depuis qu’ilaquittéles prétoires (il reven-
dique avoir écritquatreromansensix
mois). Il campelascène inaugurale il ya
unevingtaine d’années. Un fait divers qu’il
dépeintavecgourmandise .Ild écritlec afé
de la campagnedeBerck-sur -Mer où il est
appeléunmatin d’automne. Ménageant
seseffets de narrateur,ilp oselamaison
basseetlebrouillardqui étouffeles
lumièresdes gyropharesde la gendarme-
rie. L’intérieursombreoùune vieilledame
sanglote,lap orte entrebâillée et,derrière,
le cadavred’une jeun efemme de 35ans.
Surlat able de nuit,lal ampedechevet
allumée, le verred’eau,lel ivre encore
ouvert.Levolumedesavoixremonte :«Ce
sont cespetites choses de la viequi fontun
engagement.Cen’est paslamême chose
qu’une autopsie,qu’un corpssorti de son
contexte qui neveut plus riendire.»
Celuiqui seprés ente désormai scommeun
«avocatdelasociété,unl anceur d’alerte
même»se di thabitépar lesimagesde ses
dossiers,les découvertesdes corps, les
affairesratéesqui reviennentenflashes:
l’histoiredecette femmeàqui so nmaria
promis qu’ellenepasseraitpas Noël,etqui
finit le 24 décembrecribléedesix balles
danssavoiture.L’affaireJourdain, ces
frèr es quiavaient kidnappéettué quatre
jeunes femmesen 1997,lorsducarnavaldu
Portel dans le Pas-de-Calais. àchaque fois
qu’ilretournedanslavilledeson enfa nce,
Le Touquet, et qu’illonge la côte d’Opale,
il aperçoit la plag eoùles corpsont été
retrouvés. Il n’oublie pasnon plusLeïla,l’hé-
roïnedeson dernierlivre,La Vengeance
d’unefemme,rencontrée lors d’un procès
d’assises:«Elleavaitmonté un guet-apens
pour tuer sonpère, elle s’estlaissée accuser
sans riendire, sans se justifier,ellepréférait
se taireplutôt que dénoncerles violsqu’il lui
avaitfaitsubir.»Cetadmirateur d’éluard et
de Hemingwayler econnaît, lesfemmes
sont un motif récurrentdeson travailjudi-
ciaire,puislittéraire.«Elles sont plus coura-
geus es que leshommes,ont uneplus
granderésistance et résilience,ete lles tien-
nent desrôles dans la sociétéque les
hommes seraient incapables de tenir.
Je détestelav irilité :lav iole nce conjugale,
lesféminicides, c’est au ssidumachisme.»
àses côtés, Corinne,son épouse,abonde.
On interrogecette anciennechron iqueuse
police -justice pourFrance3Nord-Pas-de-
Calais:«çafaitquoi devivreavecun
hommeféminist e?»«Jenesaispas s’il
estféminist e,hésite-t-elle,il traite seule-
ment lesfemmes commeelles doivent
l’être.» Lorraine de Foucher
lescentaines de milliersdefemmesviolen-
tées paran. Il accuseChristopheCasta ner
d’être«aux abonnésabsents surles ujet».
Et Nicole Belloubetn’est pasmieux traitée,
malgrél’enquêtecommandéeàl’Inspec-
tion générale de la ju sticepourchercher
lesfailles dansles dossiersd’homicide
conjugal.«Elleneseramêmepas publiée,
prévoit-il.Ce qui équivautàmettre la pous-
sièresouslet apis.Alors qu’ilfautidentifier
lesfautesets anctionnerlourdementles
resp onsa bles.»Au mini stère, on tientà
préciser que«NicoleBelloubet estquasi
obsessionnellesur le sujet, qu’elleenparle
tous lesjours ».Mais surune éventuelle
publicationdurapport, sesservices
restentflous:«Cerapportqui sera remis
en octobrepermettra defairelep oint et
de tirerpubliquement lesconclusions des
éventuellescarences.»
