Première N°499 – Septembre 2019

(Nancy Kaufman) #1

É


norme carton de
2017, le remake de
Ça, œuvre horri-
fique signée Stephen
King et déconseillée
aux personnes souf-
frant de coulrophobie,
a fait trembler le box-
office mondial telle
une secousse sismique.
Comme si personne,
ou presque, ne s’atten-
dait à un tel succès. Il faut bien dire que
très peu d’adaptations cinématographiques
du maître de l’horreur ont réussi à trans-
former l’essai, d’abord en collant de près à
l’œuvre originale et, ensuite, en proposant
un divertissement qualitatif et rentable. Aux
manettes de ce projet vu, au départ, comme
un énième remake : Andy Muschietti. Le
cinéaste argentin, réalisateur du creepy
Mama en 2013, n’était personne à Hol-
lywood. Depuis, c’est le golden boy de la
Warner Bros. Un créateur adoubé par la pro-
fession, qui réunit dans Ça : Chapitre 2 un
casting de choix emmené par James McAvoy
et Jessica Chastain. C’est le pari fou de cette
deuxième partie, transfigurer un film initia-
tique angoissant en un récit d’horreur pour
adultes. Sans trahir Stephen King, sans
décevoir les fans et sans fâcher Grippe-Sou.

PREMIÈRE : Le premier Ça a été un
succès phénoménal, avec 700 millions
de dollars récoltés. C’est plus que
n’importe quelle adaptation de
Stephen King. Ce sont des résultats
dignes d’un blockbuster.
ANDY MUSCHIETTI : Dingue, non? On se
doutait bien que ça allait marcher, mais on
n’aurait jamais pu imaginer à quel point.
C’était totalement inattendu. On a fait le
double des prévisions du studio!

Pourtant, les échecs des récents
films inspirés de l’univers de Stephen
King montrent bien qu’il ne suffit pas
de s’emparer d’un de ses livres pour
en faire un succès. Qu’est-ce que vous
avez réussi?
AM : On dit souvent que l’écriture de King
est totalement cinématographique, qu’elle se
prête bien au grand écran. C’est vrai, mais

c’est oublier qu’il se distingue aussi par des
ruptures de ton assez extrêmes. Il passe sans
sourciller de la comédie à l’horreur pure,
ce qui marche parfaitement dans ses bou-
quins mais qui devient une vraie gageure
quand il s’agit de l’adapter. Bon, je ne veux
pas trop nommer de films qui ont échoué
dans cet exercice... mais, par exemple,
Dreamcatcher, l’attrape-rêves a tenté une
adaptation littérale, du rire aux larmes en
passant par l’angoisse, sans parvenir au but
recherché. La parade, selon moi, c’est de se
© BROOKE PALMER - WARNERBROS focaliser sur l’humour et le développement


« STEPHEN KING

FAIT PARTIE

DE MON ADN :

EN TANT QUE

STORYTELLER,

J’AI BEAUCOUP

APPRIS DE LUI. »
ANDY MUSCHIETTI

émotionnel des personnages. Ça permet de
créer un lien avec le public tout en adoucis-
sant les changements de ton. Le plus dur,
c’est de trouver le juste milieu, de ne pas
aller trop loin. Dans mon cas, c’est totale-
ment instinctif parce que Stephen King fait
partie de mon ADN : en tant que storytel-
ler, et dans une moindre mesure en tant que
cinéaste, j’ai beaucoup appris de lui.

Vous avez discuté de cette suite avec
Stephen King?
AM : Oui, je voulais qu’il participe plus. Pas

Bill Hader, Jessica Chastain, James McAvoy,
James Ransone, Isaiah Mustafa et Jay Ryan

Les enfants de Ça
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