Elle N°3844 Du 23 Août 2019

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23 AOÛT 2019


ELLE.FR 45


ELLE MAG / PORTRAIT


À quoi mesure-t-on l’envergure hollywoodienne d’une
actrice qu’on s’apprête à rencontrer? À la fébrilité de ses
attachées de presse, entre autres. Avec celles d’Alicia Vikander,
Suédoise de 30 ans courtisée par les grands studios américains
autant que par le cinéma indépendant, on a échangé plus d’une cin -
quantaine de mails pour un rendez- vous qui a changé de lieu trois fois.
Ce devait être à Londres. Puis « quelque part en France », nous a-t-on
mystérieusement indiqué –la belle passait, en fait, ses vacances au
Pays basque. Ce fut finalement à Paris, au bar Hemingway du Ritz,
s’il vous plaît, que la maison Louis Vuitton – dont Alicia Vikander est
l’égérie – avait privatisé spécialement pour l’interview. Alors, on
s’attendait à voir débarquer une créature altière et vaporeuse, aux
lunettes fumées, tout auréolée de son statut de star oscarisée (meil-
leur second rôle féminin en 2016 dans « Danish Girl »), avec qui
briser la glace ne serait pas chose facile. Tout faux. Voilà un petit
bout de femme guillerette et sans façons, aux joues hâlées par le
soleil des Pyrénées, qui nous claque deux bises direct. Au serveur
tiré à quatre épingles qui lui apporte, avec son Coca Light, un tout
petit verre d’eau, elle lance, hilare : « C’est un shot de vodka? Vous
vous êtes dit que j’avais l’air d’en avoir besoin, c’est ça? »
Cette Ingrid Bergman de la génération Y nous plaît et nous amuse.
Mais sa carrière, ce n’est pas de la rigolade. C’est, très vite, du lourd

et du sérieux. Ça démarre en 2010 dans quelques petites produc-
tions suédoises, ça embraie avec « Anna Karenine » en 2012, face
à Keira Knightley, ça s’emballe lorsque « Agents très spéciaux » et
« Jason Bourne » (aux côtés de Matt Damon) la propulsent héroïne
de films d’action, tandis que sa popularité explose en 2018, quand
elle succède à Angelina Jolie en Lara Croft, l’aventurière sexy de
« Tomb Raider ». Cet automne, sur Netflix, on se laissera embarquer
par « The Ear thquake Bird », un long - métrage st ylé en forme de thriller
quasi psychanalytique, où son personnage, une Scandinave expa-
triée au Japon, « une fille sombre, solitaire, singulière, dont le film
explore les tréfonds », décrit - elle, se retrouve accusé de la disparition
de son amie et rivale amoureuse. L’occasion pour le réalisateur,
Wash Westmoreland, de décortiquer tout ce que « culpabilité »,
réelle ou ressentie, veut dire. L’occasion pour Alicia de déployer toute
une gamme d’expressions, yeux narquois levés au ciel, froncements
de sourcils douloureux, demi-sourires pleins de sarcasmes...
Parfois, et on ne l’en blâme pas, la comédienne adopte la langue un
chouia consensuelle des VIP américaines. L’ambiance sur le plateau
de « The Earthquake Bird »? « Tellement super, avec tellement de
gens géniaux derrière et devant la caméra... » Et d’affirmer que « c’est
dans ces moments-là, quand vous croyez en un film et que vous par-
tagez cela avec des personnes qui vous inspirent, que vous

SUPER


HÉROÏNE


AUSSI À L’AISE DANS UN BLOCKBUSTER QUE DANS


UN FILM D’AUTEUR, L’ÉGÉRIE LOUIS VUITTON, QUI SERA À L’AFFICHE


DE « THE EARTHQUAKE BIRD » CET AUTOMNE, A LE FEU SACRÉ.


DE SON ADOLESCENCE DE DANSEUSE À SES ROAD TRIPS AVEC SON MARI,


MICHAEL FASSBENDER, CONFIDENCES À BÂTONS ROMPUS.


PAR THOMAS JEAN RÉALISATION MARINE BRAUNSCHVIG PHOTOGRAPHE MARK SELIGER

ALICIA VIKANDER

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