Vélo Tout Terrain N°247 – Septembre-Octobre 2019

(Sean Pound) #1
aux morsures. Cette vallée reculée et alpine
du Queyras semble n’avoir jamais été
“humanisée”. Et pourtant... Plus haut se
trouvent d’anciennes mines d’amiante utilisées
il y a bien longtemps. On y trouve également
un long canal de plusieurs kilomètres.
Complètement recouvert désormais, il offre un
petit sentier qui nous facilite bien la tâche pour
traverser cet immense pan de montagne. Les
anciens n’avaient pas peur de se tuer au travail.
Comment imaginer venir creuser un tel ouvrage
à une telle altitude avec des pelles et pioches?
Je pense que les pierres que nous croisons
doivent renfermer de sacrées histoires. Tout
au bout, le sentier bifurque franchement.
Nous changeons de vallée et de versant. Après
30 mètres, nous gagnons le passage technique
du col de la Crèche. Le sentier descend à travers
une brèche rocheuse. Le passage est raide,
étroit, jonché de marches et se termine par un
virage en fort dévers qui n’a qu’une envie : vous
éjecter dans les pierres. Négocier ce passage
demande une bonne maîtrise de sa vitesse et de
son freinage. Il ne faut surtout pas s’emballer
sous peine de se placarder... Une fois cette zone
passée, le trail est un roller coaster formidable.
Il virevolte dans les alpages, puis offre des runs
exceptionnels dans la forêt. Des grands bouts
droits précédant des virages fermés... Autant
dire que les freins sont soumis à rude épreuve...
Plus bas, nous croisons une famille avec un âne
qu’elle a loué plusieurs jours. Les enfants sont
ravis. Nous échangeons quelques mots puis
poursuivons notre descente jusque dans la

prairies. Nous croisons la bergère et ses
moutons... Mais aussi ses patous beaucoup
moins sympathiques! J’avoue ne pas porter
dans mon cœur ces chiens au cerveau plutôt
limité qui n’ont toujours pas compris que nous
ne sommes pas des loups. Vu leur gabarit, ils
représentent d’ailleurs un danger, surtout pour
les enfants. Heureusement, nous échappons

(^92) Découverte |Le Queyras
d’habitude, les échanges sont courtois. Nous
poursuivons notre descente. Elle ne présente
pas de difficulté particulière, mais le sentier,
étroit, traverse de grandes pentes très raides.
La chute est interdite, sous peine de finir 200 m
plus bas dans un sale état. C’est souvent ce qui
caractérise la montagne, les dangers sont
parfois indirects. Une trace facile peut traverser
une zone dangereuse, et c’est bien souvent là
que les accidents arrivent. Un moment de
relâchement ou de mauvaises évaluations et
c’est la chute dramatique. A froid, alors que
nous venons de descendre à peine cinq
minutes, il faut bien rester lucide. La descente
est magnifique, le sentier joue dans les alpages.
La magie du Queyras se met en route. Après
quelques chalets, le sentier entame une très
longue traversée. Les passages exposés
s’enchaînent... Il faut redoubler de vigilance.
Nous frôlons des ravins, des précipices, des
barres rocheuses. Bien sûr, ces passages dégagés
nous offrent les plus belles vues possibles sur
la vallée. Nous venons à bout, sans encombre,
de ce premier trail.
En montagne, méfiez-vous
des patous, ces gros chiens
peu sympathiques qui
gardent les troupeaux...
Pour la suite, nous prenons la direction du col
de la Crèche. Là aussi, nous laissons notre
véhicule sur le parking, dans les alpages. Il nous
reste encore un bon bout à grimper à travers les

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