Première N°499 – Septembre 2019

(Nancy Kaufman) #1
Taylor dans le premier film]. On s’est battus,
on a demandé à sa mère de nous envoyer
des photos de lui petit : la ressemblance était
stupéfiante, ils avaient le même visage. Le
studio a dû rendre les armes.
AM : Après, les acteurs adultes ont dû faire
leur travail en observant les performances
des gamins, pour construire leurs person-
nages. J’étais intransigeant là-dessus.

Vos acteurs assurent que vous
multipliez les prises sur le tournage
et que vous dites souvent : « C’est
super, parfait. On recommence ! »
À quel moment êtes-vous satisfait?
AM : Ça n’arrive jamais.
BM : Si on le laissait faire, il ne finirait jamais
un film. Il continuerait pendant vingt ans.
AM : La vérité, c’est que plus on a d’images,
meilleur est le film. Et la seule raison pour
laquelle je n’en tourne pas encore plus, c’est
que le studio me coupe au bout de treize
heures de rushes. Plus on a de possibilités,

de nuances dans les performances, mieux
c’est. Si tu te retrouves en salle de montage
avec seulement deux prises, tu vas le regret-
ter. C’est une certitude. Et si vous demandez
son avis à un acteur, il vous dira évidemment
que sa meilleure prise était la deuxième.
Mais c’est faux! Ils n’en savent rien, les
acteurs. Il faut les pousser encore, et encore,
et encore. Quelque chose naît quand on fait
durer, quand on recommence. Je recherche
la pépite, ce truc génial qu’on n’avait pas an-
ticipé. Bon, je ne suis pas non plus David
Fincher, hein. (Rires.) D’ailleurs, je crois que
là, j’ai fait le moins de prises par scène de ma
carrière. Je dois être à quatre de moyenne.
BM : Mais c’est totalement faux! Tu es au
moins à dix!
AM : Si tu le dis...

Comment expliquez-vous le retour
en force de l’horreur depuis quelques
années?
AM : La vitalité du cinéma d’horreur a

toujours un lien avec l’actualité. L’horreur
est une soupape, il y a une tension dans la
vraie vie qui doit être évacuée d’une façon ou
d’une autre. Dans les années 50, c’était pro-
bablement la peur de la bombe atomique  ;
dans les années 70, la crise du pétrole...
Aujourd’hui, on vit dans une telle culture de
la peur qu’il est difficile de mettre le doigt
sur ce qui nous effraie. Les gouvernements
et les grandes entreprises nous bombardent
constamment de messages de chaos, de
catastrophes. Même s’ils n’en sont pas forcé-
ment conscients, les gens le ressentent. Je ne
veux pas survendre Ça : Chapitre 2, mais le
film parle justement de cette forme de mani-
pulation, du fait qu’on évolue dans un monde
où la peur est utilisée comme une arme pour
contrôler, diviser et générer des profits.
BM : L’autre explication, plus terre à terre,
c’est qu’avec l’avancée de la technologie, les
films sont visuellement de plus en plus so-
phistiqués. Ce qui rend certainement l’hor-
reur plus attrayante pour le grand public.

BILL DENBROUGH
Jaeden Martell/James McAvoy

ANDY MUSCHIETTI : « Je vous
accorde que James n’était pas
forcément le choix le plus
évident pour jouer Jaeden
adulte, mais je savais que son
talent allait lui permettre
de faire passer la pilule. Et
regardez son nez et sa petite
bouche : dans la structure,
son visage a beaucoup
de similarités avec celui
de Jaeden. »

EDDIE KASPBRAK
Jack Dylan Grazer/James Ransone


JAMES RANSONE :
« Jack a donné
à Eddie une
personnalité
différente de celle
du bouquin et de la
mini-série. J’ai dû
trouver comment
le faire évoluer tout
en restant
dans la continuité
de sa performance.
Toujours sur le fil,
jamais hystérique. »


WHO’S WHO?

Ils reprennent les rôles
tenus par les enfants dans
le premier Ça : le casting
du chapitre 2 passé au
crible. u PAR FRANÇOIS LÉGER

MIKE HANLON
Chosen Jacobs/Isaiah Mustafa

ISAIAH MUSTAFA : « Mike est le seul qui n’a
jamais quitté Derry. Contrairement aux autres,
il n’a pas oublié ce qui s’est passé avec Grippe-
Sou. Comme il n’a pas vraiment changé, j’ai pu
me baser sur l’interprétation de Chosen.
À ceci près qu’il n’arrête pas de ressasser
ses souvenirs et que... mince, c’est super dur
d’en parler sans spoiler ! »
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