Si LucFrémiotSemontre Si viruLent,c’est qu’il
se sait populaire –danslar ue,les pas-
sants le félicitent pourson combat.
Sa notoriét é, il la doit notammentàl’ac-
quittementd’Alexandra Lange le 23mars
2012 qu’ilavait lui-mêmerequiscomme
avocatgénéral au procès :laj eunefemme
battue avaittué sonmaridansune situa-
tion de légitime défense. Mais aussiau
dispositif innovant lancédès 2003 :«Sup-
pression desmains courantes, éviction
du domi cile de l’auteur desviole nces,
et groupes de parole pour hommes
violents»,martèle-t-il.Unprotocole mis
en œuvreàDouai avecsuccès:letaux
de récidive de violences conjugales
adrastiquement chuté.
LucFrémiot racont eson engagement
commeler omancierqu’il est devenu
•••double peinepourles femmesvictimes
de violences :«Non seulement, ellesse
fonttaper dessus,etenpluselles doivent
partir de chez el lespouraller dans des
foyers»,solution défendue, dit-il,par de
nombreusesassociationsprésentes au
Grenelle.«Pources structures ,c’est la
courseaux subventionsqui permettentde
pérenniser leursemplois .»Selonlui,tant
qu’onne s’intéresse qu’à l’aideaux vic-
timesetpas au nœud du problème,les
auteurs desviolences,les st atistiquesne
baisseront pas. Tant que le gouvernement
ne s’engagerapas surunétatdes lieux
précis du phénomène,non plus.
àforce de l’entendre fustiger la faiblesse
du gouvernementetcomparer ce Gre-
nelleaux étatsgénérauxcensésrépondre
àlacrise des«gilets jaunes», quiconsiste-
raientà«mettre desgensdansune pi èce
et àles faireparlerpourfairesemblan tde
prendreencompte leursproblèmes»,on
s’interroge :«Vous faites de la politique là
quandmême,non?»«Non,réplique-t-il,
seulementdelapolitique pénale.J’enai
marr equ’on medise “ilfauttravailler sur
lesauteurs”,mais qu’ilnesepasse rien.
Personne n’arrive àparlerpubliquement
de domination masculine,les électeurs
sont aussides hommes et il faut ménager
leshommes.»
Dansl’en tourag edeMarlène Schiappa,on
se méfie dessorties de celuiqui pourrait
devenirlemeilleuropposantdugouverne-
mentsur le sdroitsdes femmes.«Affirmer
que l’on veut défendre lesfemmes et êt re
aussiagres sif verbal ementasurpr is de
nombreusesfemmes.Jamais M. Frémiot
n’asollicité d’entrevue,adres sé un pr ojet ou
même unsimple message ,préféranttaper
dans lesmédias. Mais ce quiasurtout
choquéla ministre,c’est la mise en cause
desassoc iations. Dire que ceGrenelle –qui
n’apas encore eu lieu!–seraitune “foire
auxassoc iations” estméprisantpourles
bénévoles qui se démènent au quotidien
pour mettre en sécuri té lesfemmes vic-
times de violences»,répond-on, loin du
langagepolicédecabinet.Anne-Cécile
Mailfert,présidente de la Fondationdes
femmes,confirme queles propos de l’ an-
cien procureuront irri té :«Des femmesqui
travaillentsouventdepuisdes années sur
cesquestionsse so nt senties insultées»,
mais,poursuit-elle,«ilmet la pression sur
le gouvernement et ce n’estpas inutile».
LucFrémiot pointe la responsabilité des
mini stères de l’ intérieuretdelajustice,
seul sleviers quiaurai entété susceptibles
d’empêcherles97féminicides de 2019,et
“J’en ai marre
qu’on me dise ‘il faut
travailler sur les
auteurs’, mais qu’il ne
se passe rien. Personne
n’arriveàparler
publiquement de
domination masculine,
les électeurs sont aussi
des hommes et il faut
ménager les hommes.”