Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1

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Pleins feux sur les odonates | Valentin Faivre


monté dessus. Une difficulté apparaît
immédiatement : la visée. Comme je
fais face au soleil, la lumière est très
forte, même si je ne vise que les
reflets dans l’eau. Je tente d’utiliser
le Live View, mais la réactivité
nécessaire et la difficulté à faire la
mise au point (malgré le Focus pea-
king) m’obligent à revenir au viseur
optique, avec des lunettes de soleil.


Pour compenser, je peux compter
sur le comportement extrêmement
prévisible des caloptéryx. Il ne faut
que quelques dizaines de minutes
pour que ces demoiselles s’habi-
tuent à ma présence et viennent
même se poser sur moi ou sur le
pare-soleil de l’objectif. De plus, leur
technique de chasse est plutôt
basée sur l’attente que sur l’action.
Posées sur un rocher ou un végétal
proche ou au-dessus de l’eau, elles
attendent qu’un petit insecte volant
passe à proximité. Elles décollent
immédiatement, l’attrapent et se
reposent souvent au même endroit.
Après quelques tests, les vitesses les
mieux adaptées se tiennent entre le
1/4 000 s et le 1/8 000 s. Je choisis
de me mettre en mode Manuel, car
mon ouverture ne changera pas : ce


sera la plus grande possible. Malgré
les neuf lamelles arrondies, il suffirait
de fermer un tout petit peu pour que
les flares perdent en rondeur. La sen-
sibilité, comme prévu, sera la plus
faible possible. La mise au point est
délicate. L’autofocus est incapable
d’accrocher les yeux du zygoptère
que je vise, malgré la très grande
taille de ces derniers. Je désactive
donc l’AF et règle la mise au point
selon la taille du sujet que je sou-
haite. J’avancerai d’avant en arrière
pour corriger. Encore une fois, les
demoiselles se reposant au même
endroit avec une surprenante exacti-
tude, la correction sera très faible, de
l’ordre du millimètre.

Situation finale
De retour à mon domicile, face à
l’écran de l’ordinateur, je comprends
que le rendu dépend grandement de
la distance de mise au point. Une
grande distance (et donc un sujet
petit) me donne un bokeh classique.
Mais l’inverse est beaucoup plus
intéressant : cela ressemble presque
à du lightpainting! Il est même possi-
ble de jouer sur les zones sombres
ou claires, ou sur les formes, selon la

Le rendu fait
penser à du light-
painting. Pourtant,
aucun traitement
lourd n’a été
appliqué à cette
image, très
proche du fichier
Raw d’origine.
Nikon D800,
150mm f/2,8 APO
Macro, à f/4,5,
1/4000 s, 200 ISO

puissance du courant du ruisseau.
Un courant très faible donne un reflet
du soleil presque parfaitement circu-
laire. Un courant très fort produit des
formes plutôt linéaires. Les reflets
étant très localisés, il est également
possible d’isoler le sujet dans une
zone très claire ou au contraire très
sombre. Le post-traitement sera
simple : je m’en tiens à un recadrage
dans quelques cas (carré ou 2x1), à
une légère accentuation et parfois à
une retouche exploitant la dyna-
mique (en éclaircissant les ombres).

Valentin Faivre
http://www.vfaivrephotographe.fr
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