Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1

Nat’Images


Ci-contre–
Wilpattu. La patience est de rigueur.
La plupart du temps, on choisit un
point d’eau à distance raisonnable
et l’affût s’effectue à bord du 4x4
entièrement ouvert.
Canon EOS 7D Mk II, 500 mm Sigma f/4,5
à f/5,6, 1/800 s, 3200 ISO, -1/3 IL

Page de droite –
Wilpattu. Instant rare, dans les
dernières lueurs, où une femelle
et ses deux jeunes cherchent
à s’abreuver.
Canon EOS 7D Mark II,
100-400 mm Canon f/4,5
à f/5,6, 1/1250 s, 3 200 ISO, -2/3 IL

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passéesurdeuxtrousd’eauserévèlein-
fructueuse.Aprèsunrepasfrugal,nous
voilàrepartis,laissantà leursfacétiesles
macaquesà toque.
Peuavant 15 heures,dansunjeud’om-
bresenmaldelumière,quelquesrosettes
selaissentdevinersurunboutdepelage
fauve.Monpoulss’accélère.J’aidûmalà
contenirmonenthousiasme.Lefélinest
dissimuléparunenchevêtrementvégétal
impénétrable.Aprèsdesminutesagrémen-
téesdeprièresintérieures,unimposant
mâlesortdesaretraite.Endépitdema
bouchedesséchée,demapeaurecouverte
depoussièreorangéeetd’unetempérature
flirtantavecles35°C,unfrissonmepar-
court.Il traverseavantdes’éclipserdans
l’exubérantevégétation.Uneminutes’est
écoulée...L’attentepeutsemblerdispro-
portionnéeparrapportà l’apparitionfugi-
tive,maisle jeuenvautla chandelletant
l’émotionestintense.
D’autresrencontresseprésenteront,tou-
joursaussifugaces.Quecesoitaudétour
d’untaillisouà proximitéderochesméta-
morphiquesdel’èreprécambrienne,oùje
surprendraile félinentraindesedésaltérer.
L’immenseparcYala(972km^2 ) peutseré-
véler paisible, secret, notamment sur le
“bloc 5”, plus petit et intime que les quatre

légers mouvements, il incline sa tête de
gauche à droite. Sa queue, à la manière
d’un gouvernail, bouge légèrement au
rythme de son pas. Ses pattes glissent
dans un silence feutré. Il s’immobilise
derrière un bosquet, ne laissant distinguer
que d’obscurs anneaux. Quelques minutes
plus tard, se libérant de son masque de
feuilles, il avance lentement. Prudent.
Il se rapproche. Il vient boire. Ses griffes
rétractiles aussi aiguisées que des lames
brillent comme de l’ivoire dans la lumière
qui décline.
L’humide chaleur de la journée s’affaiblit.
Un vent léger se lève. Ce solitaire aux
mœurs et aux origines méconnus s’est
déjà évanoui. Impression d’une éternité ac-
cordée où, durant une poignée de se-
condes, nous nous sommes retrouvés les
yeux dans les yeux. 18h30. Le soir tombe
vite. Quelques lucioles viennent danser sur
le manteau de la nuit.

En route vers Wilpattu
De ville en ville, de bus en bus, la mu-
sique languissante s’accorde à la lenteur du
trajet et me rapproche du nord. Je som-
nole. Un air de flûte me tire définitivement
de ma torpeur et me renvoie à la moiteur du
climat tropical.

autres.Surla trentainedeléopardsestimés
dansla réserve,trèspeusontobservés.Je
prendsle risquedefairechoublancmais
debénéficierd’unebelletranquillité.Le
nombredevéhiculesy estrestreint.
Megrisantdessenteursforestières,je
lorgneimpassiblequelquesguêpiersqui

batifolent,unelibelluleaubec.Aprèsune
journéeà attendrele fauveplusqu’àle
chercher,soudainil apparaît.Princeparmi
lesprinces.Souple.Discret.Reptilien.Pra-
tiquementinvisible,tellementsarobese
fond dans l’environnement. Ses pas sont
mesurés, ses sens toujours en alerte. En de

Voir une panthère,


c’est aussi débusquer


les signes de présence.


Repérer son camouflage,


même s’il est toujours


difficile de saisir


l’insaisissable.



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