vigilance que les deux expériences
s’étaient soldées par de lourdes défaites
électorales. « Le contexte social, écono-
mique et politique est radicalement
différent de nos participations précé-
dentes, nuance Philippe Defeyt, ancien
secrétaire fédéral du parti entre 1999 et
- Ce n’est pas à partir du passé qu’il
faut construire notre attitude dans ce
cas-ci. L’émergence des questions cli-
matiques et de la transition énergétique
et économique a tout changé, de même
qu’une prise de conscience plus grande,
à gauche, de la gravité de la paupérisa-
tion d’une partie de la population. Il faut
apporter des réponses à la hauteur de
ces enjeux. »
Les ruptures de fond du programme
d’un éventuel arc-en-ciel seront dé-
terminantes. Ecolo veut obtenir des
« points de basculement » pour enclen-
cher cette nécessaire transition. « Nous
sommes très attentifs au contenu de
l’accord, davantage que tous les autres,
insiste Christophe Derenne, directeur
d’Etopia, le centre d’études du parti.
Cela dit, il n’y a pas un grand enthou-
siasme à négocier, pas une grande fierté
quant aux perspectives. En 1999, nous
avions pu construire une rupture et
communiquer sur quelque chose de
très différent. Cette fois-ci, on avance
dans cette négociation avec l’idée que
l’on pourrait s’en retirer, malgré l’ur-
gence climatique. » Les discussions en
cours ne suscitent pas un engouement
démesuré. « En Wallonie, nous sommes
incapables collectivement de mettre en
œuvre de vraies priorités, estime Phi-
lippe Defeyt. La négociation de la note
coquelicot l’a confirmé : on n’a cessé de
rajouter des points, y compris des choses
affolantes. Cela ne s’est évidemment pas
amélioré avec l’ouverture des négocia-
tions au MR. Le résultat, c’est que l’on
se retrouve toujours avec le même petit
commun dénominateur. »
« Le PS et le MR ne comprennent pas
ce qu’est l’écologie politique, ajoute ce
chef de file bruxellois. Avant même
d’essayer de convaincre, il faut sans
cesse leur réexpliquer notre approche :
l’écologie politique, c’est une pensée de
la complexité, de la justice sociale... A
Bruxelles, Rudi Vervoort voulait mettre
“durable” à chaque paragraphe en se
disant que cela allait nous plaire, mais
cette notion date d’il y a vingt ans dans
la littérature scientifique. » Tant les
marches des jeunes, la campagne de la
jeune Greta Thunberg ou la canicule de
cet été témoignent de l’urgence. Mais
ce n’est visiblement pas assez. « Les
évolutions climatiques sont désormais
visibles, mais ce n’est pas encore une ca-
tastrophe, pointe Christophe Derenne.
En cas de guerre et d’interruption des
flux de pétrole, on est obligé d’agir et
d’accepter des dimanches sans voiture.
Nous n’en sommes pas encore là. »
Ce dilemme n’est pas facilité par les
relations personnelles. « Il y a désor-
mais un axe liégeois PS-MR qui rend les
négociations plus compliquées, pro-
longe le directeur du centre d’études.
Les relations interpersonnelles facili-
taient le dialogue au sein de l’axe hen-
nuyer PS-Ecolo (NDLR : Di Rupo, Nollet,
Magnette) et permettaient de se dire les
choses franchement. L’axe liégeois est
aussi celui qui a écarté Ecolo à la Ville
de Liège, sur fond d’exaspération causée
par le scandale Publifin. Sur le fond, cela
induit une volonté de défendre l’indus-
trie liégeoise de l’armement ou l’aéro-
port face à des écologistes considérés
comme des extrémistes. » « Il n’y a pas
d’enthousiasme au sujet de certaines
personnalités, ajoutent d’autres. Qui a
envie d’être dans un gouvernement avec
Jacqueline Galant ? Et il n’y a pas de re-
lation de confiance a priori entre les mi-
nistres potentiels, à part peut-être avec
Jean-Michel Javaux s’il devait monter. »
L’épisode de la fuite d’une note Ecolo,
début juillet, a ravivé des plaies béantes
liées à un manque de confiance chro-
nique au sein de l’ancien olivier.
Alors ? « Quand on analyse une déci-
sion, il faut se demander si elle est facile
et urgente à prendre, résume un nouvel
élu très influent. Participer est facile :
on nous demande et on n’a pas de grand
sacrifice à faire. Reste à voir si cette par-
ticipation peut se faire dans de bonnes
conditions : le PS veut de nous, mais
jusqu’à un certain point car s’il veut bien
d’autocollants verts sur la limousine,
la limousine ne doit pas devenir verte.
L’urgence ? Elle est évidente sur le plan
climatique, mais aussi démocratique,
avec cette une lame de fond de droite
populiste dans toute l’Europe. Cela né-
cessite des réponses. Mais on pourrait
monter maintenant et rater la possibilité
BELGIQUE POLITIQUE
➜
«QUI A ENVIE
D’ÊTRE DANS
UN GOUVERNEMENT
AVEC JACQUELINE
GALANT?»
Jean-Michel Javaux et
Isabelle Durant ont traversé
bien des bourrasques lors
des participations d’Ecolo
au pouvoir, en 1999 et 2009.