Elle N°3844 Du 23 Août 2019

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SOPHIE STEINBERGER


ELLE.FR 9


On ne sait pas pour vous, mais pour nous l’été a été très
Rihanna. Tout a commencé en mai dernier, avec le lancement de sa
nouvelle marque Fenty (son nom de famille), en collaboration avec LVMH,
faisant d’elle la première femme noire à diriger une maison de couture et
donnant l’occasion au « New York Times »* de commencer son interview par
cet te question peu banale : « Pourquoi collaborer avec LVMH alors que vous
êtes aussi puissante, si ce n’est plus? » Puis, il y eut en juillet le feuilleton
« recherche appartement » : la star, à en croire la presse people, aurait
fait le tour des agences immobilières à Paris pour trouver un pied-à-terre,
se décidant finalement pour le 16e arrondissement, toujours plus branché.
Riri titi? On adore l’idée. Enfin, début août, alors que l’Amérique pleurait les
victimes de deux tueries, à El Paso et à Dayton, dont une commise par un
suprémaciste blanc, Rihanna corrigeait Trump, qui aurait très intentionnelle-
ment oublié le mot terrorisme dans son tweet : « Heu... Donald, tu as mal écrit
“terrorisme”. Ton pays vient de subir deux attaques terroristes d’affilée faisant
presque trente morts. Et ça, quelques jours après une autre attaque terroriste
en Californie, où un terroriste a pu légalement acheter un fusil d’assaut
(AK-47) à Vegas, puis conduire pendant des heures jusqu’à un festival en
Californie où il a tué six personnes dont un jeune bébé! Imagine un monde
où il est plus facile d’obtenir un AK- 47 qu’un visa! Imagine un monde où ils
construisent un mur pour garder les terroristes en Amérique! »
Longtemps, on a perçu Rihanna comme la fille cool qui twerkait sur le pont
d’un yacht avec un verre à la main. Elle est désormais la preuve que l’on peut
tout être à la fois : artiste, militante et femme d’affaires – à 31 ans et avec
600 millions de dollars, elle est la chanteuse la plus riche au monde. Mais
aussi le nouveau gourou d’une génération où l’on se refuse à être assigné
à une identité, où l’on veut embrasser chaque facette, couleur, contour de
sa personnalité. « Rien en moi ne m’embarrasse », a coutume de dire la star,
mi Karl, mi Oprah, devenue la face lumineuse d’une société « post-
vergogne » (expression employée pour désigner les politiques de Donald
Trump, Boris Johnson, Matteo Salvini, etc.). Bref, on ne sait pas pour vous,
mais pour nous la rentrée sera Rihanna ou ne sera pas. ■
* « T Magazine », supplément du « New York Times », 19 mai 2019.

RIHANNA


MANIA


PAR MARION RUGGIERI
GRAND REPORTER

SEMAINE DU 23 AU 29 AOÛT 2019


L’ÉDITO DE ELLE

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