Nat Images N°57 – Août-Septembre 2019

(やまだぃちぅ) #1

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Les forêts enchantées | Nathalie Annoye


Depuismesdébutsdansle mondedela
photonatureetanimalière,je mesuistou-
jourslaisséguiderparmoninspirationet
masensibilité.Aufil dutemps,j’aiexploré
lesmilieuxnaturelslesplusvariés,avec
unenettepréférencepourleslieuxanciens
etmystérieux,oùnaissentleslégendes.
Ceuxquitransportentl’imaginaireetper-
mettentdes’évaderd’unesociétéunpeu
compliquéeetsuperficielle.
Lestourbièresetleursreliquesglaciaires
m’ontoccupéequelquesannées,etdepuis
environtroisanscesontlesforêtsan-
ciennesauxquellesj’essaiederendrehom-
mage.Tourbièresetforêtssontparailleurs
trèsproches.À peineséparéespar
quelquesboulaiesdetransition...
Dansunsilenceprofondetapaisant,j’ai
longuementrecherchécesambiancesmys-
tiquesetféeriquesafindem’imprégnerde
leurmagie.Etc’estdanslesvieillesforêts
queje lesai trouvées.Cellesquel’homme
a décidédeneplusexploiter,laissantles
arbresvieillir,puiss’éteindreettomberde
manièrenaturelle.Lesoldela forêts’enri-
chitdeboismort,couvertdemousseavec
lesannées.Commeautantderefugespour
lespetitsanimaux,lesinsectes,etpeut-
êtreleselfesetlesfées,allezsavoir...

Ci-dessus –


Le jardin des ours
Canon EOS 6D Mark II, 17-40 mm f/4L
à 17 mm, f/11, 0,6 s, 100 ISO


Page de gauche –


L’arbre sorcier
Canon EOS 6D Mark II, 17-40 mm f/4L
à 17 mm, f/8, 0,4 s, 200 ISO


Dans la forêt, le temps s’arrête
La forêt, c’est un autre monde. Celui du
calme et de la rêverie. On y entre avec res-
pect et humilité, tous les sens en éveil. On
écoute les craquements, les chants des oi-
seaux, le vent léger dans les feuillages, on
respire et on lâche prise, enfin...
Mes sorties démarrent avant le lever du
jour. Je commence par une séance bien lu-
gubre, parfois brumeuse si la nature me fait
ce cadeau. Des moments qui m’ont valu
quelques petites frayeurs, notamment dans
les fameuses hêtraies cathédrales où je me
suis sentie comme aspirée par le noir pro-
fond du sous-bois. Mais j’adore les am-
biances sinistres et mystérieuses, alors il
faut bien donner un peu de sa personne
pour mieux les retranscrire en photo.
Très vite, la douceur du petit matin arrive
et je cherche d’autres compositions. Plus
délicates, plus rassurantes aussi. J’avance
à petits pas en observant chaque recoin de
forêt et toute la vie qui s’y trouve.
Je croise les écureuils, les pics qui tam-
bourinent et de nombreux autres oiseaux
déjà très actifs. Un chevreuil traverse au
loin, mais le portrait animalier ce sera pour
un autre jour.
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