Ce dispositif séduit de plus en
plus de locataires. « C’est idéal
pour les contribuables peu fiscali­
sés qui veulent se constituer un
premier patrimoine immobilier à
moindre coût. Le Censi­Bouvard
permet généralement de réduire
son imposition de 1 000 euros
tous les ans, et les prix à l’achat

sont bas », conclut ainsi Fabrice
Artinian.

Pinel C’est le dispositif le plus po­
pulaire. Le Pinel (du nom de la
ministre du logement en 2014­
2016, Sylvia Pinel) permet à un in­
vestisseur d’acheter un bien neuf
en zone tendue et de le mettre en
location durant six ans, neuf ans
ou douze ans pour profiter d’une
baisse d’impôt de 12 %, 18 % ou
21 %, calculée sur le prix de re­
vient du logement dans la limite
de 300 000 euros. Les loyers sont
plafonnés, tout comme les res­
sources des candidats à la loca­
tion. « Avec le Pinel, vous vous
adressez aux foyers fiscaux dès
2 000 euros. L’opération peut
même être intéressante si vous
êtes imposé à 10 000 euros », indi­
que Johan Coulombez, directeur
associé du Groupe Quintésens
Bourgogne & Franche­Comté.
Avec les taux bas, on peut re­
courir au levier du crédit pour
faire un Pinel en mobilisant le
moins de fonds propres possi­
ble. Les loyers, conjugués aux
déductions fiscales, suffisent
largement à rembourser le cré­
dit. « Reste à se positionner sur
les bonnes villes. Pour ma part,
je recommande plutôt de faire le
tri parmi les communes en zone
B [loyers modérés et demande
de logement importante], ajou­
te M. Coulombez. Les prix au
mètre carré y sont relativement
faibles, et l’écart entre le loyer Pi­
nel et le loyer de marché n’est pas
très élevé. Il faut aussi se fier à la
démographie. Plus la population
croît, plus l’investissement à des
chances d’être rentable. » Car, si
le dispositif Pinel se concentre
sur les zones tendues, on trouve
encore ici et là des villes « où in­
vestir n’est pas une bonne idée,
comme la grande banlieue de
Bordeaux », selon Christophe
Decaix, conseiller en gestion
patrimoine pour le cabinet 2B
Patrimoine.
ludovic clerima

Garde d’enfants : à quelle aide avez-vous droit?


* Ces plafonds sont majorés de 40 % si l’on élève seul(e) son ou ses enfants SOURCE : CAF

Nombre d’enfants Revenu 2017, en euros
à charge

Age de l’enfant Montant mensuel de prise en charge en 2019

1

inférieurs à ne dépassant pas supérieurs à

2

3

Au-delà de 3

De 3 à 6 ans

Moins de 3 ans

20 755*

468,82 €

234,41 €

295,62 €

147,83 €

177,35 €

88,

46 123* 46 123*

23 701* 52 670* 52 670*

26 647* 59 217* 59 217*

+ 2 946 + 6 547 + 6 547
QUESTION  À  UN  EXPERT

Faut-il mettre sa résidence


principale en société?


pierre carcelero, avocat associé, CMS Francis Lefebvre Avocats

La question de l’acquisition d’une résidence principale par l’intermé-
diaire d’une société se rencontre fréquemment. Il s’agit parfois d’une
fausse bonne idée. Certes, une telle acquisition peut permettre une
détention en commun ou l’utilisation de la trésorerie de la société qui,
si elle était distribuée, serait imposable. Mais elle a aussi des consé-
quences qui limitent son intérêt et ce type d’opération doit être envi-
sagé avec la plus grande attention.
Si la société est une société civile immobilière (SCI) non assujettie à
l’impôt sur les sociétés, les associés occupants à titre principal peu-
vent bénéficier de l’exonération de la plus-value lors de la cession de
leur résidence principale, mais ils ne bénéficient pas de l’abattement
de 30 % pour l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Si la société est assujettie à l’impôt sur les sociétés, les associés occu-
pants perdent le bénéfice de l’exonération de la plus-value en cas de
cession de l’immeuble et ne bénéficient plus de l’abattement pour
l’assiette de l’IFI. Enfin, et surtout, sauf structuration particulière, ils ne
peuvent pas occuper gratuitement le bien immobilier. S’ils ne versent
pas de loyer correspondant à l’occupation privative, la société et les
occupants sont imposables sur le revenu théorique correspondant à
l’avantage ainsi consenti.

