Courrier International - 22.08.2019

(lu) #1

  1. 7 JOURS Courrier international — n 1503 du 22 au 28 août 2019


Dans la crise, plus


profondément


ITALIE  Comme attendu, le
chef du gouvernement Giuseppe
Conte a présenté sa démission
le 20 août. Sa décision met fi n
à quatorze mois d’une coalition
inédite entre le Mouvement 5
étoiles (anti-système) et la Ligue
(extrême droite) emmenée par
le vice-président du Conseil
Matteo Salvini. C’est ce dernier,
qualifié par Giuseppe Conte
d’“opportuniste”, qui a déclenché
la crise en espérant provoquer
des élections anticipées et accé-
der à la tête du gouvernement.
Mais face à son off ensive deux
off res de coalition ont émergé.
Et donc maintenant, relève La
Repubblica, “le problème c’est
le scénario post-Conte”.


Un bidonville


en cendres


BANGLADESH  “Un quartier
dévoré par le feu, des habitants
consumés par le désespoir”, titre
le Daily Star le 18 août sur une
photo d’un bidonville de Dacca
réduit en cendres. “L’incendie
qui s’est déclaré dans le bidonville
de Chalantika à Dacca vendredi
16 août n’a pas seulement détruit
des logements, il a aussi anéanti
les rêves de ses habitants”, ajoute
le quotidien. S’il n’y a pas eu de
victimes, 3 000 foyers ont été
engloutis dans les fl ammes, lais-
sant quelque 10 000 personnes
sans abri. Parmi elles, un grand
nombre d’ouvriers de l’indus-
trie de la confection. Beaucoup
étaient partis célébrer la fête
musulmane de l’Aïd Al-Adha,
sans quoi le bilan aurait été cer-
tainement plus lourd.


18 500


C’est le nombre de “chèvres pompiers” déployées sur le
terrain au Portugal pour lutter contre les incendies. Leur rôle?
Brouter la végétation afi n d’éviter la propagation des feux.
L’hebdomadaire Expresso l’annonce dans un petit article
en écho à un reportage du New York Times. Le quotidien
américain s’est rendu récemment à Vermelhos, un village
de l’Algarve, pour rendre compte de cette solution, “la plus
naturelle et la plus économique”, selon le gouvernement
portugais. Ce projet pilote a offi ciellement été lancé
en mars 2018 pour une durée de cinq ans.


Enin
innocentée
SALVADOR  Evelyn Hernández
a été acquittée le 19 août du
meurtre de son bébé mort-né,
après plus de trois ans de bataille
judiciaire et trente-trois mois
derrière les barreaux, rapporte La
Prensa Gráfi ca. La jeune femme,
aujourd’hui âgée de 21 ans, avait
perdu son bébé après avoir accou-
ché dans des toilettes. Transférée
à l’hôpital, elle avait été immédia-
tement arrêtée et incarcérée pour
homicide, dans un pays où les lois
antiavortement sont parmi les
plus strictes du monde. Elle avait
été condamnée en juillet 2017 à
trente ans de prison.

Le Groenland
n’est pas à vendre!
DANEMARK  “Stratégiquement,
pour les États-Unis, ce serait bien.”
Par ce commentaire, le prési-
dent américain Donald Trump a
confi rmé le 18 août avoir évoqué
la possibilité de racheter le
Groenland. L’information avait
été révélée quelques jours plus
tôt par le Wall Street Journal.
“Il va de soi que le Groenland
n’est pas à vendre”, ont réagi les
autorités de ce territoire
autonome du Danemark
qui se trouve de plus en
plus convoité à mesure
que la fonte de la
calotte polaire ouvre
la perspective de nou-
velles routes maritimes et
de nouveaux fi lons
miniers.

cette transition à bon port avec des élec-
tions transparentes et acceptables. Bref,
d’indiquer le chemin des casernes aux mili-
taires et celui de la gouvernance aux civils.
Ce sera un tango entre civils et militaires
de trois ans et trois mois entre deux entités
qui se sont détestées. Et quand bien même
on parviendrait sans problème au terme des
trente-neuf mois, l’élection fera l’objet de
toutes les convoitises et de toutes les ten-
tatives de manipulation.
Les Soudanais ont gagné la pre-
mière manche de leur combat, mais,
embarqués dans le même bateau que
leurs ex-bourreaux, rester sur le qui-
vive est impératif. Les Soudanais
ont décidé de ne plus regarder passer les
trains de l’histoire, mais d’être à bord, et
même d’être aux commandes de la loco-
motive. Cette posture aura un coût.
—Zowenmanogo Zoungrana
Publié le 19 août

