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Scène de désolation : tout est parti en fumée...
Et pourtant, il suffit de quelques minutes pour voir réapparaître
la vie, de quelques jours pour constater les premières repousses
et de trois ans pour atteindre une biodiversité maximum. Bruant des roseaux
Pilulaire à globulesnaire (GEREPI), la mise en place d'une
équipe permanente et de plans de gestion,
les modes traditionnels ont été remis au
goût du jour en fonction des zones, des
milieux et des espèces : pacage de bétail sur
les prairies humides du nord et coupe ma-
nuelle à proximité de la ligne haute tension
qui borde la réserve. Mais au vu des intérêts
du brûlis dirigé et de la topographie acciden-
tée des lieux, cette pratique est devenue le
mode de gestion principal.
Une opération sécurisée
Le brûlis est très encadré réglementairement
et techniquement. Après avoir été définies
dans le plan de gestion, les zones à brûler
sont délimitées et un pare-feu est préparé
l'hiver précédent. Une fois les autorisations
administratives obtenues, le brûlage est
réalisé à l'automne par le personnel de
GEREPI et le SDIS (service départemental
d'incendie et de secours).
La technique utilisée est celle du contre-feu
périmétral. On commence par brûler le bord
du pare-feu et de la parcelle en faisant face
au vent, le feu est ainsi freiné et avance len-
tement. Les deux brûleurs partent ensuite en
sens opposé afin d'encercler la parcelle. En
brûlant le tour, cette technique permet
d'élargir le pare-feu, c'est-à-dire la zone
tampon entre le brûlis et le reste de la
réserve, et ainsi d'éviter les risques de
débordement du feu. Lorsque tous les côtés
“face” au vent sont sécurisés, l'allumage du
dernier tronçon, sous le vent, est réalisé,
l'embrasement est alors souvent spectacu-
laire. Le front de flammes avance plus vite,
avec des hauteurs impressionnantes, et
dégage une colonne de fumée visible à plu-
sieurs dizaines de kilomètres. Le feu s'éteint
de lui-même lorsque ce front rencontre
celui, moins rapide, allumé face au vent.
Le chantier est toujours encadré par les
pompiers. Une équipe spécialisée dans le
brûlage dirigé coordonne le chantier et en
assure la sécurité jusqu’à l’extinction com-
plète du feu.Un sujet photographique en soi
Le résultat “aérien” est particulièrement im-
pressionnant avec la destruction d'une grande
partie de la végétation et malheureusement de
quelques animaux encore en vie en automne et
n'ayant pas la capacité de fuir, mais l'impact de
la température est minime voire nul sous les
pierres, dans les terriers et dans les mares.
La vie reprend donc vite ses droits après le
passage de ce feu courant. Les différentes
études réalisées montrent une biodiversité
maximale au bout de trois ans.Photographiquement, le brûlis dirigé est
riche en occasions de déclencher: de la
préparation du chantier au suivi de la
recolonisation en passant par le déballage
du matériel des pompiers, l'allumage,
la sécurisation du site.
Le brûlis dirigé n'est pas une exclusivité du
Pinail, il est donc possible de découvrir ce
type de chantier ailleurs en France mais c’est
une activité strictement réglementée, non
sans risques. Je finirai donc par quelques
conseils de bon sens : il est bien sûr primor-
dial de connaître les lieux et le déroulement
du chantier ; les brûlages sont interdits au
public pour des raisons évidentes de sécu-
rité, il est donc indispensable de prendre
contact avec les gestionnaires et/ou les
pompiers pour obtenir une autorisation,
pour voir les possibilités d’activités photo-
graphiques (proposer de fournir quelques
clichés en échange me semble tomber sous
le sens) et les consignes à respecter ; ne
jamais rester seul (avec la chaleur, un
malaise est toujours possible) ; se couvrir
intégralement en évitant le synthétique, tout
ce qui est inflammable ; prévoir une grande
quantité d'eau à boire ; et enfin penser à
tourner le dos au feu régulièrement pour
“aérer” et refroidir votre matériel car la
chaleur rayonnante est impressionnante!Pinail : havre de biodiversité au cœur du Poitou | Laurent Bourdin