É PA R G N E
Le Livret A : la collecte au beau fixe, mais...
Le Livret A a confirmé cet été son statut de placement
préféré des Français, avec une collecte de 1,44 milliard
d’euros en juillet contre 880 millions un an plus tôt.
Sur les sept premiers mois de l’année, la collecte cu­
mulée atteint 13 milliards d’euros. L’année 2019 est
d’ores et déjà la meilleure pour le Livret A depuis 2012.
Mais, bloquée à 0,75 % depuis quatre ans, la rémunéra­
tion du Livret A pourrait être abaissée à 0,5 % le 1er fé­
vrier 2020. Sauf décision politique contraire, ce scéna­
rio est probable car les taux interbancaires évoluent
depuis de longs mois en territoire négatif.

LE DENORMANDIE 


EST DESTINÉ AUX 


INVESTISSEURS AGUERRIS, 


QUI CONNAISSENT 


TRÈS BIEN LE MARCHÉ 


SUR LEQUEL 


ILS COMPTENT ACHETER


10 %
C’est, selon le rapport d’application de la loi fiscale (RALF) du député
LRM Joël Giraud présenté en juillet, le pourcentage des foyers les
plus aisés qui profitent du dispositif Pinel. Problème, ces ménages
représentent au total 71 % des bénéficiaires du dispositif.
Le député dénonce le manque de contrôle du Pinel, qui profite essen-
tiellement aux foyers les plus aisés. Ainsi, 22,5 % des bénéficiaires
du Pinel résident en Ile-de-France, 12,84 % en Auvergne-Rhône-Alpes
et 8,78 % en Occitanie. Le document fait écho aux multiples rappels
de la Cour des comptes qui critiquent régulièrement le Pinel.

A


la rentrée, nombre de parents se demanderont
s’il est bien utile de souscrire une assurance sco­
laire pour leurs enfants. S’ils croient que rien ne
peut leur arriver à l’école, qu’ils se détrompent :
chaque année, près de 25 000 accidents s’y produisent, pen­
dant, notamment, la récréation ou le cours d’éducation phy­
sique, selon l’Observatoire national de la sécurité et de l’ac­
cessibilité des établissements d’enseignement.
Qui en est responsable? Le code civil (article 1384 ancien)
dispose que « les instituteurs [sont responsables] du dom­
mage causé par leurs élèves pendant le temps qu’ils sont sous
leur surveillance ». Il précise toutefois que « les fautes » de
surveillance invoquées contre eux « doivent être prouvées »


  • et ce, depuis une loi de 1937 qui a inversé la charge de la
    preuve, à la demande de la profession.
    Les parents qui veulent mettre en cause une « faute de sur­
    veillance » doivent assigner le préfet devant une juridiction
    civile. Les magistrats de cette juridiction apprécient la faute
    en fonction, notamment, de l’endroit où se trouvait, lors de
    l’accident, l’enseignant ou le surveillant, celui­ci devant « ob­
    server la plus grande surface et le plus
    grand nombre d’élèves possibles ». Ils con­
    sidèrent comme fautif tel professeur qui,
    une fois son cours terminé, a abandonné
    sa classe, sans attendre son successeur, et
    a ainsi permis que, le chahut naissant, un
    adolescent soit blessé à l’œil ; ou telle en­
    seignante d’éducation physique, qui s’est
    assise loin d’une poutre sur laquelle ses
    collégiennes sautaient, et n’a pu empê­
    cher l’une d’elles de tomber (ces exemples
    sont développés sur http://www.lemonde.fr/ar­
    gent). Les magistrats prennent aussi en compte l’âge de l’en­
    fant. Une fillette de 5 ans étant, pendant la récréation, tom­
    bée d’un muret sur lequel elle n’aurait pas dû monter, et
    ayant perdu l’audition d’une oreille, ils jugent la maîtresse
    fautive de ne pas l’en avoir empêchée. Mais ils opèrent un
    partage de responsabilités entre un surveillant ayant refusé
    une autorisation de sortie à une adolescente et cette dernière,
    qui a escaladé la grille d’enceinte et s’est sectionné le doigt.
    Attention, les juges civils se déclarent incompétents lors­
    que l’accident est imputable à un « défaut d’organisation du
    service » : la victime doivent saisir le tribunal administratif,
    et assigner le recteur. C’est ce que font les parents d’un ly­
    céen victime de violences à l’internat, le soir, en l’absence de
    surveillant ; ils obtiennent que son préjudice moral soit in­
    demnisé. Compte tenu de la complexité du contentieux des
    accidents scolaires, les parents auront intérêt à souscrire
    une assurance qui couvre les dommages subis et causés. Si
    leur enfant est blessé, l’assureur paiera les frais non rem­
    boursés par la Sécurité sociale. C’est lui qui, éventuellement,
    recherchera ensuite le responsable.


CHAQUE ANNÉE, 


PRÈS DE 25 000 


ACCIDENTS SE 


PRODUISENT


 DANS LES 


ÉTABLISSEMENTS


CLIGNOTANT


SOS CONSO 


CHRONIQUE PAR RAFAËLE RIVAIS


Qui est responsable


de l’accident à l’école?

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