Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1

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Jacarés, une histoire d’eau | Pierre Vergnaud


centimètres de moi. Bien entendu, un
affût flottant serait plus confortable et
permettrait une meilleure approche,
mais en voyage l’encombrement d’un
cuissard est beaucoup plus facile à
gérer. Mais je travaille sur cette idée...

La question du matériel
Compte tenu du tempérament
farouche des caïmans, l’utilisation
d’une longue focale, de préférence
supérieure à 400 mm, est impérative.
J’utilise le fabuleux 3 Canon EF 600 mm
f/4L IS II USM parfois accompagné
d’un téléconvertisseur x1,4, le tout
monté sur un boîtier reflex à capteur
24x36 (Canon EOS-1DX Mark II).
Et je n’hésite pas jouer avec le filtre
polarisant monté à l’arrière du
600 mm pour supprimer (ou non !) les
reflets. Nul doute que les dernières
versions allégées des téléobjectifs de
la marque sont plus faciles à utiliser
dans de telles conditions. L’ensemble
est monté sur une tête pendulaire
Benro supportée par un monopode
Gitzo série 2 à quatre sections en car-
bone. Sa large base rotative en caout-
chouc est un réel atout, tant par sa
stabilité sur sol meuble que par la

fluidité supplémentaire qu’elle apporte
pour le suivi des sujets.

Les paramètres
de prise de vue
Je travaille presque toujours en
mode priorité à l’ouverture (Av). Ici,
je choisis la plus grande ouverture
possible, f/4 avec le 600 mm ou f/5,6
lorsque je monte le téléconvertisseur
x1,4. Une grande ouverture permet au
sujet de bien se détacher du fond et
du premier plan souvent très proche.
Elle permet également de préserver
une faible montée de la sensibilité en
fin de journée, lorsque les plus belles
lumières illuminent les marais de
teintes douces et chaudes.
Cependant, pour les portraits
serrés, je peux fermer le diaphragme
jusqu’à f/11 pour m’assurer une pro-
fondeur de champ plus importante qui
couvre le bout de la gueule jusqu’aux
yeux. Par défaut, j’applique une sous-
exposition de -2/3 IL afin de préserver
au mieux les hautes lumières. Le mo-
nopode et le système de stabilisation
de l’objectif permettent de descendre
à des vitesses de l’ordre du 1/500 s

sans trop de pertes, dès lors que le
caïman est immobile.

Quand photographier
les caïmans?
C’est en saison sèche que l’on
observe les plus grands rassemble-
ments autour des points d’eau
résiduels. Les mois de juillet, août et
septembre sont donc recommandés.
Mais les caïmans sont présents toute
l’année... Le second avantage de la
saison sèche, ce sont les fabuleux
couchers de soleil et la splendide lu-
mière dorée qui s’étire en fin d’après-
midi. Idéale pour la photographie, elle
apporte chaleur, douceur et relief aux
cuirasses des caïmans qui profitent
des derniers rayons sur les berges.
Fort de mon expérience, j’accom-
pagnerai en 2020 un groupe de pho-
tographes lors d’un stage/safari-photo
au cœur du Pantanal. L’occasion pour
les stagiaires de photographier les
caïmans au plus près et de découvrir
la faune sauvage de cette région dans
toute sa diversité.

Pierre Vergnaud
http://www.pierrevergnaud.com

Le Pantanal,
c’est également des
ambiances sonores
saisissantes,
notamment à l’aube
et au crépuscule,
ainsi que des
scènes inondées de
lumières chaudes
et vaporeuses.
C a n o n E O S - 1 D X M k I I ,
EF 600 mm IS II,
à f/4,5, 1/2000 s,
100 ISO

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