Elle N°3844 Du 23 Août 2019

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23 AOÛT 2019


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a[vait] dû manquer de cadeaux ». Oui, bon, admettons. Je restais
convaincue qu’il aurait suf fi à Thom de m’ écouter un peu plus pour
viser juste. « T’es en crise, ma grande. Ça n’a rien à voir avec lui,
poursuivit Régis. Il t’aurait offert un concert de Bob Dylan que tu
aurais été tout aussi mal. C’est l’âge! » Et je suis repartie ce soir-là,
moi, ma crise et mes quarante piges, dans ma petite chambre
d’hôtel, sans demander mon reste, ébranlée dans mes certitudes.
Après des soirées à gamberger et à regarder des séries débiles,
je suis retournée chez nous. J’avais la sensation d’être partie des
années. Thom était dans le salon. Il était beau. Il écoutait Bob Dylan
et me demanda si j’avais l’heure, pour rire. Je me sentais apaisée
même si tout n’était pas réglé. J’avais une furieuse envie de me réa-
liser, d’être moi. Je ne savais pas trop comment y parvenir mais je
savais avec qui, même si ça impliquait que je reçoive des cadeaux
pourris toute la deuxième partie de ma vie. Encore que...
Aujourd’hui, deux ans plus tard, je serais bien triste de perdre ma
montre bling-bling. Il n’y a pas une journée où je ne l’ai pas au
poignet. Comme quoi, tout le monde peut se tromper!

personne, mais au contraire crier au monde, à moi la première, qui
j’étais vraiment. Je ne le supportais plus, lui, ses réflexions, sa foutue
montre, ses histoires de boulot et même son parfum. Il fallait que
quelque chose change. C’était vital.

AU BORD DE LA RUPTURE
J’ai profité que notre fille parte en vacances un mois chez ses
grands-parents et j’ai filé, brisant le cœur de Thom au passage. J’ai
pris le premier hôtel un peu cool à Montmar tre. J ’avais toujours rêvé
d’y vivre. Jusque - là, tous mes amis avaient abondé dans mon sens
après cette histoire de montre et les doutes dans lesquels cela
m’avait plongée. Tous, sauf un, Régis, qui m’invita à dîner en bas de
mon hôtel. « Enfin, ce n’est pas parce qu’on fait des cadeaux ratés
qu’on n’aime pas la personne! » Selon lui, mon mari ne savait pas
offrir, « c’est comme ça », il n’avait pas cette empathie-là. En faisant
la rétrospective de ses cadeaux foireux, nous avons constaté qu’il
avait besoin de se ruiner pour faire plaisir. Régis, psy, fit tout de suite
le parallèle avec l’enfance modeste de Thom, où « justement il
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