—Aujourd’hui au Faso (e x t r a i t s)
Ouagadougou

P


ile les civils gagnent, face les mili-
taires perdent! Après huit mois de
lutte sans merci, l’Alliance pour la
liberté et le changement (ALC), fer de lance
de la contestation populaire, est parvenue
à dissiper la buée dans laquelle tentait de
les maintenir le quarteron de généraux, ex-
compagnons d’Omar Al-Bachir [pré-
sident déposé par l’armée en avril
après près de trente ans de règne].
Les 17 et 18 août, un accord a scellé
l’avènement du Conseil souverain
[constitué de six civils et de cinq
militaires, il conduira la transition pen-
dant un peu plus de trois ans].
Des images qui ont suscité une liesse de
joie à Atbara, la ville d’où sont parties les
émeutes de la faim le 19 décembre 2018 [jour
de l’annonce du triplement du prix du pain
par le gouvernement], avant d’atteindre la
capitale, Khartoum. Oui, avouons-le : cran
après cran, les Soudanais se détutélarisent
du joug des soldats entrés par eff raction en
politique en 1989, à grand renfort de bruits
de fusils. L’ALC et tous les démocrates du
pays sont en train de conquérir leur liberté
pour l’avènement d’un État de droit, au
grand dam de la soldatesque.
Au regard de l’âpre lutte menée par le
peuple soudanais, et vu le sang versé par les
martyrs de la démocratie [les huit mois de
révolte et la répression sanglante ont provo-
qué la mort de 250 civils], absolument rien
ne semble pouvoir entraver cette marche
héroïque vers des horizons prometteurs.
Vigilance tout de même, eu égard à cette
longue transition de trente-neuf mois. Un
interminable intérim dont les vingt et un
premiers mois seront assurés par un géné-
ral. Ce sera presque deux années délicates
de surveillance mutuelle entre civils et mili-
taires, d’actions calculées, car si les soldats
ont, de guerre lasse, lâché prise pour s’ac-
commoder avec la volonté du peuple, ils
n’ont guère pour autant renoncé à rester
dans le jeu politique, voire demeurer maîtres
du jeu, jusqu’en 2022 et au-delà.
Et ce sera également de la responsabilité
du civil qui prendra les rênes les derniers
dix-huit mois de conduire impérativement

SOUDAN


La lente et périlleuse


mue vers un pouvoir civil


Un accord de transition a été signé le 17 août entre les militaires
au pouvoir et les représentants de la contestation. Pour ce
journal burkinabé, la vigilance doit néanmoins rester de mise.

ÉDITO

Al-Bachir devant


ses juges


●●● L’ancien président du Soudan,
destitué le 11 avril, a comparu le 19 août
devant un tribunal. Il doit répondre des
accusations de “possession de devises
étrangères, de corruption et de réception
illégale de cadeaux”, précise le site
d’Al-Jazira. Et au premier jour de son
procès, un policier a affi rmé qu’Omar
Al-Bachir lui avait confi é avoir reçu
90 millions de dollars en liquide de
la main de membres de la famille royale
saoudienne, dont feu le roi Abdullah
et le prince Mohammed Ben Salmane.
Mais, quelles que soient les sommes
détournées, Nesrine Malik, chroniqueur
d’origine soudanaise du Guardian,
regrette qu’“après trente années
de massacres ethniques, de tortures
et d’exécutions arbitraires, Bachir a[it]
été inculpé d’un seul chef de corruption”.
Accusé de génocide au Darfour, Omar
Al-Bachir fait toujours l’objet de deux
mandats d’arrêt de la part de la Cour
pénale internationale.
Mais les dirigeants à Khartoum
ont écarté l’idée de le livrer à la CPI.

↙ Groenland.
Psychiatre.
Dessin de
Martirena,
Cuba.
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