Cœur qui bat à tout rompre, souffle
court, peur de mourir – les symptômes
d’une crise de panique surgissent sans
prévenir. Le plus souvent, les patients
croient faire une crise cardiaque.
Environ une personne sur trois serait
victime d’une crise d’anxiété au moins
une fois dans sa vie. Chez environ 4 %
de la population, cela se transforme en
un trouble panique.
Lorsque nous ressentons des émo-
tions comme la colère, la joie ou la peur,
une zone de notre cerveau appelée
amygdale entre en action ; chez les
patients souffrant de troubles anxieux,
elle est hypersensible. Et ses neurones
s’emballent lors d’une crise de panique,
ce qui a été observé en IRM chez des
patients en pleine crise.
AMYGDALE HYPERSENSIBLE,
CORTEX PRÉFRONTAL AMORPHE
Le cortex préfrontal joue également
un rôle prépondérant dans l’anxiété.
Cette zone antérieure de notre cerveau,
généralement impliquée dans les prises
de décision et les résolutions de pro-
blèmes, se mobilise dans les situations
anxiogènes en ralentissant l’activité de
l’amygdale. Mais chez les patients
souffrant de troubles anxieux, elle ne
parvient pas à jouer ce rôle de frein.
D’où l’idée de réduire la panique et
l’anxiété en stimulant le cortex préfron-
tal. Nous avons testé cette possibilité en
activant le cortex de patients « pani-
queurs » par une technique dite de sti-
mulation magnétique transcrânienne
répétée. Une bobine électrique, attachée
à leur crâne, stimulait certaines zones de
leur cerveau par des impulsions électro-
magnétiques. Et de fait, ce traitement a
réduit les symptômes d’anxiété.
Que se passe-t-il
quand on panique?
LA RÉPONSE DE
PETER ZWANGER
Directeur de l’équipe de recherche Angoisse et dépression à l’université de Münster, en Allemagne.
À présent, nous essayons de savoir
si les patients peuvent surmonter leurs
peurs plus rapidement en recevant une
stimulation magnétique en plus d’une
thérapie comportementale. Celle-ci
leur apprend à soulager leur anxiété
par des pensées apaisantes. C’est effi-
cace pour les troubles anxieux, mais
après un certain délai, et nous pensons
que stimuler le cortex préfrontal pour-
rait accélérer les bénéfices.
La question de savoir si les crises de
panique naissent dans le cerveau ou sont
provoquées de l’extérieur et s’accom-
pagnent simplement de changements
neuronaux n’a pas encore été suffisam-
ment clarifiée. Il est fort probable que
plusieurs causes y concourent : en plus de
la susceptibilité génétique, certains sys-
tèmes de neurotransmetteurs dans le cer-
veau semblent déséquilibrés. Par
exemple, la concentration de l’agent
anxiolytique GABA (un neurotransmet-
teur inhibiteur naturellement produit par
l’organisme) est réduite chez les patients
atteints d’un trouble panique. De plus, la
propre personnalité du sujet, le stress
vécu ou des expériences particulières
comme le décès d’un être cher jouent cer-
tainement un rôle important. £
Les neurones
de l’amygdale
s’emballent,
on ne peut plus
les retenir...
PSYCHIATRIE
87 VIE QUOTIDIENNE^ La question du mois