Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1
Imaginez que pour faire découvrir
la forêt tropicale on se contente de
montrer le toit de la canopée! Ne
serait-ce pas un peu réducteur?
Et pourtant c’est souvent le cas avec
les rivières. Les gestionnaires pré-
sentent de belles photos de la sur-
face des eaux et de la forêt rivulaire.
Le tour est joué, voici le cours d’eau!
Or la majeure partie des éléments
de biodiversité liés aux milieux aqua-
tiques se trouvent sous la surface du
miroir. Il ne faut pas non plus ignorer
la valeur patrimoniale des paysages
propres à chaque biotope immergé.
La photographie subaquatique en
eau douce offre une nouvelle vision
de ces territoires.

Des tritons
à l’ombre des pandas?
Durant la première partie de ma vie
professionnelle, j’étais chargé de
communication et de formation au
sein de différentes fédérations dépar-
tementales pour la gestion et la
protection des milieux aquatiques. Il
m’arrivait ponctuellement d’intervenir
dans des écoles afin de présenter la
biodiversité liée aux eaux douces. À
cette occasion, j’ai découvert que les
enfants connaissaient particulière-
ment bien les animaux de la savane
africaine mais étaient incapables de
reconnaître des espèces communes
dans leur village. Une tanche, un bro-
chet, un gardon, un triton ne faisaient
pas le poids culturel d’un lion, d’un
ours blanc ou d’un sympathique
panda! En effet, rares sont les des-
sins animés qui utilisent nos espèces
indigènes comme héros. Et trouver
une peluche à l’effigie d’un crapaud
commun relève du défi!
Que font les parents pour sensibili-
ser leurs enfants à leur patrimoine
naturel? Bien souvent rien! Le cours
d’eau est réduit à un terrain de jeu
pour le kayak ou d’autres activités
aquatiques ludiques. Le lien ances-
tral avec la rivière, entretenu par les
générations passées se délite douce-
ment. La pêche, qui permettait cette
transmission de l’amour des rivières
par les anciens, se perd face à la
multitude d’offres de loisirs. Ainsi
finit-on par ne plus voir la rivière que
l’on longe chaque matin.

Première immersion
Fort de ces constats, j’ai débuté la
photo subaquatique en 2009. Équipé
au départ d’un compact débrayable
en mode manuel, je suis rapidement
passé au reflex numérique en cais-
son étanche. L’idée était de réaliser
des images valorisantes des espèces

Elsewhere
En explorant un bras du
Drac, une rivière de l’Isère,
j’ai eu la surprise de décou-
vrir ce tableau impression-
niste. Le vent est à l’origine
de ce phénomène. Il a
soulevé des minuscules
particules, créant ainsi
cette brume très rare.
La bande transparente au
centre de l’image est due à
la décantation de ces
éléments de la première
couche d’eau, juste sous
la surface.
Nikon D7000, Tokina 10-17
mm, à 14 mm, f/5,6, 1/320 s,
250 ISO, caisson Hugyfot


Danse dans la rivière
Potamots photographiés
en pose longue afin de
retranscrire le mouvement
hypnotique de ces plantes
hydrophytes.
Nikon D7000, 10-24 mm, à
13 mm, f/16, 1,7s, 100 ISO
filtre ND8, filtre polarisant,
caisson Hugyfot


Ripisylve
L’Alsace autrement.
Nikon D7000, 10-17 mm,
à 10 mm, f/14, 0,6 s, 160 ISO,
caisson Hugyfot


Magique
Une de mes premières
immersions. Transporté par
cette scène hallucinante,
j’en ai oublié de faire l’image
! Il a fallu que je plonge à
nouveau...
Nikon D7000, 10-24 mm,
à 10 mm, f/5, 1/125 s, 160 ISO,
caisson Hugyfot

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