Courrier International - 22.08.2019

(lu) #1

  1. AMÉRIQUES Courrier international — n 1503 du 22 au 28 août 2019


concours blogging

Vous avez jusqu’au 5 septembre pour participer


Montrez-nous votre envie de découvrir la région sur evenements.courrierinternational.com/blogs-a-part/pyrenees-de-catalogne

Gagnez un voyage thématique dans les Pyrénées de Catalogne


et devenez blogueur de voyage!


Angeles et à Tovaangar sans
avoir à dissimuler son héritage
culturel.
“Mon grand-père disait qu’il était
Mexicain, raconte-t-elle. C’é tait
la seule façon qu’il avait de trou-
ver du travail.”
Chase Brown a étudié le tongva
pendant quatre ans. Le jeune
homme de 29 ans vit à Rancho
Santa Margarita avec ses parents.
Il parle tongva quand il part en
excursion dans la nature.
“Quand je dis ‘pakiishar’–
‘faucon’ –, je sens qu’il se passe
quelque chose autour de moi,
comme si le territoire lui-même
avait conservé un souvenir que le
mot permettait de faire émerger”,
raconte-t-il.
Quant à Brent Scarcliff , l’ap-
prentissage du tongva lui a
permis de mieux comprendre
la Californie du Sud. Après les
cours, il fait un grand détour
par la péninsule de Palos Verdes
pour rentrer chez lui à Redondo
Beach. En contemplant le détroit
de Catalina, il a fini par com-
prendre pourquoi les Tongvas
croyaient que le paradis se trou-
vait juste au-delà du scintillement
créé par la lumière et le brouillard.
“Apprendre le tongva m’a aidé à
comprendre ce à quoi ressemblait
la Californie il y a plusieurs cen-
taines d’années, dit-il. Ça m’a aussi
permis de considérer le territoire
avec un sentiment d’attachement

plus mystique. Ce n’est pas seule-
ment un lieu où je me trouve par
hasard : c’est un endroit qui a une
signifi cation particulière et où se
concentre un grand pouvoir.”
Par un beau dimanche matin,
les étudiants se retrouvent sur
le parking de la Santiago Park
Nature Reserve, à Santa Ana. Ils
sont venus ici pour accéder à un
autre monde, une autre époque.
Ils espèrent que leurs mots leur
permettront de faire surgir cet
univers oublié.
“C’est un bon endroit pour
cultiver une relation avec la
nature, notamment en utili-
sant la langue qui était autrefois
parlée ici”, explique le natura-
liste Joel Robinson, qui leur sert
aujourd’hui de guide.
Munro distribue une courte
liste indiquant, en anglais et en
tongva, les noms des espèces
animales et végétales indigènes.
Coiff és de chapeaux à large bord,
les étudiants suivent un étroit
sentier et commencent leur
chasse aux mots.

elles peuvent offrir de
telles prières à leurs ancêtres.
Virginia Carmelo était l’une
des premières étudiantes de
Munro. Elle se rappelle quelle
fut sa surprise lorsqu’elle apprit
l’existence de la langue tongva.
D’origine tongva et kumeyaay,
elle a été élevée dans le comté
d’Orange et n’a aucun souvenir
d’avoir entendu sa famille parler
le tongva.
À la fi n de l’atelier, Carmelo
et une autre participante ont
demandé à Munro si elle accepte-
rait de continuer de leur donner
des leçons. Elles ont commencé
à se réunir une fois par mois à
San Pedro et le groupe s’est pro-
gressivement élargi.


Deux cultures. Carmelo,
69 ans, continue d’assister
aux cours et y emmène désor-
mais ses quatre petits-enfants.
“Connaître les diff érents aspects de
notre culture tribale nous permet de
renforcer notre identité en tant que
peuple”, dit-elle. Tina Calderon,
qui se décrit elle-même comme
étant d’ascendance gabrieliño-
tongva et chumash, a commencé
à suivre les cours en 2017. Elle y
assiste avec son petit-fi ls.
D’après elle, le tongva est bien
plus qu’un moyen d’honorer ses
ancêtres : c’est un pont entre
deux cultures qui lui permet
de vivre simultanément à Los


SOURCE

LOS ANGELES TIMES
Los Angeles, États-Unis
Quotidien, 233000 ex.
latimes.com
Le géant de la côte Ouest. Créé
en 1881, c’est le plus à gauche
des quotidiens à fort tirage
du pays et le grand spécialiste
des sujets de société et de
l’industrie du divertissement.
Détenu par des Californiens
depuis l’origine, le titre est
racheté en l’an 2000 par le
groupe Tribune – propriétaire
du Chicago Tribune.

“Naavot, dit Robinson. Naavot
xaa maneema’. C’est un cactus à
fi gues de Barbarie.”
Tout le monde répète le mot
et la phrase.
“Paa’or”, dit-il en pinçant une
feuille de sauge. L’odeur qui s’en
dégage se répand dans le sentier.
Bientôt, les mots commencent
à f user.
“Sheveer”, dit Robinson en
désignant un platane d’Amérique.
Munro corrige la prononcia-
tion. “Le e de la première syllabe
se prononce è”, ex plique-t- elle.
Les élèves participent et les
mots circulent librement.
Un chien, “ woshii’”, s’approche
du groupe.
Un chardonneret volète dans
les broussailles.
“Paaxarengar cheyuu’”–
“L’oiseau tournesol”–, dit un
membre du groupe.
Les étudiants s’arrêtent devant
un panneau pour lire au sujet de
l’écureuil terrestre de Californie,
ou Spermophilus beecheyi, nommé
par John Richardson en l’honneur
de Frederick William Beechey,
un explorateur et officier de
marine britannique du début
du e siècle.
Ils cherchent l’équivalent
tongva. L’un d’eux montre un
lézard du doigt.
“Chiruuko’”, disent-ils.
Le groupe fait une pause sous
un chêne, ou “wiit”.

“Mon grand-père
disait qu’il était
Mexicain, seule façon
qu’il avait de trouver
du travail.”
Tina Calderon, QUI SUIT
DES COURS DE TONGVA

19 ← Certains élèves y grimpent et
prennent la pose pour une photo.
Joe Calderon, le mari de Tina,
sort un hochet-calebasse et com-
mence à chanter. Il tape du pied
et se balance légèrement en répé-
tant les paroles.
“Taamet pakook.” (“Le soleil
se lève.”)
“Huunar kii.”(“L’ours
approche.”)
À 14 heures, les étudiants sont
de retour sur le parking.
“‘Aweeshkore xaa”, dit l’un
d’eux, et les autres hochent la
tête : “Nous sommes heureux.”
—Thomas Curwen
Publié le 9 mai

Free download pdf