Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1

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muni d’un cuissard (plus pour éviter
les éventuelles piqûres de punaises
aquatiques que les morsures de
caïman) que j’ai pénétré les eaux
sombres et les ai approchés.

À l’approche
Les caïmans à lunettes sont d’un
tempérament plutôt farouche. Car ce
sont les proies de nombreux autres
prédateurs. Jaribus d’Amérique, hé-
rons et aigrettes n’hésitent pas à s’at-
taquer aux nouveaux-nés. En grandis-
sant, ils doivent encore faire face aux
loutres géantes et aux anacondas. Et
même à l’âge adulte, ils ne sont pas à
l’abri de l’attaque surprise d’un jaguar.
La chasse est interdite dans le Panta-
nal. L’être humain ne fait donc pas
partie de ses prédateurs dans cette
région. En dehors du parc, c’est une
tout autre histoire. S’ils ne sont géné-
ralement pas agressifs envers
l’humain, il faut quand même rester
prudent à l’approche des femelles
qui surveillent les œufs qu’elles ont
enterrés jusqu’à leur éclosion.
Une approche très patiente et
discrète est nécessaire pour pouvoir
réaliser des portraits dans leur milieu
naturel. Mais malgré tous mes efforts,
aucun mouvement n’échappe à leur
vision perçante. Mon cuissard me
permet de m’immerger dans l’eau
jusqu’au torse ; je progresse en restant
au maximum dissimulé derrière les
paquets de jacinthes d’eau qui flottent
un peu partout et se déplacent parfois
au gré du courant. Le chapeau est
indispensable pour ne pas cuire sur
place, mais il aide aussi à se dissimu-
ler en cassant la silhouette humaine.
La progression est lente. Il faut se
frayer un chemin parmi la végétation
aquatique sans connaître le relief du
fond, totalement masqué par l’eau
brune. J’ai d’ailleurs bien failli mettre à
l’eau tout mon matériel de prise de
vue une fois ou deux... En général,
j’évite de lever les pieds et les fais
glisser précautionneusement pour
limiter tout remous et écarter le risque
de marcher sur une raie venimeuse.

Courageux mais pas téméraire
Certains caïmans, de nature cu-
rieuse et qui m’observent depuis ma
mise à l’eau, n’hésitent pas à se rap-
procher pour venir voir l’intrus de plus
près! Mais au moindre geste de ma
part, au moindre signe de danger, ils
disparaissent aussitôt dans les eaux
sombres. Parfois, l’un d’eux, dont les
yeux émergent à peine de l’eau, par-
faitement dissimulé dans la végétation
aquatique, invisible jusqu’à la dernière
seconde, s’enfuit brusquement dans
un fatras d’éclaboussures à quelques

Femelle de martin-
pêcheur vert
(Chloroceryle ame-
ricana). Le Panta-
nal compte pas
moins de 500 es-
pèces d’oiseaux :
un paradis pour
ornithologues.
Canon EOS-1DX Mk
II, EF 600 mm IS II +
1,4x, soit 840 mm,
à f / 5 , 6 , 1 / 8 0 0 s ,
320 ISO

La loutre géante
(Pteronura brasi-
liensis) est en
compétition
directe avec le
caïman. Elle doit
souvent défendre
son butin face
aux caïmans
opportunistes.
Canon EOS-1DX Mk
II, EF 600 mm IS II, à
f/4, 1/1250s, 400 ISO

Ce jaguar en
maraude est à la
recherche d’une
proie. Les
caïmans font
partie intégrante
de son régime
alimentaire et il
n’hésite pas une
seconde à se
mouiller pour les
capturer.
Canon EOS-1DX Mk
II, EF 600 mm IS II,
à f/4, 1/1250s,
10000 ISO

L’anaconda intè-
gre les caïmans
dans son régime
alimentaire. Réci-
proquement, les
jeunes serpents
sont victimes des
caïmans.
Canon EOS 5DSr,
1 6 m m , f / 1 1 , 1 / 2 0 0 s ,
100 ISO, flash
radiocommandé,
boîte à lumière
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