Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

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Nat’Images

Zonehumidela plusvasteduglobe,

le Pantanals’étendsurprèsde

190 000 km^2. Cetterégionà chevalsur

le Brésil,la Bolivieet le Paraguay

abritel’unedesplusfortesdensités

animalesdela planète.Lapopulation

decaïmansduPantanal,essentielle-

mentcomposéedecaïmansà lu-

nettes(Caimancrocodilus), estéva-

luéeà environ10 millionsd’individus,

cequienfaitla plusgrossepopulation

mondiale.Lesspotsoùilsserassem-

blentennombrenemanquentpas,

surtoutensaisonsèche.

Lescrocodilesétantpeuillustréset

souventreléguésausecondplan,j’ai

eu enviederendrejusticeà cescréa-

turesd’unautretemps,quenousne

Ci-dessus, à gauche–

En saison sèche, le Pantanal offre des

lumières spectaculaires. Les jacinthes

d’eau créent, à elles seules, tout un éco-

système.

Canon EOS 5DSr, E F 1 6 - 3 5 m m L f / 4 I S à 3 3

mm, f/11, 1/40s, 320 ISO

Ci-contre–

Entrouvrir la gueule favorise

un mécanisme de thermorégulation

par évaporation de l’humidité buccale.

Canon EOS-1DX Mark II, EF 600 mm IS II +

multiplicateur 1,4x, soit 840 mm, à f/5,6,

1/800 s, 640 ISO

pouvons nous empêcher d’assimiler à

des monstres préhistoriques. Or, du

point de vue phylogénétique, aussi

surprenant que cela puisse paraître,

les crocodiliens sont plus proches des

oiseaux que de leurs cousins les lé-

zards! Grâce à la génétique, la systé-

matique a beaucoup évolué ces der-

nières années. Mais les spécialistes

débattent toujours sur le statut des

caïmans à lunettes du Pantanal

comme sous-espèce voire comme

espèce à part entière.

Justice pour les caïmans

Les caïmans, ou jacarés comme on

les appelle ici au Brésil, sont bel et

bien des prédateurs. Leurs rangées

de dents proéminentes disposées le

long de deux mâchoires longues et

puissantes, leur affection pour le

milieu aquatique, leur aspect préhisto-

rique et féroce les placent dans l’ima-

ginaire collectif au même rang que les

requins : des créatures hostiles, agres-

sives, dangereuses... des mangeurs

d’Homme. Il est vrai que les croco-

diles du Nil, largement répandus en

Afrique, ou les crocodiles marins

d’Océanie peuvent se montrer

particulièrement redoutables. Mais ce

n’est pas le cas des jacarés. Il s’agit

d’une espèce plutôt timide, dont la

taille n’excède guère 2,5 m et qui ne

s’attaque pas à l’être humain. Cepen-

dant, comme tous les animaux, ils

peuvent protéger un territoire ou

défendre un lieu de nidification.

D’où l’importance d’apprendre à les

connaître avant de les approcher.

Dans les eaux du Pantanal

Pour photographier les jacarés, j’ai

choisi d’aborder le Pantanal par le

nord, dans sa partie brésilienne. La

Transpantaneira, une piste de latérite

rouge, s’étire sur 145 km et franchit

111 ponts entre Pocone et Porto Jofre

où elle s’achève brusquement face

aux rives du Rio Saõ Lourenço. Je

voulais réaliser des clichés qui les

mettent en valeur, pris à leur hauteur,

c’est-à-dire au ras de l’eau. Les 3

caïmans étant courts sur pattes et la

plupart du temps couchés sur les

berges ou bien dans l’eau, il fallait

absolument 3 placer l’appareil photo au

plus bas pour éviter un point de vue

en plongée qui aurait complètement

écrasé le sujet. Pour cela, il n’y avait

pas cinquante solutions : il fallait se je-

ter à l’eau. Au sens propre. 3 C’est donc