Le Monde + Magazine - 31.08.2019

(Kiana) #1

La première fois que


“Le Monde”aécrit...


RAONI.Avant de devenir unestar mondiale
propulsée par satournéeavec le chanteurSting
en 1989, et l’invitémystère d’Emmanuel Macron
au dernier G7 de Biarritz, Raoni, le chef de
la tribuTxucarramae,était un interlocuteur
àprendreavecdes pincettes. C’estceque
nous apprend un long papier duMonde
de décembre1980,qui relève qu’en août
de la même année,dans le HautXingu, au fin
fond de laforêtamazonienne,onzetrava illeurs
blancs ont«été assassinésàcoups de gourdin
par les Indiens de la tribuTxucarramae,sous
la conduiteducacique Raoni».Leshommes
en question étaient en train de déboiser laforêt
àproximitédeleur réserve. Raoniadécidé alors
que«tous les Blancs doivent mourir».Trois ans
auparavant, lacommunautéinternationale
découvrait pour la premièrefois ce chef de tribu
–reconnaissable entremille par le plateau de
bambou qui déforme sa lèvreinférieure–dans
le filmRaoni,de Jean-PierreDutilleux, projeté
au Festival de Cannes de 1977.L’Amazonie
n’était pas encoreunsujet. Et leréchauffement
climatique ne préoccupait alors que derares
experts. En 1984, dans un article titré«Le cri
de victoiredes Indiens»,Le Monderelate
l’avènement dunouveau Raoni, le politique,
devenu interlocuteuren chef de la dictaturemili-
taireaupouvoir,pour signer un«traitédepaix»
qui permetàsatribu«derécupérer unezone de
1500 kilomètres carrés qui luiavait ét éconfis-
quée».«Raoni, l’œil vif et malin, jetteàplusieurs
reprises son cri de guerrequi ressembleàuncri
de victoire.»Il adéjà aux alentours de 50 ans.

:1. Réponse

QUI ADIT?

“Ce serait étonnant
qu’il n’y ait ni inquiétude,
ni même contestation.
Cela signifierait qu’en fait
il ne s’est rien passé.”

1—Jean-MichelBlanquer,
le ministrede l’éducation,ausujet
delaréformedubac.

2—Jean-PaulDelevoye,
haut-commissaireàlaréforme
desretraites,ausujetdeladiteréforme.

3—éDouarDPhiliPPe,
premierministre,ausujet
duclimatsocialdelarentrée.

31 août 2019—MLemagazine du Monde

il fallait oser

8—Passage en farce.


parjean-michel normand

Ils se connaissent peu et l’on ne sait s’ils s’apprécient mais ils forment le couple
de l’été. Boris et Matteo, quel duo... Sourire inoxydable, gestuelle démonstra-
tive, faconde réglée comme une chorégraphie, ils parlent simple et fort pour
convaincre leur pays qu’il vit sous le joug européen. Leur populisme–pas tout
àfait le même–s’abrite derrière une imagerie au-dessus de tout soupçon ou,
si l’on préfère, vintage.L’ un invoque Churchill et l’autre la SainteVierge même
si leur Grand Architecte s’appelle Donald. Eux-mêmes cultivent la figure,
porteuse, de l’antihéros. Johnson ferait un très honnête Joker dansBatmanet
l’on verrait bien Salvini dans le rôle du méchant dans unJamesBond.Détonner,
toujours et encore, c’est leur fonds de commerce.Têtes brûlées antieuro-
péennes, docteurs Folamour de la politique économique, Boris et Matteo ont
acquis l’absolue conviction que rien ne résiste au passage en force. Cette fois,
ils sont près de rafler la mise. La Ligue réclame des élections, que l’on dit
gagnées d’avance, afin d’obtenir«les pleins pouvoirs»,selon l’expression du
maréchal Pétain–pardon, de Matteo Salvini. Boris, occupéàchaufferàblanc
son électorat faceàune opposition fragmentée, compte sur un Brexit dur,
théâtralisé comme il se doit, pour sortir victorieux d’un nouveau scrutin. Ces
deux-là ont malgré tout un problème. Leur stratégie est telle que, lorsqu’ils
n’avancent plus, ils tombent. Alors si la maîtrise du contre-pied venaitàchanger
de camp avec l’émergence d’une alliance anti-Ligue ou si le Parlementbritan-
nique sortait de son brouillard, les super-héros du populisme pourraient tom-
ber de haut. La pratique du coup de menton permanent et du bobard éhonté
fonctionne nettement moins bien faceàune alternative politique crédible.

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Illustr


ations Sa


toshi Hashimot


opour


MLem


agazine du Monde

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