Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1

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Sri Lanka, l’autre pays de la panthère | Alain Fournier


Lorsqu’onévoquele léopard,ons’imagine
le félinarpentantlesvastesplainesafri-
caines.Il setrouvequecelui-ciestprésent,
dansdifférentessous-espèces,surune
bonnepartieduglobe.Detouslesfélidés,
le léopardpossèdel’airededistributionla
plusvaste,s’étendantdepratiquement
toutel’Afriqueà toutel’Asie.
UnebelleconcentrationévolueauSri
Lanka,surtoutsi l’ontientcomptedela
superficiedupaysquireprésenteunneu-
vièmedela France.Lechoixdecette
contréeinsulaires’imposenaturellement,
toutcommeceluid’articulermonséjoursur
deuxparcs,Yalaausud-estetWilpattusur
la côtenord-ouest.
Avantdem’envolerendirectiondela
capitale,j’intègrequelesdernièresétudes
dénombrentenviron 800 spécimens.Par
conséquent,la panthèreduSriLanka
(Pantheraparduskotiya), endémiqueau
pays,estinscritesurla listerougedes
espècesmenacées.
Premierjour.Jeregardelespâlesinertes
desmini-ventilosdésuets,accrochés
au-dessusdessiègesduvieuxbusqui
m’éloignedeRekawa,lorsquedefines
gouttescommencentà tapisserle
pare-brise.Leshaltesinterminablessesuc-
cèdent.Pourquelquesroupies,onpeut
s’étoufferdansunlargeéventaildebiscuits
secsauxpaquetsfluorescents.Leskilomè-

Ci-dessus–


Yala,le jourdéclineau“bloc5”.L’îleoffre
unrichepaneld’écosystèmescomposé
dezoneshumideset désertiquesauxfo-
rêtsintertropicalestrèsarboréesà celles
tropophiles,plussèches.


CanonEOS7DMarkII, 500mmSigmaf/4,5
à f/7,1,1/1250s, 10000ISO


Pagedegauche,enhaut–


Unelonguefocaleestnécessaire
dansla mesureoùle farouchefélin
estsouventdissimulédansl’environne-
mentdensedeYala.
CanonEOS7DMarkII, 500mmSigmaf/4,5
à f/4,5,1/1000s, 10 000 ISO,-1/3IL


Pagedegauche,enbas–


Yala.Premièrerencontreinoubliable.
Unmâlepeutmesurerjusqu'à1,90m
et peserdansles 50 kilos.Lafemelle
estmoinsimposante.


CanonEOS7DMarkII, 500mmSigmaf/4,5
à f/6,3,1/4000s, 800ISO,-1/3IL


tres s’estompent, me rapprochant de Yala
et de mon rêve de léopard.

Yala, première rencontre
Le saut du lit s’effectue à 4 heures du
matin afin d’essayer d’obtenir la pole posi-
tion à l’ouverture du parc, deux heures plus
tard. De bruit et de fureur, impression
amère de se retrouver dans un Mad Max.
J’observe dubitatif les engins motorisés
partir à l’assaut des lieux potentiellement
stratégiques. Course effrénée, noyée sous
des nuages de poussière, où le touriste
passera sans voir les paons, sublimement
impassibles, se dessiner dans le cercle
ocre d’une aube soyeuse.
Qu’il est bon de contempler, loin des co-
hortes de véhicules, le soleil qui frise sous
la brise qui ondule. D’entendre le bruit des
branches grincer sur la carrosserie et l’air
du petit matin ô combien vivifiant fouetter
ma peau. C’est souvent quand l’aurore
pointe son nez que la panthère pointe le
sien. Durant la journée, elle devient une
forme évanescente où l’œil aguerri pourra
la surprendre à travers le feuillage dense
d’un arbre ou assoupie sur le sol, ne lais-
sant deviner que quelques taches. Les
heures s’effilochent sous un soleil féroce.
Imaginant la venue d’une panthère, mes
yeux se perdent dans ceux mélancoliques
des langurs gris. L’intégralité de la matinée
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